Miley Cyrus : que faut-il penser de son nouvel album, Something Beautiful ?

par Camille Bois-Martin, 

et Violaine Schütz.

Publié le 30 mai 2025. Modifié le 1 juin 2025.

Une Miley Cyrus qui assume son allure de diva

Depuis le début de sa carrière, Miley Cyrus cumule les personnalités. De son alter go Disney Hannah Montana à sa période country et ultra pop (The Time of Our Lives, 2009 ; Can’t Be Tamed, 2010 ; Younger Now, 2017) en passant par sa période “hip-hop” décriée (Bangerz, 2013), la chanteuse américaine explore les styles musicaux et vestimentaires, sans réellement trouver sa voie – si ce n’est avec le génial Plastic Hearts (2020), où elle parvient à poser sa voix puissante sur des sonotirés pop et rock.

Son dernier opus, Endless Summer Vacation (2023), pop et dance-pop, s’inscrit lui aussi parmi l’un des plus aboutis de sa carrière, confirmant ses talents de compositrice et d’interprète et imposant une image plus apaisée de son personnage.

Mais sur son nouvel album Something Beautiful, l’égérie du Gucci Flora et des lunettes Dolce & Gabbana ose les ambitions les plus folles. En effet, la chanteuse présente le projet comme un opéra pop rock. Mais aussi comme un album visuel laissant la grande part aux clips, nombreux et léchés. Et aux tenues de diva. Miley Cyrus apparaît ainsi dans de nombeuses pièces d’archives Mugler, à la fois sexy et glamour.

Des chansons aux thèmes intimes

Côté esthétique, la chanteuse avoue également avoir été influencée par le réalisateur Panos Cosmatos. Et, si Miley Cyrus a envisagé dans un premier temps, adapter le film en comédie musicale, ses échanges avec le réalisateur Panos Cosmatos ont finalement nourri l’univers visuel de Something Beautiful, sur lequel ce dernier collabore. Un film accompagnant l’album sortira en juin 2025.

La star a particiulièrement aimé son film d’horreur Mandy (2019), notamment pour le rôle d’amoureux brisé et assoiffé de vengeance interprété par l’acteur Nicolas Cage. Un thème loin d’être étranger à Miley Cyrus, dont le tube Flowers ouvertement adressé à son ex-mari Liam Hemsworth s’est rapidement érigé en hymne à tous les cœurs brisés et en revanche amoureuse publique, dans le sillage de nombreuses autre pop stars…

La beauté, la mort, l’impermance, le chagrin d’amour et la destruction étaient annoncés comme des sujets majeurs du disque. Ce qui est sûr, c’est que Miley Cyrus semble aborder des thèmes très personnels sur l’album. Ainsi, dans More to Lose, elle chante : “Je dis que je pars, mais je ne fais que mentir / Car quand tu me regardes comme une star de cinéma dans un manteau usé / Ça me fait de l’effet.” Plus optimiste, elle célèbre un nouvel amant sur Easy Lover : “C’est dans ta nature / Pour m’illuminer / J’aime te détester / Mais je ne peux pas le supporter quand tu n’es plus là / Alors je t’appelle une fois toutes les heures”. Sur Something Beautiful, on retrouve d’ailleurs son petit ami, le batteur Maxx Morando.

L’album Something Beautiful, une version mainstream des Pink Floyd ?

Mais qu’en est-il de la musique ? Dans une interview au Harper’s Bazaar américain, Miley Cyrus expliquait qu’elle voulait renouer avec ses influences rock et prendre un virage musical plus drastique, en puisant notamment dans l’album culte The Wall (1979) de Pink Floyd…

Expérimental, cet opéra rock influence Miley Cyrus autant pour la composition des morceaux que pour l’esthétique de l’album. “Mon idée était de refaire The Wall, mais avec une meilleure garde-robe, plus glamour et rempli de culture pop” avoue-t-elle au magazine américain. Une exigence folle – se mesurer à l’un des albums les plus connus des quatre dernières décennies –, qui ne semble pas intimider l’artiste caméléon, plus confiante que jamais après les épreuves et les ratés de ces dernières années.

Mais musicalement, l’album s’avère au final très pop, alors qu’il invite en partie la crème du rock indé. On retrouve en effet au générique des personnalités aussi différentes que Brittany Howard (Alabama Shakes), Jonathan Rado (Foxygen), Flea (Red Hot Chili Peppers), Danielle Haim (Haim) et Naomi Campbell et coproduit par Shawn Everett (Alabama Shakes, Kacey Musgraves, The War on Drugs, The Killers, Julian Casablancas).

Un pas vers l’expérimentation pour Miley Cyrus ?

Miley Cyrus avait promis de s’adonner à l’expérimentation. Mais qu’en est-il vraiment ? On trouve, certes, sur Something Beautiful des interludes mais aussi aussi un morceau électro, psychédélique et symphonique intitulé Prelude, accompagné d’un clip très arty.

Hypnotique, le titre expérimental chanté en spoken word s’éloigne totalement de Flowers et de la pop mainstream pour lorgner du côté de David Bowie. Une belle surprise aux airs de prise de risque. Il y a aussi l’étonnant, jazzy, rock et avant-gardiste Something Beautiful. Accompagnée d’un clip glamour, la chanson alterne entre une mélodie calme et un passage plus déstructuré, comme échappé d’un film de David Lynch.

Mais Miley Cyrus n’oublie pas d’où elle vient (Disney Channel). Et le reste de l’album reste tout de même très mainstream et très commercial, avec des influences 80’s notables. Walk of Fame semble tout droit sorti du répertoire d’une Lady Gaga qui aurait fait carrière à l’époque du Top 50 et de Duran Duran. Et End of the World est calibré pour les rotations lourdes en radio. Tout comme le très kitsch et jouissif Every Girl You’ve Ever Loved, comme on imagine écouter en fête de Fashion Week.

On est, par contre, beaucoup plus ému par un titre comme le poignant Pretend You’re God, sur lequel la star fend l’armure pour se montrer vulnérable et authentique. Reste sa voix, toujours au sommet (comme son charisme). Miley Cyrus a révélé, dans un podcast d’Apple Music, le 21 mai, qu’elle souffrait d’un œdème de Reinke. Une maladie tendant à rendre sa voix de plus en plus grave et rauque. Sur Something Beautiful, elle n’a, cependant, jamais été aussi belle et profonde.

Something Beautiful de Miley Cyrus, disponible.