11 mar 2020

Qui est Yaeji, la nouvelle reine des raves coréennes?

Après deux EP remarqués, la productrice américano-coréenne Yaeji vient d'annoncer la sortie de “WHAT WE DREW 우리 가 그려 왔던”, sa toute première mixtape, prévue pour le 2 avril. Mêlant house rêveuse et hip-hop, ses productions l'ont menée des clubs underground de Brooklyn jusqu'à la scène légendaire de Coachella. 

Entre deux collines couvertes de verdure, enroulée dans un sac de couchage flottant au milieu d'un lac d’un bleu resplendissant, une jeune femme dort paisiblement avec son fidèle compagnon canin. La scène n’est pas tirée d’un film des studios Ghibli, mais du dernier clip de Yaeji, l’étoile montante de la musique électronique américano-coréenne. Depuis son premier EP sorti en 2017, cette jeune femme de 26 ans se fait peu à peu une place non-négligeable sur la scène internationale. 

 

Luxe, calme et volupté 

 

Productions downtempo et synthétiseurs feutrés font l’ADN de la musique de Yaeji. “Electro lounge”, c’est le nom que l’on a donné à son genre musical, sublimé par une voix douce, oscillant entre l’anglais et le coréen, qui résonne presque comme un murmure. Née en 1993, cette millennial grandit avec Internet qui lui permet autant de créer des amitiés que de faire des découvertes musicales. Après des premiers pas timides en tant que DJ, elle s’essaie, comme de nombreux producteurs en herbe de sa génération, au logiciel Ableton pour créer ses propres compositions. 

 

Sobrement intitulés yaeji et ep2, tous deux sortis en en 2017, les deux premiers EP de la Coréenne respirent la quiétude par leurs compositions narcotiques et mélodieuses. Kathy Yaeji Lee – de son vrai nom –, n'y cache pas ses inspirations house et hip-hop. Pour illustrer sa musique veloutée, la productrice accompagne ses morceaux de clips où règnent néons colorés et références à la culture coréenne. Ainsi, le clip de One Morese voit peuplé d'estampes, de bambous et de plats traditionnels du pays dégustés avec des baguettes.

Des clubs underground à Coachella

 

Bien que née dans le Queens à New York, Yaeji a passé son enfance entre les États-Unis, la Corée d’où elle est originaire et même le Japon, au rythme d’incessants allers-retours qui n’ont pas pris fin à la sortie de l’adolescence. C'est à Pittsburgh, en Pennsylvanie, que la jeune femme débute sa vie d’adulte en étudiant le graphisme à l’université Carnegie Mellon. Elle y entame sa carrière de DJ, d’abord dans des petites fêtes d’appartement, avant de revenir à New York en 2015, diplôme en poche. 

 

Après la sortie de son premier EP en 2017, Yaeji attire l’attention de Boiler Room. De New York, elle se met à mixer dans les clubs underground du monde entier, puis les festivals : en 2018, elle est de passage à Paris au festival We Love Green, après avoir séduit le public de Coachella en Californie. DJ confirmée, elle a récemment enflammé le coeur de Brooklyn avec une rave assourdissante. Organisée en décembre 2019, Elancia, comme l’a appelée Yaeji, rendait hommage à la communauté qui a vu la productrice progresser : “Elancia est ma lettre d'amour aux soirées, aux DJs et aux amis qui font de New York mon foyer. Quand je me suis installée ici, je sortais presque tous les soirs de la semaine. En dansant dans les raves de Brooklyn, j'avais l'impression de jouer à mon jeu vidéo préféré de mon enfance, Elancia.”

 

La carrière de Yaeji se construit également sur des collaborations avec des amis et des proches. En 2019, elle chante en trio avec les chanteuses Clairo et Charli XCX sur le titre February 2017, intégré au dernier album de cette dernière. Sa toute première mixtape WHAT WE DREW 우리 그려 왔던,  dont la sortie est prévue pour le 2 avril 2020, affiche des noms comme celui de la rappeuse de Brooklyn Nappy Nina et de l’artiste et performeuse londonienne Victoria Sin.

L’éloge de la simplicité

 

Inspirée par ses passages dans les clubs underground du monde entier, WHAT WE DREW 우리 그려 왔던 rendra hommage aux nombreuses collaborations de Yaeji, mais aussi à ses amis, sa famille et au soutien qu’ils lui apportent chaque jour. Conçue comme un concentré de gratitude, la mixtape a été annoncée par un premier single sorti aujourd’hui, WAKING UP DOWN

 

Dans un clip animé aux allures candides, Yaeji est représentée en compagnie d’un caniche humanoïde aux griffes peintes d’un vernis violet. Produite par Studio Yotta et développée par Annie Zhao et Yaeji elle-même, la vidéo est un message de motivation à la fois simple et touchant : “Je me suis réveillée / j’ai fait la cuisine / j’ai fait une liste et je l’ai exécutée”. Répétées comme un mantra, ces paroles, scandées sur un synthétiseur caoutchouteux, rappellent que parfois, le simple fait de se lever est une victoire en soi.