11 sept 2020

Qui est RMR, le mystérieux rappeur cagoulé ?

Avançant masqué sous une cagoule brodée à ses mystérieuses initiales, le rappeur américain préfère laisser la priorité à la musique plutôt qu’à sa personne. Cette année, il a surgi dans la lumière avec son titre “Rascal”, imposant un rap décalé plein d’autodérision et jouant volontiers sur le second degré.

RMR par Mark Peaced.

Le rappeur RMR voit le jour en 2020, quelque part entre Buckhead, Los Angeles, Atlanta et Inglewood. À la fois reconnaissable et méconnaissable, le chanteur américain couvre son visage d’une cagoule noire ne laissant entrevoir que sa bouche et ses yeux. Ornée de broderies dorées qui figurent aussi bien une croix, son nom de scène RMR que l’adjectif latin “imperfectus”, comme rappel de son humanité, cette cagoule est son laissez-passer sur la scène rap et country internationale. Un anonymat assumé qui permet à son public “de suivre la musique avant de suivre l’homme”, en accord avec son pseudonyme RMR, prononcer “rumor”… “Les rumeurs quant à mon identité continueront toujours à courir”, explique le rappeur, tandis qu’il déambule dans les rues de Calabasas en Californie.

 

 

En effet, le phénomène RMR ne passe pas inaperçu. Plus tôt cette année, le rappeur a dévoilé le titre Rascal, une ballade qui fusionne rap et country, directement inspirée du morceau Bless the Broken Road (2000) composé par le groupe country Rascal Flatts, qui lui vaut un succès immédiat, atteignant plus de trois millions de vues sur YouTube en quelques semaines. Délivrant vingt secondes d’une mélodie a cappella digne d’un film d’Harmony Korine, RMR enchaîne sur un délicat air de piano, écrin pour la voix puissante de celui qui n’a “chanté qu’une ou deux fois sous la douche”, comme se décrit le rappeur avec l’autodérision qui le caractérise. Contrastant avec la douceur de la mélodie, le clip vidéo le met en scène, toujours avec sa cagoule, fusil d’assaut à la main, paradant en gilet pare-balles griffé Saint Laurent Paris, entouré d’un groupe de gangsters pointant, eux aussi, leurs armes droit sur le spectateur.

Ce style pour le moins inattendu et décalé attire aussitôt l’attention des labels CMNTY RCRDS (“Community Records”) et Warner Records. De ce rapprochement naît, en juin 2020, le tout premier EP de RMR, dont le titre condense à lui seul cette fameuse ironie dont RMR fait sa marque de fabrique : Drug Dealing Is a Lost Art. Après le morceau d’ouverture, Welfare, l’EP déploie huit titres aux atmosphères très différentes. Tandis que les sonorités planantes de Silence relèvent de la complainte synth new age, Nouveau Riche lorgne plutôt vers la trap hip-hop façon Don Toliver, et I’m Not Over You, vers une country chantée teintée de rap. Un projet multidimensionnel et éclectique qui, selon RMR, “donne une idée de ce à quoi les artistes pourront ressembler dans le futur”. Abordant des thèmes tels que le trafic de drogue, l’amitié, l’amour ou encore le succès, le rappeur cagoulé revendique la “juxtaposition artistique” : “Je suis influencé par différents genres musicaux allant de la country au blues en passant par le jazz, confie-t-il. C’est sur ce socle inattaquable que s’appuie ma musique. À partir de ça, je pars où bon me semble, dans n’importe quelle direction, car, au bout du compte, tout n’est que musique.

 

 

Pour Drug Dealing Is a Lost Art, RMR s’entoure de grands noms de la scène hip-hop américaine. Côté production, on retrouve, entre autres, le manager The Do Betters et le producteur Mike Dean – qui a notamment travaillé avec Kanye West, Jay-Z, 2Pac, Travis Scott et The Weeknd – ainsi que le rappeur Timbaland. Ce dernier est à l’origine du titre I’m Not Over You et de deux autres morceaux pas encore dévoilés. “On a composé le titre I’m Not Over You de manière totalement spontanée. Je me suis rendu au studio avec les paroles, et Timbaland avait seulement le beat. Le morceau est venu tout seul. L’énergie était là, nous avons bâti et grandi là-dessus”, explique le rappeur.

 

 

Sur trois des morceaux de l’EP, on découvre également Lil Baby, Future, Westside Gunn et Young Thug au micro… quatre ténors de la trap et du rap américain, ayant vu en RMR une nouvelle interprétation de la vague country trap initiée en 2019 par Lil Nas X et son Old Town Road, qui, en collaboration avec Billy Ray Cyrus, a fait résonner les guitares folks aux quatre coins du monde. “Dans cet EP, j’ai vraiment voulu montrer que je ne suis pas un artiste unidimensionnel. Je voulais qu’il sonne différemment, qu’il y ait une diversité d’expériences, d’espaces et de dynamiques”, souligne RMR. Pari réussi à en juger par cette identité esthétique country trap unique, prônant un art pour l’art absolu et célébrant cette capacité inépuisable de la musique à faire émerger de la nouveauté. Un talent dont on attend la confirmation avec le premier album studio de RMR, prévu pour cette fin d’année.

 

 

Drug Dealing Is a Lost Art (CMNTY RCRDS/Warner Records) de RMR. Disponible.