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Qui est Mette, la chanteuse et danseuse adoubée par Pharrell Williams et Taylor Swift ?
Danseuse, chorégraphe, actrice et chanteuse, l’Américaine Mette a tout pour être la star de la pop de demain. Adoubée par Pharrell Williams, Margot Robbie et Jennifer Lopez, elle vient de sortir un nouveau single incendiaire, Bet et sera, fin juin, en concert en première partie de Taylor Swift à Londres. Portrait d’une étoile appelée à scintiller au firmament.
propos recueillis par Violaine Schütz.
Cela semble difficile à croire lorsqu’on la regarde, assise sur un tabouret, sublime avec son top rouge transparent, sa chevelure luxuriante et ses ongles de pieds vernis, dans une chambre d’hôtel parisienne (le Brach). Elle a quelque chose d’une icône du disco façon Diana Ross et Donna Summer, mais vêtue comme une jeune fille d’aujourd’hui, avec un jean tout droit sorti du revival Y2K. Mais pendant longtemps, Mette a vécu dans l’ombre de grands artistes.
L’Américaine originaire du Minnesota installée à Los Angeles et âgée de 33 ans a d’abord été danseuse professionnelle et chorégraphe. Elle dansait sur scène, durant quatre ans, lors des concerts de Pharrell Williams et dans le clip du morceau Lemon (2017) de N.E.R.D et Rihanna. Elle a effet fait partie de la fascinante troupe de danseuses du rappeur, The Baes, dès 2014.
Mette, une chanteuse et danseuse à suivre, adoubée par Pharrell Williams, Jennifer Lopez et Margot Robbie
Également actrice, Mette a joué dans Queens (2019) aux côtés de Jennifer Lopez et Cardi B. Une histoire de stripteaseuses qui se vengent de leurs riches clients de Wall Street en les arnaquant. On l’a vue aussi dans le film Cats (2019), dans The Old Guard (2020) avec Charlize Theron (qui conte le destin de mercenaires immortels), dans le blockbuster Barbie (2023) de Greta Gerwig, avec Margot Robbie. Autant de récits féministes qui célèbrent des femmes qui ne s’en laissent pas compter. Et qui ne se laissent pas enfermer dans un cadre ou un carcan.
Aujourd’hui, c’est en tant que chanteuse que Mette brille. Le choc a lieu en 2021, quand elle sort l’impeccable Petrified. Tout est là : la voix, le charisme, le rythme hypnotique, l’idée créative étonnante (elle apparaît tout au long du clip – qu’elle a dirigé – accrochée à un homme cagoulé, sur une moto). « Je pense qu’il s’agissait en grande partie de manifestation, nous confie Mette. Cela faisait presque deux décennies que je voulais vivre ce moment. Ce morceau correspond à la réalisation de deux décennies passées à rêver ce que ce serait d’écrire ma musique et de réaliser ma propre vidéo. Lorsque je dansais pour Pharrell, je l’observais constamment, tout comme son directeur créatif, au travail. Et j’ai pu voir sur les tournages de clips notamment, comment les artistes bossaient. »
L’artiste ajoute : « J’étais dans le studio, au moment de la création du morceau ESP (2017) de N.E.R.D pour y poser ma voix en tant que choriste. Et tout d’un coup, je me suis dit : « Ah, c’est comme ça que les gens font de la musique ! » J’ai assisté aux partages d’idées, à la façon dont les musiciens gardent la foi sans avoir aucune idée du résultat et sans savoir si la chanson sera un succès. Pourtant, quelque chose les incite à retourner en studio et à créer de nouveau ensemble. Cet environnement créatif m’a tellement inspirée. »
« Je suis une artiste, ce qui implique une certaine liberté, mais il y a parfois ce bras de fer entre la discipline et la liberté. » Mette
Jusqu’ici, Mette – qui a suivi des cours de théâtre, de sciences politiques et de cultural studies – confectionnait des moodboards, collectionnant les idées visuelles et les images tirées de films. Mais elle n’avait pas suffisamment confiance en elle pour se lancer dans la musique. Elle se sentait notamment freinée par le fait que, en tant que femme métisse, elle ne se trouvait pas assez reflétée dans le paysage de la pop.
Perfectionniste, cette petite fille de deux grands-parents ayant officié dans l’U.S. Army a pourtant persévéré. Sans doute parce que, comme elle l’explique, elle a « été élevée avec un certain niveau de discipline. » Elle détaille : « Vous voulez être fier de ce que vous faites, mais vous voulez aussi que les gens qui vous élèvent soient fiers de vous. La discipline qui m’a été imposée n’était pas d’aller à l’école pour devenir médecin. Je me souviens qu’en grandissant, je n’ai jamais eu l’impression que je ne pouvais pas devenir une artiste. Mes parents m’ont dit : « Va danser, fais ce que tu veux ! » Je rentrais de l’école et je me disais : « Je ne veux plus jouer du basson. Et j’ai arrêté. » On ne m’a jamais poussée à continuer à tout prix. »
Alors que sa mère est présente à l’hôtel Brach lors de notre interview, et qu’elle la regarde à la fois tendrement et avec fierté, Mette poursuit : « Il y avait donc un sentiment de liberté d’être et d’exister, mais en faisant un travail acharné. Je suis une artiste, ce qui implique une certaine liberté, mais il y a parfois ce bras de fer entre la discipline et la liberté. Et trouver cet équilibre dans ma vie d’adulte a été souvent été difficile à bien des égards. »
« Même si tu tombes, tu dois te relever et bouger encore. » Mette
Mette semble avoir travaillé d’arrache-pied pour en arriver là où elle est aujourd’hui : « J’ai vu mes parents (son père est ingénieur et sa mère comptable, ndlr) travailler dur, sans compter leurs heures et cela m’a vraiment marquée. Si vous voulez quelque chose, il va falloir y consacrer du temps, de l’énergie. Même si vous êtes fatigué, vous devez continuer. C’est la danseuse en moi qui parle, non ? (rires) Du sang, de la sueur et des larmes. La pression permet de façonner un diamant. Même si tu tombes, tu dois te relever et bouger encore. » Son mémoire universitaire, présenté en 2013, se nomme d’ailleurs « Life in motion. » Nietzsche écrivait : « Il faut porter en soi du chaos pour pouvoir mettre au monde une étoile dansante. » Et Mette n’a jamais arrêté de danser jusqu’à devenir une étoile.
Depuis la claque Petrified, la badass Mette a publié d’autres titres addictifs tels que Mama’s Eyes (2023), Van Gogh (2023) ou encore Bet (2024), dont la vidéo vient tout juste d’être dévoilée. On y voit deux versions de Mette : l’une se cache dans une voiture, inquiète, tandis que le décor tombe en ruine. L’autre danse « sous les bombes » et domine les éléments qui l’entourent. Elle analyse ces images ainsi : « La version de moi dans la voiture est celle qui est criblée d’anxiété et qui a peur face au monde extérieur et aux choses que je ne peux pas contrôler. Et la version de moi que vous voyez à l’extérieur en train de commander les éléments, de briser la Terre en deux et d’envoyer des éclairs avec mes mains, tel Zeus (avec des talons hauts), c’est la puissance que je ressens parfois. Quand je danse, que je joue et que je vis dans le vrai, je suis simplement débridée et n’ai pas peur d’être expansive. Deux personnes cohabitent en moi et l’une d’elles est incroyablement peu sûre d’elle car parfois, je n’ai pas envie de sortir et d’explorer le monde. »
Les morceaux de la songwriteuse Mette, réunis dans l’EP Mettenarrative (2023) sont à l’image de cette dualité. Ils mélangent une voix soul, presque gospel et très organique et charnelle à des mélodies électroniques syncopées taillées pour le dancefloor. La première parle à l’âme, tandis que les sonorités s’adressent directement au corps. « Je dirais que je fais de la musique pop à l’intersection de la dance, du R’n’B et du « Red Bull » sonore, avoue Mette. Le beat doit avoir du charisme. J’ai besoin que ce rythme soit puissant. Je dois avoir envie de bouger en entendant la prod. Mon corps est tellement impliqué dans la création de cette musique. Je suis vraiment inspirée par le mouvement de mon corps lorsque je suis en studio pour créer des morceaux. »
« J’aime m’aligner sur la masculinité qui existe en moi. Mais je sais que ce n’est pas la norme dans la pop de nos jours. » Mette
Toutes accompagnées de clips phénoménaux et ambitieux, les chansons de Mette résonnent comme des classiques instantanés à l’hédonisme contagieux, tout en émouvant par leurs paroles cathartiques et très personnelles (« I’m to blame, I gotta heal these scars on my own / I should learn to listen more, yeah, mother, I know »).
Sensuelle et athlétique, Mette impose dans ces vidéos et sur scène une féminité loin des canons actuels de la pop, entre musculature développée, douceur, force, beauté sculpturale et sens de la mode aigu. « J’ai grandi en étant amoureuse de Michelle Rodriguez. Et Joséphine Baker est l’une de mes premières influences. En fait, elle est tatouée sur mon bras. Son corps n’est pas habituel. Quand elle était juste vêtue de bananes, il se dégageait d’elle une sensualité puissante dans ses mouvements. Et puis, elle a aussi utilisé son humour. C’est pourquoi renforcer ma féminité avec d’autres choses est si importante pour moi. J’aime m’aligner sur la masculinité qui existe en moi. J’adore cette idée que je peux être souple et musclée. Mais je sais que ce n’est pas la norme dans la pop de nos jours. J’adore Janet Jackson qui avait ça, tout comme Madonna. »
Inspirée par Anita Baker, James Taylor, Chaka Khan, Pink Floyd, Lauryn Hill et The Delfonics, la chanteuse Mette possède tous les éléments pour devenir une pop star de premier plan. Et cela pourrait se concrétiser d’ici peu. Récemment, elle a performé aux Fashion Awards au Royal Albert Hall de Londres et s’est produite en première partie de Jessie Ware.
Un concert en première partie de Taylor Swift à Londres
Pourtant, le meilleur est peut-être à venir. Le 21 juin 2024, Mette jouera au stade de Wembley en première de la superstar Taylor Swift de Londres. Et dans la foulée, elle sortira un nouvel EP qui pourrait étonner. En effet, la chanteuse confie : « Depuis mon premier EP, j’ai vraiment pris encore plus confiance en moi, mais aussi en ma voix. On va vraiment m’entendre chanter. Avant, j’avais peur de ma voix. Je pense que j’avais ces faux récits qui se bousculaient dans ma tête me disant que je n’avais pas une voix pop typique. Maintenant, j’ai l’impression de posséder la force intérieure que ma voix intérieure m’a donnée. Et je n’ai pas peur de la partager d’une manière qui ne ressemble pas traditionnellement à une voix pop. Je crois que j’ai toujours atténué un peu la dureté et l’intensité ainsi que la musculature de ma voix. Sur ce nouvel EP, Il y aura aussi une ballade intitulée Tender Note. C’est probablement la chose la plus honnête et la plus sombre que j’ai jamais écrite et dite jusqu’ici. » Si ce que promet Mette s’avère véridique, on tient véritablement la star de la pop de demain.
Bet (2024) de Mette, disponible.