18 juin 2019

Plongez dans la pop mystique de Lafawndah

En mars dernier, l’artiste d’origine égypto-iranienne Lafawndah sortait Ancestor Boy, un premier album brillant. À l’occasion de son nouveau clip Daddy, découvrez l’univers mystique et envoûtant de cette musicienne inclassable.

Lafawndah sur la pochette de son album “Ancestor Boy” (2019). Photo : Mathilde Agius. Stylisme : Sharifa Morris. Coiffure : Sara Mathiasson.

Bienvenue dans l’impalpable et mystérieuse atmosphère du crépuscule. Dans ses obsédantes mélopées polyphoniques et déstructurées, la chanteuse Lafawndah chante des fables aux airs d’incantations dressant un décor entre chien et loup. Les éclats solaires se mêlent alors aux profondeurs de la nuit pour façonner la musique riche et contrastée de cette artiste d’origine égypto-iranienne. Symptôme de son goût pour l’expérimentation, son premier album Ancestor Boy, sorti il y a quelques mois, déploie l’essence mystique de son imaginaire poétique.

Reflet de sa propre vie, la musique de Lafawndah révèle un véritable brassage des cultures et des nationalités. Née à Paris, Yasmine Dubois, de son vrai nom, passe son enfance entre Téhéran et la capitale française, où elle apprend la flûte traversière au conservatoire. Plus tard, elle s’installe à New York mais reviendra à Paris pour ses études. Au fil du temps, elle s’intérèsse de plus en plus à la musique classique et à la musique folklorique orientale, particulièrement iranienne. Aujourd’hui basée à Londres, l’artiste s’exprime principalement en anglais, langue dans laquelle elle est le plus à l’aise, bien qu'elle maîtrise également très bien le français.

 

En 2016, son premier EP intitulé Tan édifiait déjà en quatre morceaux les fondations de son identité artistique. Avec inventivité et intelligence, Lafawndah y provoquait la rencontre des harmonies et percussions d’Orient avec la froideur métallique et les rythmes expérimentaux de l’électro occidentale. L’originalité de sa proposition aussi bien musicale que visuelle – l’artiste réalisant elle-même ses clips – lui permet notamment de faire la première partie de l’Américaine Kelela.

Mais en mars dernier, c’est avec la sortie de son premier album que l’artiste démontre véritablement l’étendue de sa créativité. Chronique intime aux frontières du conte, Ancestor Boy alterne les émotions et les intentions au fil de ses sonorités hybrides. Si plusieurs titres manifestent l’énergie de la joie ou de la colère, Lafawndah y appose la solennité et l’intimité de ballades tels que Joseph. En musique, ses récits expriment le décentrement d’une artiste en quête de sa propre identité. Peut-on se définir en créant ses propres mythes? Tel l’écho allégorique de sa propre expérience, l’album de Lafawndah s’adresse aux orphelins du monde.

 

Après Joseph et Substancia, Lafawndah dévoile aujourd’hui une troisième vidéo pour son titre Daddy. Immergée dans un obscur décor, l’artiste vêtue de blanc y retrouve sa propre mère, en danseuse de flamenco, avec laquelle elle entame un face-à-face chorégraphique. Dans ce ballet écarlate, leurs corps expriment alors toute l’ambiguïté entre le respect de la transmission et la rivalité mère-fille. Comme y chante Lafawndah : “Fear eats the soul, leaves a flavour. You don’t know what’s left inside” [”La peur dévore l’âme et y laisse une saveur. Tu ne sais pas ce qui y reste”]. De nombreux mystères qui gagneront encore, pour l’artiste, à être explorés.

 

Découvrez la vidéo de Daddy ici :