21 juin 2021

Mykki Blanco: l’insaisissable rappeuse queer dévoile son intimité

Personnage mutant, extravagant et résolument queer, Mykki Blanco a sorti, le 11 juin, son second album intitulé Broken Hearts & Beauty Sleep. La rappeuse, libre et libérée, y évoque sa sexualité et son besoin d’amour. 

”Broken Hearts & Beauty Sleep” de Mykki Blanco

Mykki Blanco a brisé les frontières de sa propre identité : sur scène, Michael Quattlebaum devient Mykki Blanco. “Ce n’est pas un alter ego, mais un nom de scène qui me permet d’exprimer toutes les facettes de ma personnalité. Mykki Blanco à la fois homme et femme, noir, juif et homosexuel”  lance la rappeuse à cœur ouvert. Elle préfère sauter entre les communautés, telle une itinérante, sans se ranger derrière les mots “homme” ou “femme”, qui sonnent, à ses yeux, comme des carcans. Ce qui l’importe, c’est d’être chanteuse. La jeune trentenaire, née en 1986, dans le comté d’Orange en Californie, apparait au début des années 2010 sur la scène musicale nord-américaine. Très vite, elle se réclame du mouvement riot grrrl (la révolution musicale punk rock féministe née aux USA, au début des années 1990) et du hip-hop. Car ce dernier représente un mode d’expression et de protestation pour les personnes issues des minorités. Mykki Blanco, tatouée d’un 1,80m, enfile un corset rose ou une chemise ample et s’empare de ce genre musical. En 2015, elle révélera être porteuse du VIH depuis 2011. Son crédo est simple : s’exprimer librement sur sa sexualité… et ses histoires d’amour.

La chanteuse américaine, que l’on avait quitté il y a quatre ans avec son album sombre et engagé Mykki, est de retour avec un nouvel opus de neuf titres intitulé Broken Hearts & Beauty Sleep, produit par FaltyDL. C’est une collection électrique de chansons d’amour, véritable thème de l’album dans un alliage de hip-hop, de R’n’B et de house, un univers sonore hybride à l’image de son personnage. Le processus créatif de ce projet débute à la fin d’une liaison amoureuse longue de trois ans. Une relation qui a fortement marqué l’esprit de la chanteuse : “C’était la guérison. C’est comme si Dieu avait fait entrer cet homme dans ma vie pour m’apprendre à mieux m’aimer. C’est grâce à l’amour qu’il me portait que j’ai pu réaliser que j’étais digne d’être aimée.” Dans Free Ride, sorti il y a deux mois, la rappeuse montre ici sa volonté de célébrer l’amour lors d’une cérémonie jubilatoire entre mariage et baptême : “J’ai voulu représenter la situation très réelle de deux êtres humains tombés amoureux, et ayant conçu un enfant sans pour autant avoir la même orientation sexuelle : ici l’amour est celui de la reconnaissance”, explique-t-elle sur son compte Twitter. Avec des inflexions de gospel euphorisant, l’artiste fait un pas de côté et délaisse les chansons oppressantes qu’elle proposait à l’époque de Mykki. Au milieu du disque, dans “Fuck Your Choices”, elle entre malgré tout dans une colère noire avec un discours acerbe sur un beat quasi industriel, telle une alarme hurlante. Bien qu’elle ne dure qu’une minute et demie, la chanson rappelle aux mélomanes que Mykki Blanco n’est pas seulement un rappeuse – c’est une personnalité kaléidoscopique, libre et libérée, qui incarne délibérément la culture queer afro-américaine.

 

 

Broken Hearts & Beauty Sleep de Mykki Blanco, disponible.