27 nov 2020

Miley Cyrus : produit mainstream ou véritable rockstar ?

L’ex-enfant star de Disney habituée à choquer l’Amérique puritaine Miley Cyrus est de retour avec son septième album intitulé “Plastic Hearts”. Une succession de morceaux plutôt réjouissante en hommage à la new wave des années 80 qui soulève une question pour le moins troublante : et si avant d’être une artiste pop formatée, Miley Cyrus était une véritable rockstar ?

Plus besoin de présenter Miley Cyrus, fille du chanteur de country Billy Ray Cyrus, devenue l’idole des cours de récréations des années 2000 en incarnant le personnage d’Hannah Montana dans une série Disney et sortant trois albums mielleux au carrefour des années 2010, avant d’entamer sa puberté avec fracas lors d’une prestation controversée au MTV Music Awards de 2013, où l’ex-enfant sage s’était lancée dans un twerk endiablé en se frottant au one-hit wonder Robin Thicke, avant de feindre une masturbation avec un gant en mousse géant.

 

Près de dix ans après avoir été choquée par l’apparition soudaine d’un téton lors de la performance de Janet Jackson au Super Bowl de 2004, l’Amérique puritaine avait alors une nouvelle fois fait mine de s’offusquer en multipliant les plaintes… tout en prenant soin d’écouter en cachette le fruit défendu : peu de temps après le scandale, les morceaux de Miley Cyrus ont mystérieusement commencé à prendre d’assaut le fameux classement Billboard américain, positionnant l’artiste en tête des célébrités ayant touché le plus d’argent en 2014 selon le magazine américain Parade. 

 

Au moment de présenter son nouvel album “Plastic Hearts”, l’icône choc cherche à se réinventer après le succès mitigé rencontré par l’opus précédent Younger Now (2017). Miley Cyrus est allée chercher l’inspiration dans le rock et la new wave des années 80, où des artistes hédonistes et transgressifs comme Depeche Mode, Frankie Goes to Hollywood ou encore Blondie triomphent dans les boîtes de nuit branchées à coups de gros riffs de guitare, de synthétiseurs et de boîtes à rythme. C’est en tout cas ce que laisse penser la pochette de Plastic Hearts, où la chanteuse apparaît peroxydée dans une esthétique rose néon sur fond noir indubitablement new wave. 

Et c’est d’ailleurs, dans un premier temps, ce qui fait l’originalité de cet album. Si l’on peut se désoler de voir le rock constamment tourné vers son passé tandis que le hip-hop explore des contrées musicales toujours plus futuristes, Miley Cyrus parvient à apporter une touche moderne au rock new wave, flagrante sur la reprise du tube intemporel Heart Of Glass de Blondie. Les morceaux Prisoner, en featuring avec Dua Lipa, Gimme What I Want, Midnight Sky, ou encore Night Crawling en featuring avec Billy Idol s’inscrivent dans cette lignée. 

 

Évincée à coups de gode-ceinture géant et autres tenues volontairement scandaleuses arborées sur scène depuis près d’une décennie, l’adolescente un peu niaise des années 2000 qui sommeille en Miley Cyrus tente tout de même de venir gâcher la fête sur les morceaux WTF Do I Know, Plastic Hearts et High, hommage aux productions rock-alternatif affreuses de P!nk ou d’Avril Lavigne, que le public mondial avait pourtant promis d’oublier. Fort heureusement, Miley Cyrus se rattrape en livrant une étonnante collaboration avec l’icône rock Joan Jett, à qui elle avait d’ailleurs rendu hommage en 2015, maquillant ses tétons des initiales “J.J” lors d’une soirée organisée pour les trente ans de l’institution Rock and Roll Hall of Fame. 

 

Alors que bon nombre d’entre nous semblaient avoir rangé définitivement Miley Cyrus dans la case des artistes mainstream, le très rock Plastic Heart met en lumière ce qui est peut-être une évidence depuis quelques années déjà. Miley Cyrus est une véritable rockstar. Si son univers musical reste malgré tout assez convenu et que ses frasques à répétition sont devenues la norme dans une industrie musicale qui cherche à faire fonctionner la planche à billets par tous les moyens, sa liberté d’entreprendre, son engagement en faveur de la cause LGBTQI+ et son combat pour la libération des corps forment un discours féministe d’empowerment – “donnez moi ce que je veux, où je le prendrai moi-même” peut-on entendre dans le morceau Gimme What I Want – qui semble être sincère, émancipé et donc : résolument punk. 

 

“Plastic Hearts” [RCA Records] de Miley Cyrus, disponible.