24 juin 2024

Les confidences de Mabel, star montante de la pop : “J’étais terrifiée à l’idée de devenir célèbre”

Fille de la chanteuse Neneh Cherry et du producteur Cameron McVey, la chanteuse Mabel poursuit son ascension dans l’industrie musicale et dévoile un nouveau titre : “Vitamins”. Interview.

Propos recueillis par Alexis Thibault.

Mabel – Vitamins (2024).

La chanteuse Mabel attire les foules devant Universal 

Une petite file d’attente s’est formée devant les locaux d’Universal, dans le Ve arrondissement de Paris. La pluie va bientôt arriver elle aussi, mais cela ne semble pas inquiéter les fans de Mabel McVey. La Londonienne se produit en showcase, le soir même, dans la salle de concert du label. Avant cela, elle enchaînera quelques rendez-vous avec la presse française. 

Mabel a 28 ans et compte déjà un EP (Bedroom, 2017) et deux albums à son actif (High Expectations, 2019 et About Last Night…, 2022). Elle craint l’obscurité. Raffole de Prince et de Michelle Obama mais n’écoute quasiment jamais de musique. Elle porte le nom d’Alabama Whitman, héroïne du film True Romance et loue le travail d’Azzedine Alaïa, le créateur disparu en 2017, qui avait dessiné la robe de mariage de sa propre mère. C’est donc le moment de préciser que Mabel McVey est la fille de Neneh Cherry, musicienne d’origine suédoise rendue célèbre par les morceaux Buffalo Stance (1988) et 7 Seconds avec Youssou N’Dour (1994). Quant à son père, il s’agit de Cameron McVey, compositeur et producteur britannique qui a notamment collaboré avec Massive Attack et Portishead. Aujourd’hui, ce n’est pas un album mais simplement un titre que Mabel défend, Vitamins, l’occasion de lui poser quelques questions…

Mabel et INJI – Look At My Body (2024).

La pop désarmante de la génération Pinterest

À Londres, dans sa maison familiale, il y avait un cerisier en fleurs. Cette demeure était l’endroit où tout le monde allait. Un quartier général aux portes ouvertes. Le lieu où les gosses se retrouvaient après l’école. C’est à ce moment qu’elle commence à écrire des chansons. Plus tard, elle décrira sa musique comme suit : “une pop désarmante mêlée à un R’n’B ludique.” Lorsque elle a enfin trouvé la suite d’accords idéale, elle puise aussitôt dans les notes de son smartphone qui contient des paroles en vrac et quelques images inspirantes. Tel un pur produit de la génération Pinterest, Mabel écrit des chansons à partir d’un moodboard. Puis son frère la rejoint alors en studio et compose avec elle.

– Comment savez-vous qu’une chanson est la bonne ? Que c’est elle et pas une autre qui faut mettre dans le disque ?

– Un jour, j’ai demandé à mon père comment il avait su que ma mère était la bonne. Il m’a répondu : “Je le savais. Tout simplement.” La musique est une suite d’évidences. Si je sélectionnais une douzaine de morceaux parmi cent titres, mes proches choisiraient les mêmes que moi. Vous aussi, sans doute. Bref, nous serions à peu près tous sur la même longueur d’onde.

Mabel n’a que 18 ans, en avril 2015, lorsqu’elle est repérée par la directrice artistique Grace LaDoja qui lui propose alors de figurer dans le clip Shutdown du rappeur Skepta. Dans la foulée, elle diffuse son morceau Know Me Better sur la plateforme Soundcloud, décroche un passage en radio et signe son premier contrat avec Universal…

Mabel – Don’t Call Me Up (2017).

Écrire en secret et fuir la célébrité

– Il paraît que vous écriviez en secret, dans votre chambre d’adolescente. Ça n’allait pas fort à l’époque ?

– J’ai vécu des hauts et des bas, comme tout le monde.

Elle sourit puis lance un regard discret en direction de sa manageuse, dans l’attente d’une approbation.

– Je sais ce que c’est d’être vraiment, vraiment, vraiment triste. Mais aussi ce que ça fait d’être heureuse. La santé mentale est une danse. Une chorégraphie qu’il faut toujours perfectionner sans savoir si on la connaîtra vraiment par cœur un jour. Je ne sais pas si ça ira parfaitement bien dans ma vie future. En ce moment, je suis plus heureuse que je ne l’ai jamais été. Mais ce qui se passe dans notre tête n’est que le résultat d’un procédé chimique. Il a fallu que j’apprenne à ne pas être trop affectée par le monde.

– Étiez-vous terrifiée à l’idée de devenir célèbre un jour ?

– Quand j’était petite, on parlait souvent de ma mère dans les journaux. Elle devait jongler entre son rôle de femme, de célébrité et de compositrice. À l’époque, le public m’inquiétait déjà, et la célébrité me terrifiait. Sachez que je suis très casanière : j’aime rester à la maison avec mon copain et mes chiens. C’est une bulle que je quitte rarement. Sortir n’entre pas dans ma définition du plaisir et je ne suis pas faite pour les événements mondains. J’ai même toujours eu du mal à créer des liens d’amitié avec d’autres artistes. Donc évidemment que la célébrité me terrifiait.

Il y a plusieurs mois, son oncle était supposé la rejoindre, à Los Angeles, pour célébrer Thanksgiving. Mais il s’éteint tristement avant d’atteindre sa destination. Crise d’asthme fulgurante. Mabel s’embourbe alors dans un sombre deuil. Évidemment, elle se souvient de toute les fois où elle a remis leurs rendez-vous à plus tard. Et de son chagrin naitra pourtant un morceau, Vitamins. À ce jour, il reste son favori. Au moment de le composer… elle sentait une petite présence souriante dans la pièce.

Vitamins (2024) de Mabel, disponible.