3 juil 2023

Le producteur Sampha en 5 collaborations cultes, de Kendrick Lamar à Solange

Le pianiste, chanteur et compositeur britannique de 34 ans a récemment dévoilé Spirit 2.0, son premier titre solo depuis six ans, date de sortie de Process (2017), son sublime album couronné du Mercury Prize. Numéro revient sur cinq de ses collaborations les plus mémorables, de Solange à Kendrick Lamar.

1. “Valentine” de Jessie Ware et Sampha (2011).

 

Avant qu’il ne produise les titres des artistes les plus célèbres de sa génération. Avant qu’il ne porte les dreadlocks qu’on lui connait désormais, le pianiste Sampha Lahai Sisay composait le titre Valentine pour Jessie Ware, sa compatriote britannique. Sorti le 7 février 2011, ce morceau de pop minimaliste fondé sur une superposition de leitmotivs rythmiques et mélodiques préfigure la carrière de Jessie Ware : un an plus tard, son album Devotion ravira les critiques.

2. “Father Time” de Kendrick Lamar et Sampha extrait de l’album “Mr. Morale & the Big Steppers” (2022)

 

Dans Father Time, extrait de son cinquième album studio, Mr. Morale & the Big Steppers, Kendrick Lamar évoque enfin un sujet longtemps tabou dans le milieu du rap : les Daddy issues. Le Californien remonte ainsi aux origines de la masculinité toxique à travers une expression (sexiste) visant généralement la gent féminine et désignant la recherche permanente d’une figure paternelle de substitution pour compenser un manque affectif causé justement par l’absence d’un père. Kendrick Lamar offre le refrain du morceau à Sampha qui apparaîtra par surprise lors d’un live sur la scène du Saturday Night Live pour une performance mémorable dans la réplique de la chambre à coucher d’un motel bon marché.

3. “Don’t Touch my Hair” de Solange et Sampha extrait de l’album “A Seat at the Table” (2016)

 

Parce que les gens passaient sans cesse leurs mains dans ses cheveux. Parce qu’un magazine a un jour comparé sa coupe à celle d’un canidé dans un dossier sur les sosies de stars… Solange Knows s’attaque au racisme systémique dans Don’t Touch my Hair. Cet ordre voire cette menace est extraite de son splendide album de 2016, A Seat at the Table. Un morceau produit en partie par Raphael Saadiq et Sampha, qui y intègre d’ailleurs sa voix éthérée entre complaintes de cuivres, soul pure et ritournelle de cowbell entêtante, une cloche souvent utilisée dans les compositions musicales d’Amérique latine.

4. “L.F.O” de SBTRKT, Sampha et George Riley extrait de l’album “The Rat Road ” (2023)

 

Le vendredi 5 mai 2023, le producteur de musique électronique londonien Aaron Jerome refait surface en dévoilant son quatrième album studio, The Rat Road. 22 titres perdus entre jungle, electronica et UK garage. Le disque confirme le retour de son alter ego SBTRKT (prononcer Subtract), musicien émérite qui dissimule son visage derrière un masque amérindien. Parmi les invités prestigieux : Little Dragon, Toro y Moi ou… Sampha. Ce dernier apparaît sur le titre L.F.O  (Low Frequency Oscillator) aux côtés de la Londonienne George Riley, proche collaboratrice du producteur Vegyn et jeune pousse de la scène R’n’B alternatif. Le morceau aura connu près de 70 versions différentes et nécessité près de six ans de travail. Dix ans auparavant, SBTRKT collaborait déjà avec Sampha sur cinq des treize titres de son premier album SBTRKT.

5. “Sampha’s Plea” de Stormzy et Sampha extrait de l’album “This Is What I Mean” (2022)

 

Tandis que certains fans du rappeur Stormzy le supplient de revenir au grime de ses débuts – un sous-genre du hip-hop construit autour du dancehall, du UK garage et de la drum and bass – d’autres saluent le changement de cap opéré par le musicien dans son album This Is What I Mean, sorti en novembre 2022. L’artiste britannique s’abandonne au R’n’B et à l’afrobeat. D’autant que ce disque résolument intime et introspectif survient après une pause de trois années et un exil à Osea Island, petite île de l’estuaire de l’Essex sur laquelle les studios d’enregistrements fourmillent. On retiendra surtout Sampha’s Plea (le plaidoyer de Sampha), huitième titre de l’opus justement enregistré avec l’artiste éponyme qui chantera du début à la fin, sans aucune intervention de son homologue. Un appel à l’aide déchirant et inattendu.