Katseye, le girl band à suivre de près nommé aux Grammy Awards

par Jordan Bako.

La formule du girl band est-elle déjà tombée en désuétude ? Des Supremes aux Destiny’s Child, en passant par les Spice Girls, la recette des groupes musicaux féminins a conquis l’industrie du disque, à l’origine de certains des plus gros tubes de notre époque.

Mais dernièrement, les formations composées de femmes semblaient peu à peu sombrer dans les abysses en Occident. Les récentes séparations des Little Mix ainsi que des Fifth Harmony confirmaient la tendance. Mais il faut traverser les océans pour trouver les nouvelles pionnières du genre.

Si les groupes féminins américains et européens frôlent le naufrage, les différents girls bands de K-pop parviennent à braver les marées. Le son résolument pop de la Corée du Sud a su dépasser les frontières. Blackpink, NewJeans, Le Sserafim… Nombreuses sont les formations féminines qui redéfinissent actuellement les pourtours de l’industrie. Et alors même que leur succès n’a pas encore tari, elles semblent déjà avoir trouvé leurs héritières : le girl band Katseye.

Une genèse racontée dans un documentaire Netflix

Comment façonner un groupe de K-pop ? Trouver la formule alchimique pour modeler les étoiles de demain ? Voici les questions que se sont posées les personnes à l’origine de l’émission The Debut: Dream Academy (2023) diffusée sur la plateforme Weverse. Le label Geffen Records unit ses forces à celles de l’entreprise sud-coréenne spécialisée dans le divertissement Hybe, à qui on doit notamment l’avènement du groupe BTS. Les deux sociétés mettent les bouchées doubles pour créer un vivier capable d’entraîner les futures stars de la musique. 

C’est ainsi que vingt jeunes femmes sont sélectionnées à travers cette compétition pour intégrer cette compétition. Composée de huit chapitres, la série suit à chaque épisode l’élimination d’une ou plusieurs trainees. Un terme que l’on doit à la Corée du Sud pour désigner ceux qui subissent une préparation spartiate à la célébrité : du chant à la danse en passant par l’art de performer devant une caméra.

Le processus de sélection de ces six artistes en devenir fait aussi l’objet d’un documentaire disponible sur Netflix, intitulé L’Académie de la pop : Katseye (2024). Les heureuses élues qui forment le groupe ? Sophia Laforteza (des Philippines) Manon Bannerman (de Suisse), Yoonchae Jeung (de Corée du Sud), Daniela Avanzini, Lara Raj ainsi que Megan Skiendiel (des États-Unis).

Katseye, “le meilleur de la méthodologie K-pop” ?

Si Katseye est d’abord une idée de la filiale américaine de la société sud-coréenne Hybe, Katseye aspire à vite s’affranchir de son image de groupe de K-pop. John Janick, PDG de la société Interscope Geffen A&M le dit très lui-même lors d’une conférence de presse. L’objectif avec Katseye était alors de former “un groupe international, avec le meilleur de la méthodologie K-pop”. 

Chaque membre est ainsi choisie pour adopter une position bien précise dans la formation, sans s’y cantonner. Sophia et Lara chantent depuis l’âge tendre, tandis que Daniela, Megan et Yoonchae font de la danse leur prédilection. La dernière, cadette du groupe (elle a tout juste 17 ans), a dû parfaire son anglais pour pouvoir intégrer le groupe, après avoir passé son enfance à Séoul.

Quant à Manon, elle n’avait aucune expérience du chant, ni de la danse avant d’intégrer le casting de Dream Academy. D’abord compositrice de morceaux avant de devenir populaire sur les réseaux sociaux, la jeune femme d’origine suisse, ghanéenne et italienne est considérée comme le visage du groupe.

De l’Inde à Cuba, en passant par la Corée du Sud… Un groupe multiculturel

De l’Inde avec Lara à la Chine et Singapour, terres d’origine de Megan, sans oublier Cuba et le Venezuela, d’où vient Daniela Avanzini… Au-delà de leurs sensibilités personnelles aux divers horizons des arts de la performance, Katseye célèbre la diversité des origines de ses artistes.

Une forme de revanche sur le destin, pour celles qui, plus jeunes, ne voyaient pas à l’écran des personnes qui leur ressemblaient. “Ce qui m’inspire vraiment dans ce projet, c’est son aspect international et l’opportunité de représenter mes copines métisses et ma culture. En grandissant, j’ai souvent ressenti un manque de représentation dans l’industrie musicale, ce qui m’a fait douter qu’il soit possible d’être une pop star qui me ressemble”, confie Lara Raj, vocaliste du groupe, au magazine Elle singapourien.

Un groupe qui part à la conquête du monde (et de la mode)

Si les premiers pas de Katseye dans l’industrie de la musique se sont faits en assumant une ligne esthétique très sage, il semblerait qu’elles aient rangé au placard leur image lisse. De leur premier EP très bubblegum Soft is Strong sorti en 2024, elles affirment une patte plus alternative sur leur album Beautiful Chaos (2025). En témoignent les titres survoltés Gnarly et M.I.A : le premier a notamment intégré le prestigieux classement Billboard Hot 100.

Cependant, Katseye reste fidèle à son message initial : celui de prôner l’acceptation de soi et des autres. Adoubées par Charli xcx (qui co-écrit pour elles le tube Gabriela) pour elles et Ice Spice, les membres du groupe incarnent un nouveau visage de la pop coréenne, affranchies de l’allure parfois trop artificielle accolée à l’industrie séoulienne. Et elles ne semblent pas vouloir en s’arrêter là.

Une nomination aux Grammy Awards 2026

On retrouvait notamment les membres du groupe dans une publicité réalisée en collaboration avec la marque de jeans Gap. Survenant quelques jours après la campagne promotionnelle controversée de Sydney Sweeney pour Amercian Eagle (tancée pour son slogan à caractère eugéniste), cette vidéo aussi belle que catchy propulse Katseye dans l’industrie de la mode.

Le7 septembre 2025, les six membres de la formation étaient notamment habillées par la maison Dolce & Gabbana lors de la 42e édition des MTV VMAs 2025. Cérémonie dont elles sont reparties avec les prix de la performance push de l’année pour leur tube Touch. Et elles sont nommée aux Grammy Awards 2026 dans la catégorie “Best new artist.” Et si les Katseye faisaient renaître la formule girl band de ses cendres ?

Beautiful Chaos (2025) de Katseye, disponible.