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3 concerts à ne pas manquer au festival Jazz à la Villette
Le célèbre festival de jazz parisien, qui fête cette année ses vingt ans, revient s’installer dans le XIXe arrondissement de la capitale, au parc de la Villette. Entre reprises du répertoire de légendes du genre telles que John et Alice Coltrane, Ryūichi Sakamoto ou encore Marvin Gaye, Numéro a sélectionné trois concerts à ne pas manquer.
Par Chloé Sarraméa.
1. Kokoroko
Il aura fallu attendre trois ans et le cinquième titre d’un album qui en compte quinze pour enfin entendre un « woah-ooh” fredonné lascivement par l’un des membres du collectif Kokoroko. Et c’est le genre d’expectative qui en vaut la peine. Car se laisser bercer par les voix des choristes et musiciens du groupe de jazz basé à Londres c’est pénétrer un monde à part : un disque qui promettait du jazz et a donné bien plus – entre histoires heureuses d’héritage, lead féminin et mixage réussi (des genres, des cultures et mêmes des ambitions). Could We Be More (“Peut-on être plus”, en français), est le nom du tout premier LP des huit artistes qui se côtoient depuis une dizaine d’années. Sorti sur le label Brownswood Recordings, l’opus à la pochette bleue où quatre mains tendues veulent se rejoindre donne, à travers son intitulé, tout de suite le ton : Kokoroko, c’est une histoire d’alliance qui, en quelques années, est parvenu à hisser le jazz en tête d’affiche des scènes européennes, à le glisser au coeur des préoccupations et, de fait, des charts. En effet, le groupe doit en partie son succès à Abusey Junction, un morceau apparu sur une compilation initiée par Gilles Peterson – le patron de son label actuel qui a signé son premier EP en 2019 –, et à ses dizaines de millions de vues sur YouTube et sur les plateformes de streaming… Une réputation bâtie sur un buzz qui se consolide à la sortie de ce premier disque où les collaborateurs font ici un sans faute. Il rime avec groove, soul et afrobeat tout droit sorti des 70’s. De quoi se ruer, ce mercredi 31 août, à la Grande Halle de Villette pour un shot de basses, de batterie, percussions, cuivres et messages d’amour…
Kokoroko est en concert le mercredi 31 août à la Grande Halle de la Villette dans le cadre de Jazz à la Villette.
2. DOMi & JD Beck
Ils sont la caution “stars américaines” de cette édition de Jazz à la Villette. Pourtant arrivés sur la internationale il n’y a pas si longtemps, DOMi & JD Beck ont tout de suite fait un carton, autant auprès du public que de leurs pairs. C’est en effet le très respecté Anderson .Paak, producteur et patron de label à ses heures perdues, qui, avant même qu’aucun son ne soit encore sorti, a décidé de signer le duo basé aux États-Unis. Elle, DOMi, est une pianiste originaire de Nantes et lui, JD Beck, est un batteur pur produit du Texas. Ensemble, ils produisent un son aux frontières du jazz, donc, et du hip-hop emprunté à J Dilla et Madlib qui, dès le début des années 90, ont révolutionné le genre en allant puiser leur inspiration dans la soul des années 70. Avec son premier album intitulé NOT TiGHT, le duo s’est entouré de producteurs, musiciens et chanteurs de renom, dont Thundercat, Mac DeMarco et… Busta Rhymes et Snoop Dogg ! Et s’il produisent un jazz trendy, voire fashion – n’hésitant pas, dans un clip en collaboration avec Anderson .Paak, à remplir le coffre d’une bagnole de malles Louis Vuitton – ils s’adressent aussi aux plus orthodoxes des aficionados du genre – invitant, sur leur disque, le vétéran Herbie Hancock et l’un des guitaristes les plus reconnus au monde, Kurt Rosenwinkel. De quoi former un public aussi éclectique que l’est leur musique.
DOMi & JD Beck est en concert le samedi 10 septembre à la Grande Halle de la Villette dans le cadre de Jazz à la Villette.
3. Chassol
En France, on ne le présente presque plus. Le chef d’orchestre, musicien pour Phoenix ou Sebastien Tellier, arrangeur pour Solange ou Frank Ocean et habitué des scènes des évènements dédiés au jazz Chassol vient poser son piano, cette année, à Jazz à la Villette. Et c’est en duo qu’il se produira, dimanche 4 septembre, pour un concert aux allures de performance mêlant flûte – celle de son binôme Jocelyn Mienniel –, narration digne d’un long métrage et scénographie spectaculaire imaginée par la star de l’art contemporain Xavier Veilhan. C’est d’ailleurs grâce à cet ami de longue date que le musicien, alors invité par ce dernier à Venise lorsqu’il représentait la France à la Biennale en 2017, avait composé le morceau Teenaging après avoir croisé un groupe de jeunes filles et enregistré la scène. Le fan d’A$AP Rocky et compositeur de bandes originales de films – notamment pour Romain Gavras – jouera donc Dress code, une composition qui traduit, selon le festival, d’un “moment suspendu dans la nuit, le temps d’une fête, où un homme réalise que l’humanité court à sa perte, faute d’idéal.” L’occasion de se laisser aller à une expérimentation musicale des plus pointues, mêlant rap, samples, archives sonores et hallucinations visuelles…
L’interview de Chassol est à lire ici.
Chassol et Jocelyn Mienniel jouent « Dress Code » le dimanche 4 septembre à la Salle des concerts – Cité de la musique, à Jazz à la Villette.