Miu Miu diffuse une histoire d’amour impossible réalisée par une cinéaste transgenre
Diffusé aujourd’hui dès 17h, “Shangri-La”, le nouveau film du projet Miu Miu Women’s Tales a été réalisé par la cinéaste philippine transgenre Isabel Sandoval. Filmé à Los Angeles en décembre 2020, le court-métrage nous plonge, en quelques minutes, au cœur de la Grande Dépression, où une femme de couleur s’éprend d’un homme blanc alors que les mariages interraciaux sont interdits.
Par Chloé Sarraméa.
Dans l’univers du cinéma indépendant, Isabel Sandoval a déjà fait ses preuves. Ses deux premiers longs-métrages, Señorita (2011) et Aparisyon (2012) ont tous deux été sélectionnés dans de nombreux festivals. Ceux de Locarno et Vancouver pour le premier et le Festival du film asiatique de Deauville pour le deuxième, où la réalisatrice a remporté le prix du public alors qu’elle se faisait encore appeler Vincent Sandoval. Depuis, la cinéaste d’origine philippine résidant à New York à dévoilé un autre film, Brooklyn Secret, une histoire d’amour entre une aide à domicile trans sans papiers et un jeune Américain à l’entourage profondément machiste, sur fond d’Amérique trumpiste. Avec une sortie prévue en mars 2020 puis finalement reportée en juillet, cette dernière réalisation n’a malheureusement pas eu une très longue vie en salle… Mais tandis que les cinémas sont toujours fermés dans la plupart des pays, les alternatives aux projections sur grand écran se multiplient – même si elles existaient déjà avant la pandémie –, parmi lesquelles le projet Miu Miu Women’s Tales, qui a donc invité la cinéaste à réaliser un court-métrage mettant la féminité (sous toutes ses formes) à l’honneur.
Shangri-La est donc le vingt et unième film de la série Women’s Tales et succède à ceux de réalisatrices d’envergures et d’horizons différents, dont Agnès Varda, Chloë Sevigny, Haifaa Al-Mansour, Ava DuVernay, Lynne Ramsay ou Mati Diop. Tourné en studio à Los Angeles en décembre 2020, le titre du court-métrage fait référence à un lieu paradisiaque fantasmé d’où se dégage une atmosphère de paix et de tranquillité, imaginé pour la première fois dans le roman Lost Horizon (1933) de James Hilton – puis adapté au cinéma et surtout réutilisé comme nom par beaucoup d’hôtels à travers le monde. Avec Isabel Sandoval derrière la caméra mais aussi dans le rôle titre, toute de Miu Miu vêtue, Shangri-La aborde à travers la rêverie et une ambiance tendre des problématiques tout sauf légères : la promesse, pour les immigrants aux États-Unis à la fin du XIXe siècle, d’y trouver une terre d’accueil et des conditions de vie meilleurs alors qu’en fait, la réalité s’est révélée bien différente à cause de la Grande Dépression et la discrimination raciale.
En effet, la cinéaste de 39 ans met en scène une histoire d’amour où une fermière philippine se confesse dans une église à un prêtre qu’elle ne peut pas aimer librement, puisque les relations interraciales sont à l’époque interdites dans l’Etat de Californie. Aussi, elle dénonce une réalité historique affligeante mais injecter de la poésie et de l’espoir, en transformant le confessionnal en machine à voyager dans le temps où les deux amants peuvent se retrouver et s’aimer librement.
Shangri-La (2021) d’Isabel Sandoval, disponible sur miumiu.com et sur les réseaux sociaux de Miu Miu.