Les secrets de 5 affiches cultes
“Lolita”, “Scream”, “Les Dents de la mer”… Au-delà d'un simple poster, les affiches de films recèlent souvent d’anecdotes aussi croustillantes que les secrets de tournage. Entre scandales et indices cachés, retour sur l’histoire de cinq affiches cultes.
Par Camille Moulin.
1. Moonrise Kingdom, l’affiche interactive disparue
Été 1965. Sur une île de la Nouvelle-Angleterre, Suzy et Sam, 12 ans, fuguent tous les deux afin de vivre leur amour au grand air. Pour les retrouver, tous se mobilisent, du capitaine de police déprimé à la mère complètement débordée. Peu avant la sortie en salles de Moonrise Kingdom, en 2012, Wes Anderson a diffusé sept affiches interactives pour mieux nous faire pénétrer dans l’univers de ses personnages déjantés et attiser une curiosité piquante. Diffusées sur sept sites Internet différents, ces courtes animations nous plongeaient dans une scène de la vie des protagonistes, jouant malicieusement avec l’impatience des futurs spectateurs.
2. Salvador Dalí caché derrière l’affiche du Silence des Agneaux
Avez-vous déjà remarqué la tête de mort sur la célèbre affiche du thriller culte Le Silence des Agneaux (1991) ? Logée sur la tête du papillon – lui même placé sur la bouche de Jodie Foster – comme une vanité morbide, il s’agit en réalité de sept femmes nues aux corps enchevêtrées, formant un crâne humain. Derrière cette tête de mort se cache un portrait de Salvador Dalí, capturé par le photographe Philippe Halsman en 1951. À l'occasion de ce cliché, le peintre surréaliste imagine cette mise en scène macabre devant laquelle il pose, de son air extravagant. 40 ans plus tard, cette vanité étrangement sensuelle nommée “In Voluptate Mors” (la mort dans la volupté), trouve un écho lugubre dans le film de Jonathan Demme.
3. L’affiche de La Vie d'Adèle d'Abdellatif Kechiche censurée en Corée du Sud
Romance entre deux femmes, La Vie d’Adèle (2013) semble être un sujet encore sensible en Corée du Sud – pays manifestement frileux à l'idée d'étendre les droits de la communauté LGBTQ+. Largement modifiée par rapport à sa version française, l’affiche du film est le symbole de ce tabou. Dans la version coréenne, Léa Seydoux a disparu, et seul le visage de l’actrice Adèle Exarchopoulos flotte à la surface de l’eau. Une image qui semble très éloignée de la thématique du film…
4. La plainte contre l'affiche d’Amen., de Costa Gavras
Une fiction condamnant l’action du Pape XII à l’égard des Juifs durant la Seconde Guerre mondiale… Ce seul synopsis contenait déjà tous les germes d’une actualité explosive. Appuyant le propos du film, l’affiche entremêle la croix chrétienne à la croix gammée, dans un sous-entendu relativement univoque. En 2002, lors de la sortie du film, l’Agrif (Alliance générale contre le racisme et pour le respect de l'identité française et chrétienne) intente un procès en diffamation aux concepteurs de l’affiche. Deux ans plus tard, l’association verra finalement sa demande rejetée.
5. La Grande Illusion de Jean Renoir, l'affiche rééditée à l'infini
Chef d’œuvre du cinéma français, La Grande Illusion immortalisait Jean Gabin et Pierre Fresnay dans un long-métrage à la gloire de la “Der des Ders”, la Première Guerre mondiale. Dès sa sortie en 1937, le film devient un classique qui traversera les époques. Régulièrement en salles, les rediffusions s’accompagnent de nouvelles affiches. En tout, on en compte plus d’une douzaine : chacune illustre l’esthétique et les codes publicitaires de son temps.