5 nov 2020

Les 5 vies de Bill Murray

À l’occasion de la sortie le 20 novembre de la biographie “Bill Murray – Commencez sans moi” aux éditions Capricci, retour sur la drôle de carrière d’un acteur qui, en essayant sans cesse de fuir la lumière, est devenu une véritable légende.

Bill Murray dans « Lost in Translation » (2003) de Sofia Coppola © American Zoetrope

Beaucoup d’acteurs rêveraient d’avoir la carrière de Bill Murray. Et ce dernier aurait préféré qu’on le laisse tranquille. Mais même en traînant les pieds pour arriver sur les plateaux de tournage ou en se réfugiant dans l’ombre, parfois pendant plusieurs années, l’acteur de 70 ans rayonne. Le cinéma lui a ouvert très tôt les portes du succès avec SOS Fantômes (1984) et son expression mélancolique si singulière est devenue culte grâce à ses rôles dans Un jour sans fin (1993), La Vie aquatique (2004) ou encore Lost in Translation (2003), qui lui a valu une nomination à l’Oscar du meilleur acteur en 2004. 

 

 

1. Débuts dans le Saturday Night Live (1977)

Diffusé pour la première fois en 1975 sur la chaîne NBC, le Saturday Night Live et ses sketchs au vitriol sont encore aujourd’hui le rendez-vous comique incontournable de la télévision américaine. Après des premiers pas à la radio, Bill Murray rejoint l’émission dès sa deuxième saison, remplaçant le comédien américain Chevy Chase. Des débuts hésitants lui valent quelques moqueries, le public le jugeant moins drôle que son prédécesseur. Dans un sketch devenu culte, Bill Murray s’excuse alors pour ses performances médiocres, introduisant son humour pince-sans-rire : “je suis conscient que je n’ai pas été très drôle depuis le début de la saison, mais si vous pouviez trouver en vous la force de rire à chacune de mes prestations… ça me permettrait de rester dans l’émission… j’ai une grande famille à nourrir”.

 

 

2. Exil à Paris suite à l’échec de son film “Fil du rasoir” (1984)

L’immense succès rencontré par le premier épisode de la saga « SOS Fantômes », en tête au box-office américain sur l’année 1984, permet à Bill Murray de se faire un nom dans le milieu du cinéma et de financer Le Fil du rasoir (1984), un film dont il a écrit le scénario et dans lequel il tient le premier rôle. Inspiré d’un roman de Somerset Maugham – qui met en scène un riche américain en proie à des questions existentielles se réfugiant dans l’exil lors de voyages en Inde, à Paris ou sur la Côte d’Azur –, ce projet auquel Bill Murray tient tant se solde par un échec commercial. Comme le personnage de son film, l’acteur prend ses alors ses distances avec les États-Unis et rejoint Paris, où il suit des cours de philosophie et d’histoire à la Sorbonne et fréquente la Cinémathèque française.

 

 

3. Rencontre avec Wes Anderson pour “Rushmore” (1998)

Parce qu’il n’a ni agent, ni attaché de presse, faire parvenir un scénario à Bill Murray peut s’avérer être une entreprise complexe. Wes Anderson en sait quelque chose. Fan invétéré d’SOS Fantômes (1984), le cinéaste n’a pas encore 30 ans quand il décide de contacter l’acteur (en 1998) pour lui proposer d’incarner dans son deuxième film, Rushmore, un riche industriel prenant sous son aile un adolescent excentrique. Sans nouvelles pendant plusieurs semaines, le jeune cinéaste reçoit un appel inattendu de Bill Murray alors qu’il se trouve dans les bureaux de sa société de production. Plus spectaculaire encore, l’acteur accepte de tourner dans le film pour 9 000 dollars seulement, une modique somme à laquelle s’ajoute tout de même un pourcentage sur les bénéfices. Gage de sa confiance, Bill Murray avance les 25 000 dollars que la production refusait alors au cinéaste pour tourner une scène particulièrement coûteuse, qui nécessite de louer un hélicoptère. Les deux hommes ne se quitteront plus, Bill Murray apparaissant dans tous les longs-métrages de Wes Anderson depuis Rushmore – même lorsqu’il s’agit de prêter sa voix pour les films d’animation Fantastic Mr. Fox (2010) et L’île aux chiens (2018).

 

 

4. Au sommet de son art dans “Broken Flowers” (2005) de Jim Jarmusch 

Neuvième film et plus grand succès du cinéaste Jim Jarmusch (Down by Law, Paterson), Broken Flowers (2005) est, de son propre aveu, la performance la plus aboutie de Bill Murray. Dans cette comédie douce-amère sur un quinquagénaire dépressif qui, averti sur le tard de sa paternité par une lettre anonyme, part à la rencontre de ses anciennes conquêtes pour tenter de découvrir où se cache son fils, on retrouve avec plaisir les haussements de sourcil et la moue légendaire de l’acteur, déjà aperçus dans Lost in Translation (2003) de Sofia Coppola. Une prestation XXL empreinte de malice et de mélancolie qui permettra à Broken Flowers de remporter le Grand Prix du Festival de Cannes en 2005. 

 

 

5. Transformé en légende par les internautes dans le documentaire “The Bill Murray Stories: Life Lessons Learned from a Mythical Man” (2018)

Depuis l’essor des blogs et des réseaux sociaux, Bill Murray fait l’objet d’innombrables légendes urbaines sur Internet. Un soir, l’acteur aurait par exemple surpris un homme sur le pas de sa porte en lui cachant les yeux pour lui faire une blague enfantine, avant de plaisanter sur le fait que personne ne le croira jamais lorsqu’il racontera cette histoire à ses amis. Une anecdote probablement fausse qui a donné des idées à Bill Murray. L’acteur s’amuse désormais à multiplier les apparitions spontanées dans la vie de ses fans, s’immisçant par surprise dans des soirées entre amis, karaokés ou sur des photos de mariage. Des farces bien réelles qui n’ont pas endigué la publication de fausses histoires à son sujet. Sorti en 2018, le documentaire The Bill Murray Stories: Life Lessons Learned from a Mythical Man de Tommy Avallone tente de décrypter ce phénomène viral entre le mythe et la réalité, qui a fait de l’acteur le pape du cool sur Internet.

 

 

« Bill Murray – Commencez sans moi” (2020) de Yal Sadat, éditions Capricci. Sortie le 20 novembre.