30 mar 2020

Les 5 pires remakes de films noirs

De “Suspiria” à “Dark Water”, en passant par “Les Griffes de la Nuit”, ces brillants films d’horreur ont vu naître de piteux homonymes qui, sous couvert de vouloir leur rendre hommage, ont massacré leur mémoire. Retour sur 5 remakes décevants tirés des plus grands films noirs. 

1. Quand les Hungers Games refusent de citer leurs sources

 

Peu savent que derrière les célèbres Hunger Games – tirés des romans de Suzanne Collins – se cache un film gore de renom, tellement violent qu’il demeure jusqu'à ce jour interdit aux États-Unis. Enorme succès commercial au Japon, le film de Kinji Fukasaku Battle Royale (2000) pose les bases de la saga qui révèlera Jennifer Lawrence: des adolescents sont réunis de force sur une île et ont trois jours pour s’entretuer, jusqu’à ce qu’il n’en reste plus qu’un.

 

Si les producteurs ont toujours nié l’influence de Battle Royale sur leurs films, les similitudes sont trop flagrantes pour n'être que le fruit d'un pur hasard. Les Hunger Games sont une bien pâle copie de leur prédécesseur. La violence y est maquillée d’effets spectaculaires, les personnages sont vides et le tout est baigné d’une esthétique étouffante. En bref, tout ce qui faisait la force du film de Fukasaku (la frontalité des scènes, la complexité des personnages, le montage saccadé, l’exacerbation des sentiments adolescents) a été laissé de côté pour convenir à un public plus large, sans même prendre la peine de citer ses références. 

2. Suspiria : l'hommage raté à Dario Argento

 

Avec sa reprise de Suspiria, Luca Guadagnino a voulu rendre hommage à l’un des plus grands films d’horreur jamais réalisé. Avec son esthétique baroque frisant le kitsch, le film d’origine de Dario Argento a conquis les foules dans la plus pure tradition du giallo – genre italien mêlant l’horreur, le policier et l’érotisme –, donnant tout son sens au terme de “couleur dramaturgique”. Avançant sur une corde sensible, Luca Guadagnino s’est embourbé, quarante ans plus tard, dans le maniérisme pénible qui caractérise ses films, de Call Me By Your Name à Bigger Splash.

 

En accumulant consciencieusement les références et en les entourant de procédés oppressants – les lents fondus-enchaînés et zooms avant, les surcadrages et les crissements de sa bande sonore –, Guadagnino ne sera parvenu qu’à étouffer les nouveautés qu’il apporte néanmoins à l’histoire (comme le contexte de la guerre froide ou l’allégorie d’un féminisme radical). 

3. Old Boy : la casserole de Spike Lee

 

Lors de sa sortie en 2003, le film du coréen Park Chan-Wook avait fait grand bruit parmi les cinéphiles, et pour cause : Old Boy est un magnifique récit de vengeance, entre grotesque et noirceur poétique. Une scène en particulier est depuis devenu culte : la longue bataille filmée en traveling dans un couloir rempli de mafieux. Spike Lee n’aurait jamais dû y toucher.

 

L’histoire du remake comporte déjà quelques casseroles : après des années de préparation, avec Steven Spielberg comme réalisateur pressenti, Spike Lee accepte de prendre la tête du projet qui n’a pourtant rien pour plaire : un casting bien faible et un manque crucial d’originalité. En reprenant à l’identique la trame originale du film de Park Chan Wook, Spike Lee n’offre rien d’autre qu’un fade exercice de style. 

4. La pâle copie des Griffes de la Nuit

 

L’histoire terrifiante de la banlieue chic d’Elm Street a inspiré un film culte à Wes Craven, grand maître du cinéma horrifique. Son film de 1984, en s’inspirant largement des Halloween de John Carpenter et Poltergeist de Tobe Hooper, hisse ces derniers au rang de références universelles du genre du thriller. Loin d’égaler le savant mélange d’épouvante et de suspens instillé par Wes Craven, la version de 2010 des Griffes de la Nuit déçoit avec un Freddy Krueger réaliste qui ne fait plus du tout peur.

 

Le réalisateur Samuel Bayer, en souhaitant insuffler un vent de pragmatisme à la créature du thriller, partait déjà sur de mauvaises bases. Freddy Krueger n’est-il pas sensé être un personnage fantasmé avant tout ? Le tueur revient ici dans un récit sans surprise, dont les scènes sont toutes plus attendues les unes que les autres et les personnages vidés de leur imagination.

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5. Walter Salles nage en eaux profondes avec Dark Water

 

Le réalisateur brésilien a-t-il réellement voulu faire un film d’horreur en reprenant Dark Water? C’est la question qui prévaut au visionnage de son film, tant le mélodrame prend le dessus sur tout autre aspect du scénario original. Sorti en 2003, le film du japonais Hideo Nakata avait pourtant de quoi étonner : une jeune femme et sa fille emménagent dans un appartement insalubre, jusqu’à ce qu’une mystérieuse tache d’eau infiltre le plafond. Tout le génie du récit, concentré dans l’absurdité de la peur générée par cette tâche, est totalement abandonné par son remake, vidé de tout surnaturel.

 

Pas de fantôme ni de frissons dans la version de Walter Salles, mais plutôt un accent mis sur les personnages et leur milieu social. Au lieu de jouer des silences pesants que faisait savamment régner Hideo Nakata en les superposant avec des bruits assourdissants, le réalisateur brésilien noie le récit de musique pesante et d’effets spéciaux, pour un ensemble plat, pourtant très bien interprété par Jennifer Connelly.