10 juin 2022

Le premier chef-d’oeuvre de Wong Kar-wai ressort en version restaurée

Avant le succès planétaire d’In the Mood for Love sorti en 2000, le réalisateur hongkongais Wong Kar-wai avait déjà prouvé son talent dans un premier film qui annonçait déjà son esthétique. As Tears Go By, sorti en 1988, thriller noir qui avait révélé l’actrice fétiche du réalisateur Maggie Cheung, ressort le 29 juin dans une version restaurée. L’occasion de (re)découvrir le premier chef d’oeuvre du réalisateur mythique.

 

1988. Un visage crève l’écran. C’est celui de Maggie Cheung, future star d’In The Mood for Love du réalisateur Wong Kar-wai et d’Irma Vep d’Olivier Assayas (adapté aujourd’hui sous la forme d’une série présentée à Cannes), qui interprète une bouleversante jeune femme atteinte d’un cancer des poumons, amoureuse d’un bandit hongkongais. Dans les rues de la ville, les personnages se croisent, les gangs se battent et Ah Ngor et Ah Wah s’aiment. Librement adapté du thriller de Martin Scorsese Mean Streets, le premier chef d’oeuvre de Wong Kar-wai doit autant à la Nouvelle Vague française – l’ombre de Pierrot le Fou de Jean-Luc Godard plane sur ses amoureux maudits- qu’au polar hongkongais, très en vogue dans les années 80, entre violence hallucinante et hystérie permanente. Si les règlements de compte entre mafieux semblent au premier abord être le centre d’intérêt du film, c’est finalement la complexité des sentiments amoureux et les peines de coeur qui sont au centre de ce premier chef d’oeuvre de Wong Kar-wai. Les influences et les obsessions du réalisateur sont déjà présentes : un désintérêt pour l’action, une passion pour les petites choses de la vie, les rencontres et les dilemmes amoureux. La nouvelle voie qu’a ouvert Wong Kar-wai au sein du cinéma d’Asie de l’Est commence ici.

 

C’est une version restaurée en 4K qui verra le jour le 29 juin, permettant de (re)découvrir ce thriller mystérieux, pionnier d’une forme de « nouvelle vague » dans le cinéma hongkongais, que ce soit du point de vue de l’atmosphère sordide des milieux mafieux des bas-fonds d’Hong-Kong, du rythme qui fait la part belle aux ralentis, mais aussi de la bande-son, le réalisateur n’hésitant pas à aller piocher dans la musique occidentale. Plus de dix ans avant le succès planétaire d’In the Mood for Love, film aux nombreuses distinctions, Wong Kar-wai, prouvait déjà qu’il était un grand réalisateur. 

 

As Tears Go By, (1988), de Wong Kar-wai. Sortie en 4K le 29 juin