1 juil 2021

Le NFT du World Wide Web vendu 5 millions aux enchères

La maison Sotheby’s a réalisé une vente peu habituelle le 30 juin dernier. Le fichier source du World Wide Web, le fameux “www” en entrée de la barre d’adresse, a été mis aux enchères par son inventeur, l’ingénieur informaticien Sir Tim Berners-Lee. Mis à prix pour la modeste somme de 1000 dollars, le fichier a finalement été  adjugé 5.4 millions de dollars.

Un attrait purement esthétique pour le défilé des lignes de code peut aussi être supputé. Le défilé des chiffres et des lettres tapées inspire une certaine fascination. L’imagerie du film de science-fiction Matrix (1999) en est imprégné. En plus du fichier source “www”, le client du Sotheby’s s’est aussi vu remettre une vidéo d’animation mettant en mouvement les lignes des 10 000 signes tapuscrit du code. Un poster représentant la totalité de ces mêmes données informatiques chiffrées lui a aussi été accordé. Une lettre, rédigée par Sir Tim Berners-Lee lui-même, dans laquelle il s’épanche sur la manière dont il est parvenue à son invention a aussi été joint au lot. 

Jusqu’ici les “Non Fungible Tokens” (jetons non fongibles) étaient essentiellement réservées au domaine artistique. Les NFT sont des certificats numériques authentifiant une œuvre numérique originale (certifiée par l’auteur). Par un encryptage informatique, ils permettent de distinguer cette œuvre originale de ses diverses reproductions au format JPG, GIF ou encore MP3 accessibles à tous. Si la la première vente aux enchères de NFT organisée en avril 2021 portait sur une série d’œuvres animées de l’artiste Pak, vendues pour 17 millions de dollars au total, le document numérique adjugé par la même maison de vente le 30 juin était bien plus inhabituel. La réalisation mise en vente n’était pas, cette fois, la création d’un artiste, mais celle d’un informaticien anglais, Sir Tim Berners-Lee. Et ce n’était rien de moins que le fichier original du code source du World Wide Web – le fameux “www” qui se trouve en entrée de la barre de toutes les adresses Web – adjugé à 5,4 millions de dollars (la mise à prix initiale, très modeste avait été fixée à 1000 dollars). Les bénéfices seront reversés aux associations soutenues par lui et sa femme.

 

On pourrait se demander l’intérêt, pour une maison de vente spécialisée dans la vente de beaux objets (art, joaillerie, maroquinerie, horlogerie, mobilier), de proposer un tel produit, et pour son acheteur (resté anonyme) de l’acquérir ? Mais cet objet numérique est en effet bien plus qu’un simple objet mathématique. Et l’intérêt de Sotheby’s à lui seul témoigne de sa valeur patrimoniale. Par cette vente, Sotheby’s érige en effet les prémices d’internet en pièce d’archives cruciale de l’histoire contemporaine. Les lignes de code tapées par l’ingénieur informaticien anglais constituent ainsi des éléments clefs de la culture moderne. “La mise aux enchères de ce NFT m’a ramené trente ans en arrière, quand j’ai tapé ce code pour la première fois. Ça m’a fais prendre la mesure des évolutions que le web a subies depuis…” confie Sir Tim Berners-Lee à la maison Sotheby’s.

 

Un attrait purement esthétique pour le défilé des lignes de code peut aussi avoir participé à motiver l’acheteur. Le défilé des chiffres et des lettres tapées inspire une certaine fascination. L’imagerie du film de science-fiction Matrix (1999) en est imprégné. En plus du fichier source “www”, le client du Sotheby’s s’est aussi vu remettre une vidéo d’animation mettant en mouvement l’écriture tapuscrite, ligne après ligne, des 10 000 signes du code. Un poster représentant la totalité de ces mêmes données informatiques lui a aussi été accordé. Enfin, une lettre, rédigée par Sir Tim Berners-Lee lui-même, dans laquelle il s’épanche sur la manière dont il est parvenu à son invention a été jointe au lot.