The Bear : quelle est la recette du succès de la série sacrée aux Emmy Awards ?
Depuis sa sortie fin 2022, la série The Bear mettant en scène le très plébiscité Jeremy Allen White connaît un succès fulgurant. Après avoir remporté une myriade de prestigieuses récompenses aux Emmy Awards, Golden Globes et Critics’ Choice Awards et dévoilé en juillet dernier sa troisième saison, la production figure à nouveau parmi les productions les plus récompensées de cette nouvelle édition des Emmy Awards 2024. Numéro revient les raisons de ce triomphe.
par Camille Bois-Martin.
Le nouveau sacre de The Bear aux Emmy Awards
Produite par la chaîne de télévision américaine FX/Hulu(et diffusée sur Disney+ en France), la série The Bear est aussi surprenante que géniale. Le créateur du show, Christopher Storer, nous plonge dans les bas quartiers de Chicago où un jeune cuisinier étoilé reprend, suite au suicide de son frère, la sandwicherie familiale, The Original Beef of Chicagoland.
Au menu des épisodes des trois saisons de la série : une mise en bouche sur les dessous de la restauration, les problèmes épicés d’une équipe récalcitrante, et les douceurs d’un chef sexy-ténébreux-torturé interprété par Jeremy Allen White (Shameless)…
Voici les différents ingrédients d’une recette explosive, qui ont valu à la série plusieurs Golden Globes, Critics’s Choice Awards en 2023, et une multitude d’Emmy Awards en janvier dernier et à nouveau hier soir, raflant à elle seule onze des prix les plus convoités (Meilleure série comique, Meilleur acteur dans une série comique, Meilleure actrice dans une série comique…). Bref, un délice étoilé, dont le menu ne cesse de se rallonger avec la sortie d’une troisième et nouvelle saison en juillet dernier, et dont les rebondissements s’annoncent d’ores et déjà salés…
1. The Bear : une énergie collective et de belles performances individuelles
Que ce soit à travers les émissions culinaires ou les fictions, l’image du chef multi-étoilé et tyrannique avec ses employés est si répandue qu’elle devient caricaturale. Et si le titre The Bear (à traduire par L’Ours, en français) suggère toujours cette figure forte et prédatrice, la série s’applique plutôt à dynamiter ce cliché à travers le portrait d’un chef de renom qui, certes, dénigre et harcèle son équipe, mais est finalement relégué au second plan tel un personnage-fantôme qui hante les traumas de la vie passée de l’acteur principal Jeremy Allen White.
Car nous sommes au 21e siècle, une ère où l’image du patron toxique doit être déconstruite — et c’est le résultat d’un long processus de dénonciation, entamé notamment par le chef cuisinier Anthony Bourdain à la sortie de son best-seller Kitchen Confidential (2000). Formé dans de grands restaurants gastronomiques new-yorkais, Carmy Berzatto se retrouve dans un bouiboui de Chicago dont les cuisiniers n’ont pas pour habitude de recevoir des ordres, ni de changer leur méthode.
Et là où la série aurait pu centrer son récit sur le vécu de ce dernier et perdre de son originalité, celle-ci prend le parti de traduire une expérience collective, constituée de jeux d’acteurs individuels époustouflants. Du tenace cousin Richie (Ebon Moss-Bachrach) à la jeune cheffe sur-diplômée Sidney (Ayo Edebiri), en passant par l’indomptable Tina (Liza Colon-Zayas), le show suit cette équipe éclectique au gré de ses réussites, de ses disputes. Filmée caméra à l’épaule, les scènes en cuisine nous immergent dans l’énergie électrique de l’équipe : les dialogues se chevauchent, l’image tremble, les scènes s’enchainent brusquement…
2. Un héros ultra charismatique incarné par Jeremy Allen White
Tee-shirt blanc, muscles saillants, tatouages et cheveux mi-longs en pagaille : interprété par l’acteur américain Jeremy Allen White (connu pour son rôle dans la série Shameless et, plus récemment, sa sulfureuse pub Calvin Klein filmée sur les toits de New York), Carmy a fait vibrer Internet depuis la sortie de la série en juin 2022. Alors qu’il débutait une carrière prestigieuse, le jeune cuisinier doit surmonter le suicide de son frère et toutes ses conséquences, de la reprise de son restaurant au déchirement familial. En proie aux névroses, Carmy incarne le fuckboy dont rêve toute la gen Z : les cicatrices physiques et psychologiques d’un passé difficile (que l’on entrevoit par le biais de flashbacks) composent un personnage à la fois ténébreux et plein de bonne volonté, déterminé à souder une équipe déchirée.
Car, après tout, il reste en effet leur chef. Et, alors qu’il prend sa tête entre ses mains après une énième dispute, on retient surtout ses biceps (très) contractés, recouverts de tatouages… Un fantasme partagé également par le magazine américain The New Yorker, comme l’illustre la publication du cartoon de la célèbre dessinatrice Emily Flake dans lequel un mari demande à sa femme : “So . . . what was all that ‘Yes, Chef’ stuff about?” (“Et donc… C’était pourquoi tout ces “Oui, chef”?”). Humour partagé sur le compte Instagram de la série où sont publiées des photos de l’acteur assis sur sa cuisine, les cheveux ébouriffés et les veines apparentes, avec, en grosses lettres : “Yes, chef / (Say it back)” (“Oui, chef / (Répétez-le”).
3. Les costumes ultra tendance de la série The Bear
Si la série est centrée sur monde la cuisine, son impact est bien plus large. C’est en tout cas ce que les nombreux articles et publications sur les réseaux sociaux confirment. Le magazine GQ la compare ainsi à un défilé de mode masculine dans un article intitulé “Actually, The Bear Is a Menswear Show”.
La raison ? Les identités vestimentaires très marquées de chaque personnage, réfléchies au détail près par la costumière du show, Cristina Spiridakis. Le cousin Richie se distingue notamment par ses joggings baggy froissés, ses tops Adidas mais aussi (et surtout) son blouson en cuir tout droit sorti des années 80 avec ses grosses épaulettes.
Les tabliers bleus signés Aimé Léon Dore que le jeune chef distribue à toute l’équipe deviennent l’un des premiers symptômes du succès de la série : en rupture de stock depuis la diffusion des premiers épisodes, ils se revendent aujourd’hui à prix d’or.
Et pour confirmer un peu plus qu’il s’agit bien d’une série ultra fashion, il faut s’intéresser de près aux looks de Carmy. Grand collectionneur de vêtements vintage, ce dernier dévoile notamment une collection impressionnante de jeans Levi’s datant des années 50, reconnaissables par l’absence de rivet sur les poches.
Mais c’est surtout son épais tee-shirt blanc à col rond et manches courtes, qui a fait sensation, générant des threads sur le forum Reddit, des débats sous forme de podcasts mais aussi des vidéos TikTok dans lesquels des milliers d’internautes cherchent la marque de son fameux haut.
S’il a longtemps été suggéré qu’il s’agissait d’une création de la marque Velva Sheen, une publication de The Strategist (le site web du groupe du New York Magazine dédié au shopping en ligne) a tranché : c’est un tee-shirt Merz b. Schwanen – et bien sûr, il est totalement sold-out.
Enfin, la nouvelle lubie mode de la saison 3 de la série est une paire de Birkenstock noires une nouvelle fois portée par Carmy.
4. Une saison 3 encore plus savoureuse ?
Le succès – critique et public – de The Bear a été si tonitruant, que la série fut renouvelée pour une deuxième saison trois semaines seulement après sa sortie sur la plateforme de streaming Hulu. Avec non plus huit mais dix épisodes, pour le plus grand plaisir des fans de la série.
Dans la saison 2, l’équipe de Carmy monte un tout nouveau restaurant, The Bear, après la fermeture de la sandwicherie de son frère. Il doit aussi faire face à de nouveaux défis : comment gérer le rythme de l’ouverture d’un établissement et une relation amoureuse naissante ?
Dans ce troisième chapitre, diffusé par Disney+, ce nouveau restaurant fait tout pour monter en grade. En effet, The Bear cherche à être classé parmi les établissements gastronomiques de haut niveau en obtenant une étoile. Encore une fois, le très intense Carmy va exiger le meilleur de la part de son équipe… Et de lui-même…
The Bear : sur place ou à emporter (depuis 2022) disponible sur Disney+.