La neige, complice du crime au cinéma, en 5 polars haletants
Sons étouffés, silence glacé, grandes étendues immaculées, impossibilité de se déplacer… La neige, symbole grandiose et élégant de l’angoisse, du désespoir ou de l’immense solitude, est un véritable allié pour tout cinéaste souhaitant s’adonner à l’art du thriller. Alors qu’une vague de froid traverse l’Europe, Numéro vous propose sa sélection de cinq polars cultes pour redoubler de frissons.
Par Alice Pouhier.
1. Huit femmes (2002), de François Ozon
La neige est au sommet de l’élégance dans le sublime huis clos de François Ozon, Huit Femmes (2002). Dans les années 50, le propriétaire d’une grande demeure bourgeoise est retrouvé mort. Autour de lui, huit femmes, parmi lesquelles Fanny Ardant, Isabelle Huppert ou encore Catherine Deneuve, ayant chacune une bonne raison d’avoir assassiné le vieil homme. Se retrouvant coincées ensemble tandis qu’une tempête de neige fait rage au dehors, les huit femmes sont obligées de se faire face. Le temps d’une nuit, entre chansons et dialogues poignants, les robes colorées virevoltent devant des fenêtres derrière lesquelles tombe silencieusement la neige, seul témoin d’un drame magistral.
2. Shining (1980), de Stanley Kubrick
Un immense hôtel désert perché dans les montages enneigées du Colorado, c’est le lieu qu’a choisi un écrivain pour se retirer du monde et y attendre l’inspiration. Arrivé sur les lieux avec son épouse et son fils de 5 ans, le maitre d’hôtel lui apprend qu’un précédent gardien, Charles Grady, a massacré ici sa femme et ses deux filles jumelles il y’a quelques années. Dans le célèbre film de Stanley Kubrick inspiré d’un roman de Stephen King, Jack Torrance, interprété par Jack Nicholson, sombre lentement dans la folie après plusieurs semaines d’isolement.
3. Les huit salopards (2015), de Quentin Tarantino
“Le blanc se marie bien avec le rouge” aurait pu être un titre alternatif pour le western glacial de Quentin Tarantino, sorti en 2015. Quelques années après la guerre de Sécession, un cocher, un chasseur de prime et sa prisonnière, Daisy, cheminent en diligence au milieu de paysages naturels à la beauté saisissante. Soudain, alors qu’un blizzard souffle sur les rocheuses, ils sont contraints de se réfugier dans un chalet isolé où logent déjà le gardien, un bourreau, un conducteur de troupeaux et un général sudiste. Après un whisky et quelques histoires au coin du feu, de mystérieux crimes commencent : l’un des habitants du chalet est un complice de Daisy, prêt à tout pour l’aider à s’échapper.
4. Fargo (1996), de Joel et Ethan Cohen
Dans le sixième film des frères Coen présenté en ouverture du Festival de Cannes en 1996, Frances McDormand, ayant obtenu l’Oscar de la meilleure actrice pour ce rôle, incarne une chef de la police locale enceinte, enquêtant sur des meurtres commis près de la ville de Brainerd, dans le Minnesota. Personnage ordinaire et plein de bonne volonté, se trouvant au mauvais endroit au mauvais moment – selon le schéma usuel des films des frères Cohen –, la policière se retrouve sur le chemin d’un directeur commercial au dessein machiavélique. Sur le point d’organiser le faux enlèvement de sa femme à l’aide de deux malfrats, le businessman ruiné souhaite obtenir une rançon et ainsi tenter d’échapper à la banqueroute.
5. Morse (2008), de Tomas Alfredson
Ce film suédois salué par la critique se déroule dans la banlieue de Stockholm dans les années 80. Un jeune garçon de 12 ans, victime de harcèlement scolaire, rêve de vengeance sur ses camarades moqueurs, lorsqu’il rencontre Eli, une voisine du même âge. Eli est pâle, mystérieuse, et intrigue énormément le jeune garçon : les deux enfants échangent en morse à travers le mur joignant leur deux appartements, jusqu’à ce qu’Oskar découvre qu’Eli n’est pas vraiment humaine… Ce film à la très belle photographie a obtenu de nombreuses distinctions, notamment le Méliès d’or du meilleur film fantastique européen en 2008, ainsi que le prix de la critique au Festival de Toronto.