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Killer Mike : le meilleur rappeur de l’année enflamme la Maroquinerie
Fondateur du duo Run The Jewels avec le rappeur El-P, proche collaborateur de Jay-Z et d’André 3000, Killer Mike a enflammé la Maroquinerie ce jeudi 29 août. Il y présentait notamment, avec un choeur de gospel, son septième album studio, Michael (2023), sacré meilleur disque de rap aux derniers Grammy Awards.
Par Alexis Thibault.
Le rappeur Killer Mike embrase la Maroquinerie avec un choeur de gospel
À défaut de faire entrer les 500 spectateurs de la Maroquinerie (Paris XXe) dans une église, Michael Santiago Render, 49 ans, a préféré hisser un choeur de gospel sur la scène de la salle parisienne. Ce jeudi 29 août, c’est sous son alias Killer Mike qu’il s’est présenté devant la foule, tout de blanc vêtu, pour interpréter les différents titres qui ont forgé sa légende. Et plus particulièrement ceux de son dernier album studio, Michael, sorti en 2023 et grandement acclamé par la critique. À l’issue de la cérémonie des derniers Grammy Awards, le 5 février 2024, le natif de d’Adamsville (Géorgie) avait raflé trois trophées majeurs devant, entre autres, Metro Boomin, Nas ou Travis Scott: meilleure chanson rap et meilleure performance rap pour son titre Scientists & Engineers (2023), et meilleur album rap pour Michael.
Fondateur du duo Run The Jewels en 2013 aux côtés du rappeur El-P, Killer Mike laisse derrière lui un public conquis par sa prestation. Pendant heure et demie, il a distribué des versets ultra percutants sur des beats old school, profitant de son flow lent et articulé et de sa voix grave et encrassée qui rappelle parfois celle de Rick Ross ou de Notorious B.I.G. Un gangsta rap volubile illuminé par la dimension lyrique d’un choeur de gospel somptueux, comme si les samples de son disc-jockey ne suffisaient pas.
Killer Mike : le rap old school d’un rappeur ultra moderne
Plutôt que se dresser en porte-parole d’une communauté prolétaire désabusée, le rappeur retors confiait plutôt à l’issue de la cérémonie des Grammy Awards : “J’ai consciemment tenté de faire le meilleur album du monde (…) L’enfant de 9 ans qui rêvait de faire de la musique est en train de danser en moi et a peur en même temps. J’ai voulu raconter l’histoire d’un jeune Noir qui grandit dans l’ouest d’Atlanta, afin que le monde puisse voir que notre histoire ne se résume pas à la victimisation et à la défaite, mais que nous pouvons gagner, prospérer et nous épanouir… »
En 2012, le journaliste de Pitchfork Ian Cohen flanquait un 8,6/10 à l’excellent opus R.A.P. Music puis écrivait : “Killer Mike a réussi à créer, de manière constante, certains des morceaux de hip-hop les plus viscéraux et intellectuellement puissants des quinze dernières années, sans avoir un véritable classique à son actif.”
Onze ans plus tard, c’est le journaliste Dylan Green qui prenait le relai pour s’attaquer au volcanique Michael, dressant le portrait d’un artiste déconstruit, épanoui et provocateur : “Les albums désinvoltes de Killer Miker se sont concentrés sur la dénonciation des injustices raciales et économiques dans le monde. Pendant la campagne présidentielle de Trump en 2016, les cris de ralliement fougueux de Mike ont capté une grande partie du mécontentement du pays. Quelques chansons plus tard, il soulignait l’importance de redistribuer les richesses aux travailleuses du sexe. En même temps, il incarnait cet esprit radical dans le monde réel, en créant des entreprises axées sur la communauté et en organisant des collectes alimentaires, entre autres initiatives.” À en juger par la façon dont le stand de merchandising de la Maroquinerie s’est fait dévaliser, nul doute que ce concert parisien caniculaire de la fin du mois d’août fera date.
Michael (2023) de Killer Mike, disponible.