4 avr 2019

Joeystarr et Béatrice Dalle ressuscitent Elephant Man aux Folies Bergère

Près de quarante ans après la création de la pièce de Bernard Pomerance, librement adaptée par David Lynch au cinéma, le metteur en scène David Bobée réunit l’ex-couple volcanique Joeystarr-Béatrice Dalle sur la scène des Folies Bergère. Ensemble, ils ressuscitent le mythe d’Elephant Man du 3 au 20 octobre.

1. Le metteur en scène David Bobée réunit un couple sulfureux

D’aucuns diraient qu’il a la gueule de l’emploi… mais pas en face de lui. Ancien émeutier du rap, le sulfureux Joeystarr a hurlé “Paris sous les bombes” – sans mégaphone – à l’orée des années 90. Mais son idylle avec Kool Shen, second pilier de NTM, prend fin cette année : après quelques feintes, le groupe se sépare définitivement. La fin du duo ne signe en rien la fin de carrière de Didier Morville qui a décidé, après s’être épris du 7e art dans les années 2000, de se mettre radicalement à nu sur les planches. Depuis quelques mois, il égrène d’ailleurs les grands discours historiques de l’Assemblée nationale au Théâtre du Rond-Point, armé de sa voix éraillée, de ses grosses bagouzes et de ses cernes violacés, stigmates de 51 années d’excès en tout genre. Fin octobre, Joeystarr retrouve l’actrice Béatrice Dalle (37°2 le matin), celle avec laquelle il a partagé dix années de sa vie. Ensemble, sous la direction de David Bobée – qui dirigeait déjà la comédienne dans Lucrèce Borgia en 2014 –, ils ressuscitent une créature mythique du cinéma : Elephant Man.

2. À l’origine, une pièce de théâtre à succès

Novembre 1977. Une foule de curieux se presse devant l’enceinte du l’Hampstead Theatre de Londres, dans une effervescence semblable à celle d’un freak show du XIXe siècle. La pièce que le dramaturge Bernard Pomerance (1940-2017) présente pour la première fois n’a rien à envier à ces cirques de l’effroi. L’Américain s’est inspiré des mémoires de Joseph Merrick – devenu John Merrick dans l’œuvre – homme terriblement déformé par une maladie génétique et surnommé “Elephant Man”. Le chirurgien Frederick Treves découvre cet homme complètement défiguré, et humilié publiquement dans une foire. Il décide de l’extirper de cet enfer et découvre peu à peu que cet homme meurtri n’est pas le monstre que l’on croit. Le succès de The Elephant Man traverse l’Atlantique. Adapté à Broadway, il décroche le Tony Awards de la meilleure pièce en 1979. Sur les planches, contrairement au film, la puissance de la pièce est renforcée par l’audace de la mise en scène : en effet, l’acteur incarnant Merrick ne porte ni maquillage ni prothèse, laissant le soin au spectateur d’imaginer son visage difforme. Au fil du temps, The Elephant Man connaitra plusieurs revivals – notamment en 2002 et en 2015 –, et différents acteurs reprendront le rôle. Parmi eux : David Bowie, Mark Hamill ou Bradley Cooper.

  1. 3. Une adaptation libre de David Lynch

Anthony Hopkins – qui incarne le chirurgien – s’engage dans le projet d’Elephant Man tourné par David Lynch sans cacher ses réserves concernant le réalisateur. Dans cette adaptation libre, le cinéaste éloigne le scénario du fait divers original, transformant le prologue et l’épilogue du récit. Cette initiative déplaît fortement à Bernard Pomerance qui intente une action en justice. Malgré tout, le film sort en 1981. Lynch a choisi John Hurt (Midnight Express, Alien) pour incarner l’étrange Elephant Man. Nommé aux Oscars dans huit catégories, le long-métrage ne décroche aucune statuette mais se console avec le César du meilleur film étranger et trois BAFTA. Fasciné par l’œuvre de Lynch, le producteur Dino De Laurentiis l’invitera ensuite à réaliser Dune, adaptation du chef-d’œuvre de Frank Herbert.

“Elephant Man” de David Bobée avec Joeystarr et Béatrice Dalle, du 3 au 20 octobre aux Folies Bergère.