Wonka : faut-il (re)voir le film avec Timothée Chalamet sur Canal+ ?
Diffusé sur Canal+ ce vendredi 13 septembre, le film Wonka met en scène Timothée Chalamet dans la peau du jeune chocolatier interprété par Johnny Depp en 2005 dans Charlie et la Chocolaterie. Mais s’agit-il d’une friandise parfaite ou d’un film trop mièvre et sucré ?
par Camille Bois-Martin.
Alors que l’automne qui arrive s’annonce chaque année comme la saison durant laquelle visionner les films les plus mièvres sans avoir à s’en excuser, le Wonka de Paul King – diffusé ce vendredi 13 septembre sur Canal+ – en est un exemple parfait. La musique du film, signée par Neil Hannon et chantée par tout le casting (y compris, et surtout, par Timothée Chalamet), place le récit, dès les premières minutes, dans une atmosphère enjouée, légère et entraînante.
Chanteur principal de ces apartés musicaux, Willy Wonka nous emporte dans une époque lointaine et imaginaire, vêtu comme s’il sortait tout droit d’un dessin animé, redingote, chapeau haut-de-forme, foulard chic et chaussures vernies aux pieds.
Le film Wonka : parfaite friandise cinématographique de Noël ?
Présenté comme un préquel du célèbre Charlie et la Chocolaterie de Tim Burton, la comédie musicale de Paul King revient sur l’enfance et la jeunesse du célèbre chocolatier et inventeur Willy Wonka, personnage espiègle imaginé par le romancier Roald Dahl en 1964. On y retrouve en tout cas toutes les sucreries et chocolats qui peuplent son univers fantasque, des chocolats qui font s’envoler ceux qui les croquent aux confiseries qui provoquent une pilosité incontrôlée à ceux qui les avalent.
Le tout planté dans un décor féérique (dans une ville qui ressemble à Oxford et à Paris) recouvert de neige et illuminé de lumières colorées. Pour tout cela, Wonka est assurément la parfaite friandise cinématographique de Noël – “scrumdiddlyumptious”, comme les personnages s’amusent à le répéter.
Un Timothée Chalamet attachant et guilleret dans le rôle de Wonka
Interprété au fil des décennies par un attrayant Gene Wilder en 1971 puis par un étrange Johnny Depp en 2005, Willy Wonka fait partie de ces personnages si emblématiques qu’il en devient difficile de l’incarner avec justesse, sans s’attirer les foudres des critiques. Le risque du Wonka de Paul King réside dans sa volonté à raconter les débuts du chocolatier de Dahl, dans la lignée des deux premiers films qui ont forgé son succès. Le choix de se tourner vers le nouveau chouchou d’Hollywood, l’acteur Timothée Chalamet, est donc à double-tranchant. Si on retrouve chez lui le même sourire espiègle que Johnny Depp, le jeune acteur franco-américain apporte au personnage un regard pétillant et une moue attachante bienvenue.
Évitant le risque de n’être résumé qu’à une fade copie du Willy Wonka du film de 2005 ou à un remake de celui des années 70, Timothée Chalamet compose un jeune apprenti chocolatier guilleret, plein de tendresse et de générosité – y compris (et surtout) avec les mauvaises personnes. Illettré et légèrement emmanché mais persuadé de sa réussite, le personnage interprété par l’acteur est un chocolatier attachant et quelque peu candide, qui distribue autant de bonbons que de leçons de vie infantiles rabâchées en chanson.
Wonka de Paul King : un préquel bien loin de l’univers de Tim Burton
Il faut dire que des chansons, le film de Paul King en compte beaucoup… Trop ? Pour ceux qui s’attendaient à découvrir un préquel de l’univers fantasque et obscur de Tim Burton, ce nouveau Wonka est en effet tout sauf cela. Si l’on retrouve, bien sûr, quelques pans sombres et quelques personnages sinistres, l’ensemble du film mené par Timothée Chalamet est parfois à l’image d’une guimauve : trop édulcoré et trop moelleux. L’histoire originelle de Willy Wonka est ici réinventée, le présentant comme un orphelin s’accrochant au souvenir ému de sa mère, bien loin donc du Wonka de Tim Burton qui exècre son père et ne parvient pas à prononcer le mot “parent” au risque de vomir. Il n’y a pas, dans ce nouvel opus, ce je-ne-sais-quoi à la fois malaisant et séduisant qui nous séduit tant dans l’univers du réalisateur américain à l’origine de Noces funèbres.
Mais là se trouve peut-être aussi tout le cœur de ce long-métrage signé Paul King : il ne s’est jamais réclamé de Tim Burton, mais plutôt de la première adaptation de 1971 — dont il calque les Oompa Loompa, petits êtres sanguins à la peau orange interprétés ici par un risible Hugh Grant. D’ailleurs, pour imaginer ce préquel, le réalisateur raconte à de nombreuses reprises en interview s’être projeté dans la tête de Roald Dahl en se demandant comment il aurait écrit l’enfance de Wonka.
Un pari réussi, puisque le réalisateur incorpore ce qu’il faut de mignon et de rigolo pour plaire aux enfants, tout en conservant une part d’obscurité à travers des figures ambivalentes et malveillantes (telle une gérante d’auberge grotesque jouée par Olivia Colman ou un policier cupide et gourmand joué par Keegan-Michael Key), sans pour autant tomber dans le caricatural.
À l’image de l’univers sordide et enchanteur de la série Netflix Les désastreuses aventures des orphelins Baudelaire (2017-2019), le monde de Paul King est loin d’être décevant, peuplé de personnages proches de l’absurde et qui semblent ne jamais écouter la petite voix dans leur tête qui raisonne habituellement nos actions. Bref, Wonka est un film enthousiasmant qui ne manque pas d’arracher quelques rires – même aux plus grands.
Wonka (2023) de Paul King, avec Timothée Chalamet, diffusé le 13 septembre 2024.