12 avr 2021

Hommage à June Newton alias Alice Springs, portraitiste emblématique d’Hollywood

June Newton, qui fut l’épouse du célèbre photographe Helmut Newton, s’est éteinte vendredi à l’âge de 97 ans. D’abord actrice, puis peintre, c’est finalement comme photographe et sous le pseudonyme d’Alice Springs qu’elle accéda à la notoriété à l’âge de 48 ans, et s’imposa comme l’une des portraitistes les plus demandées du XXe siècle.

En 1947, June Brunell est une jeune Australienne de 24 ans passionnée de théâtre. À Melbourne, où elle a grandi, elle rencontre Helmut Newton, un jeune photographe d’origine juive qui a fui l’Allemagne d’avant-guerre. Un an plus tard, ils se marient. Tandis qu’elle se détourne du théâtre pour lui préférer la peinture, la carrière de son mari connaît une ascension fulgurante. En 1957, le photographe décroche un contrat avec Vogue UK, et les époux s’installent à Londres. Monsieur ne s’y plaît pas, alors en 1960, ils emménagent à Paris.

 

Si Jane Brunell vit alors dans l’ombre de son époux, en 1971, le succès change de camp. Il a suffi d’une grippe pour que June Newton devienne Alice Springs. Souffrant, son mari doit en effet décommander une séance photo pour une grande marque de cigarettes. Après un topo express sur le fonctionnement de son appareil, il envoie son épouse, – qui connaît mieux que personne la manière de travailler et les procédés de son mari –, réaliser les clichés à sa place. La campagne est un vrai succès, et très vite, la rumeur se répand dans le Tout-Paris : la femme d’Helmut Newton a un œil bien à elle. Son époux lui conseille alors de changer de nom “car il y a déjà un Newton célèbre dans la famille”. En hommage à ses racines, elle prend, à 48 ans, le nom d’une ville située au cœur du désert australien : Alice Springs.

 

Alors qu’elle se lance dans la photographie d’abord comme remplaçante de son mari, les commandes se multiplient. Ses images candides, naturelles et réalistes font mouche : en 1974, Alice Springs fait déjà la couverture du magazine Elle. Autodidacte et instinctive, la photographe novice s’inscrit dans le courant naturaliste, aux antipodes des mises en scène artificielles et ultra léchées de son mari. En pleine Nouvelle Vague, cette candeur séduit jusqu’à traverser l’Atlantique: l’artiste de 51 ans prête son œil à Vanity Fair et Vogue. Son carnet d’adresses bien garni lui ouvre la porte de toutes les célébrités de l’époque : grands couturiers, top models, actrices, cinéastes… Yves Saint Laurent, Madonna ou encore Catherine Deneuve passent ainsi devant l’objectif d’Alice Springs, dont la carrière s’étoffe. Ses portraits, bruts, sans artifices, capturent, intact, le charisme du modèle, accordant une place centrale au regard. La photographe, mettant un point d’honneur à créer des images fidèles à la réalité, est très attachée à l’environnement comme témoin direct de la personnalité, immortalisant célébrités et anonymes dans leur intimité. Jusqu’au 30 juin, il sera possible d’admirer l’un des portraits d’Alice Springs à l’occasion de l’exposition “Femmes en Regard”,  présentée à la Maison Guerlain – dès la réouverture de la boutique –, au 68 avenue des Champs-Élysées.

 

« Femmes en Regard », présentée à la Maison Guerlain, au 68 avenue des Champs-Elysées, 75008 Paris.