Les confessions de Zoey Deutch, la magnétique actrice du futur film culte Nouvelle Vague
C’était l’une des plus réjouissantes surprises du Festival de Cannes. Le nouveau film de Richard Linklater, Nouvelle Vague, ressuscite le tournage du film culte À bout de souffle. On y retrouve une joyeuse troupe d’acteurs, tous excellents, dont la comédienne américaine, Zoey Deutch, 30 ans. L’occasion de rencontrer la star montante, au chic fou, proche de la maison Chanel.
propos recueillis par Violaine Schütz.
Publié le 28 mai 2025. Modifié le 1 juin 2025.

Le réalisateur Richard Linklater (Before Sunrise, Boyhood) lui avait proposé le rôle 10 ans auparavant. Et il avait vu juste… Dans le jouissif, cinéphile et intello Nouvelle Vague, l’actrice américaine Zoey Deutch (The Politician, Juré n° 2, Before I Fall) incarne la star Jean Seberg, en plein tournage d’À bout de souffle (1960).
Dans la peau de l’artiste à la vie tragique, la comédienne de Retour à Zombieland, Vampire Academy et Ringer ne manque pas de souffle ni d’impertinence et de charme. Alors que Jean-Luc Godard éreinte ses acteurs sur un plateau aux horaires décousues, écrivant au jour le jour son scénario, Jean Seberg lui tient tête, se moque de lui et menace de partir.
Zoey Deutch, l’impertinente Jean Seberg du nouveau film de Richard Linklater
Métamorphosée, Zoey Deutsch, proche de la maison Chanel, a préféré se couper les cheveux et les teindre en blond pour se glisser dans la peau dans l’héroïne ultra moderne de la Nouvelle Vague. Et elle a même appris le français pour réagir au mieux face aux répliques de ses camarades hexagonaux.
Résultat ? La fille de l’actrice Lea Thompson (Retour vers le futur) et du réalisateur Howard Deutch (Melrose Place, American Horror Story), est à la fois émouvante et piquante dans ce rôle. De quoi nous donner envie de la rencontrer sur une terrasse de la Croisette durant le Festival de Cannes, alors que le film était en compétition..

L’interview de l’actrice de Nouvelle Vague
Numéro : Quand est-ce que le réalisateur Richard Linklater vous a parlé du film Nouvelle Vague ?
Zoey Deutsch : Richard Linklater m’a parlé du film il y a 10 ans de cela. Nous étions en train de tourner un film intitulé Everybody Wants Some !! et il m’a demandé : « Est-ce que ça te dirait de jouer Jean Seberg dedans ? » Je lui ai répondu : « Tu plaisantes ? Ce serait un rêve qui deviendrait réalité. » Et près de dix ans plus tard, on l’a fait !
Mais avant qu’il ne vous fassez signer un contrat pour ce film, étiez-vous sûre qu’il se ferait et qu’il ferait appel à vous ?
Je ne savais pas vraiment. Je n’en étais pas sûre à 100%. J’ai toujours espéré, simplement parce j’ai toujours eu envie de retravailler avec lui. Je gardais espoir, mais on ne sait jamais.

“Richard Linklater m’a proposé le rôle de Jean Seberg il y a 10 ans.” Zoey Deutch
Comment est-ce de travailler avec Richard Linklater ?
Je l’aime tellement. Je pense qu’il est l’un des plus grands réalisateurs de tous les temps. Il est tellement prolifique, et tellement en phase avec son artiste intérieur. Il ne se laisse pas influencer et ne suit pas les tendances ou ce que les gens veulent qu’il fasse. Richard ne s’est jamais laissé piégé par les conneries de cette industrie. Pas une seule fois. Il fait le film qu’il veut faire, et s’il n’y arrive pas, il le fera dans 13 ans. Et il est patient. L’histoire de beaucoup de ses films c’est qu’ils prennent du temps, mais il s’y tient, il les nourrit, les cultive, et le moment vient toujours. Bref, c’est une personne incroyablement inspirante, et je me sens très chanceuse de pouvoir lui téléphoner comme ça.
Que saviez-vous à propos de l’actrice Jean Seberg avant de l’incarner dans Nouvelle Vague ?
Je savais pour sa liaison avec Hakim Jamal, militant des Black Panthers. J’avais vu le biopic Seberg centré sur ce sujet, avec Kristen Stewart, qui est incroyable dedans. J’avais un bref historique de sa vie en tête, mais Nouvelle Vague s’attarde à un moment précis de son existence. C’est une période très précise. Il ne s’agit pas de dresser sa biographie. C’est juste après qu’elle ait tourné Bonjour Tristesse d’Otto Preminger. Elle est encore très traumatisée par son premier tournage, Sainte Jeanne, dans lequel elle incarne Jeanne d’Arc. Les critiques l’ont complètement démolie (Jean Seberg déclarera à ce sujet : “J’ai deux souvenirs de Sainte Jeanne. Le premier, c’est d’avoir été brûlée sur le bûcher dans le film. Le second est d’avoir été brûlée sur le bûcher par les critiques”, ndlr).

“J’ai travaillé avec des réalisateurs pour lesquels je ne savais pas si je leur donnais ce qu’ils voulaient. Et c’est effrayant.” Zoey Deutch
Et elle est devenue une star du jour au lendemain…
Elle a été tirée de l’ombre, de Marshalltown dans l’Iowa. Il l’a choisie parmi 18 000 candidates pour ce rôle. Et il était très dur avec elle sur le plateau. Elle était jeune, dans ce monde de fous, et travailler avec… Godard, c’était tout le contraire de travailler avec Preminger. Ce dernier était strict et rigide tandis que Godard voulait que vous soyez vous-même, libre, sans préparation. Sans apprendre votre texte, avant d’arriver sur le plateau. C’était improvisé. C’était un challenge difficile pour elle.
Dans le film, on voit Jean Seberg ne pas hésiter à taquiner Godard sur sa façon de travailler. Il ne tourne que 2 heures par jour, écrit le scénario au jour le jour et ne lui donnent son texte qu’au dernier moment… Ce dont elle n’a pas l’habitude…
Ces moments de taquinerie sont historiquement exacts. Même si Nouvelle Vague est une interprétation, une façon d’imaginer ce qui s’est passé sur le tournage d’À bout de souffle. J’ai trouvé ça drôle et audacieux qu’elle se moque de lui. Et j’ai apprécié qu’elle essaie de s’amuser. C’est l’une des choses qui la caractérisent : son essence même. Même si elle est effrayée, sceptique et très remise en question par Godard, j’ai l’impression qu’elle essayait d’en profiter. Elle le voulait. C’était juste un défi.
“C’est l’un des avantages d’être acteur : on vit des vies très différentes.” Zoey Deutch
Dans le film, Godard n’est pas tendre avec ses acteurs. Avez-vous déjà vécu ce genre d’expérience sur un tournage ?
J’ai déjà expérimenté le romantisme de l’impro avec une réalisatrice. C’est un art spectaculaire. C’est l’une des premières choses que j’ai faites pendant ma formation d’actrice, très jeune : m’initier à l’impro. Et j’adorais et respectais cette pratique. Mais on je pense qu’il y a une fausse idée de ce qu’est l’impro. La réalisatrice m’a simplement dit : “Oh, improvise, tout simplement.” Ça n’avait aucun sens. C’était décousu, ça semblait errant et sans but. Ça ne marchait pas vraiment parce que le contexte de la scène n’était pas clair. Les scènes n’avaient pas vraiment de signification. Mais les gens pensaient qu’elles en avaient… Sinon, j’ai certainement travaillé avec des réalisateurs pour lesquels je ne savais pas si je leur donnais ce qu’ils voulaient. Et c’est effrayant.
Vous avez raconté avoir visité (et prié devant) la tombe de Jean Seberg au cimétière Montparnasse. Et ce jour-là, alors que vous filmiez une scène cruciale (la dernière séquence d’À bout de souffle), il s’est arrêté de pleuvoir comme par magie. Quel souvenir gardez-vous du tournage de Nouvelle Vague ?
Un souvenir incroyable. Retrouver l’un de mes réalisateurs préférés, vivre et travailler en France, incarner cette figure emblématique du cinéma, et explorer en profondeur une nouvelle approche du cinéma qui se jouait sur A bout de souffle. C’était une expérience enrichissante et joyeuse. On s’est beaucoup amusés. J’adore le casting. C’est un super groupe incroyable.
“Les gens veulent voir de l’authenticité. Ils ne veulement pas voir des gens essayer de faire quelque chose d’iconique.” Zoey Deutch
Physiquement, vous êtes métamorphosée dans le film…
Oui, j’ai choisi de coupé mes cheveux que j’avais longs et noirs. Ce n’est pas une perruque. Personne ne me l’avait demandé. Et je pense que tout le monde pense que c’est une perruque. Mais j’ai vraiment coupé tous mes cheveux et ils sont à peine en train de repousser. C’était une opportunité formidable. C’est l’un des avantages d’être acteur : on vit des vies très différentes. Je me suis dit : « Super ! Je n’ai jamais eu de coupe pixie blonde, et quand est-ce que je le ferais ? » Je ne pourrai jamais faire ça dans la vraie vie. Allons-y. Essayons. Et c’était génial.
Dans Nouvelle Vague, vous portez des vêtements devenus iconiques de l’histoire du cinéma, comme le fameux t-shirt Herald Tribune d’À bout de souffle ou les marinières de Jean Seberg…
Les costumes sont très importantes dans ce film car ils retranscrivent l’époque. Et c’est une époque que nous percevons dans notre esprit comme si romantique, magnifique et très mode. Jean Seberg est une icône de la mode. C’est tellement drôle maintenant de connaître l’histoire et le contexte de ce qui s’est passé durant le tournage. Elle avait ses cheveux blonds courts, non pas par affirmation. C’était parce qu’elle s’était rasé les cheveux pour Sainte Jeanne, dans lequel elle jouait Jeanne d’Arc. Ensuite, elle les portait cours dans Bonjour Tristesse car ils repoussaient.
Sa coupe mythique sur À bout de souffle était donc presque un accident.
Oui. Comme son allure dans le film. Certains de ses vêtements d’À bout de souffle devenus iconiques étaient très cheap. C’était du Prisunic. Certaines pièces étaient ses propres vêtements aussi. Elle s’occupait elle-même du stylisme. C’est pour ça que beaucoup de ses looks semblent si authentiques et non forcés. Les gens veulent voir de l’authenticité. Ils ne veulement pas voir des gens essayer de faire quelque chose d’iconique. On voit ça tout le temps aujourd’hui. Les gens essaient d’avoir leur moment. On peut pas faire ça. C’est comme la magie. Ça arrive. Ou pas.
“Qui n’aime pas Truffaut ?” Zoey Deutch
Êtes-vous une grande fan de cinéma français ?
Oui bien sûr ! Qui n’aime pas Truffaut ? J’adore Truffaut. Je le trouve incroyable. Les Quatre Cents Coups : quel film ! Et bien sûr, j’adore aussi Godard. Ce qui était génial, c’est que pour préparer Nouvelle Vague, j’avais une liste de je ne sais plus combien de films donnée par Richard Linklater à voir. Je les ai visionnés cinq mois avant, puis pendant le tournage. C’était le paradis de pouvoir revoir de vieux films pour le travail.
Est-ce votre première fois au Festival de Cannes ?
C’est la première fois que je viens avec un film en compétition (le film était en sélection officielle pour la Palme d’or). C’est assez incroyable. Je pense que c’est le rêve de toute actrice de voir l’un de ses films être en compétition à Cannes. Je me sens très honorée.
Le film Nouvelle Vague de Richard Linklater n’a pas encore de date de sortie. Il était en compétition au Festival de Cannes 2025.