Un parfait inconnu : pourquoi le film sur Bob Dylan est le meilleur biopic du moment
Parmi la jungle des biopics hollywoodiens, celui sur la vie et la carrière de l’immense Bob Dylan, Un parfait inconnu, vaut le détour. Pour incarner à l’écran le chanteur culte, le réalisateur James Mangold a jeté son dévolu sur Timothée Chalamet. Un choix plus que judicieux. L’acteur de Dune tient là l’un de ses meilleurs rôles…
par Nathan Merchadier.
et Violaine Schütz.
Un biopic sur Bob Dylan avec l’incandescent Timothée Chalamet
À tout juste 29 ans, l’acteur franco-américain Timothée Chalamet est l’une des valeurs sûres du cinéma mondial. Hollywood s’arrache de plus en plus le talent et la beauté du héros du film de science-fiction Dune, deuxième partie de Denis Villeneuve.
Ces dernières années, on a vu l’acteur dans le film choral The French Dispatch de Wes Anderson, dans Bones and All (2022) de Luca Guadagnino ou encore dans le fantasque Wonka (2023). Mais la large palette de Timothée Chalamet semble sans limites. Comme il le démontre en entrant dans la peau d’une légende du folk… En effet, c’est le jeune Bob Dylan qu’incarne l’acteur dans Un parfait inconnu, le beau biopic consacré au musicien réalisé par James Mangold (Le Mans 66, Logan, Walk the Line).
Le fougueux Timothée Chalamet a pris son rôle très au sérieux… En plus d’arborer parfaitement les looks phares du chanteur (Wayfarer, jean skinny, veste en cuir), il interprète lui-même les titres du Rimbaud du rock et a appris à gratter parfaitement les cordes d’une guitare tout en s’initiant à l’harmonica. Résultat ? Il est bluffant et très crédible en jeune compositeur déterminé à se faire un nom dans le New York bouillonnant des sixties. Tout en connaissant les affres du doute, de la solitude et des amours contrariées. Ambigu, Bob Dylan ne se laissera jamais enfermer dans une case. Et l’acteur franco-américain parvient à retranscrire ses tensions, son mystère et sa quête de liberté.
Un parfait inconnu, tout sauf une page Wikipédia selon James Mangold
L’autre atout du biopic Un parfait inconnu, c’est qu’il prend place dans la scène musicale new-yorkaise très télégénique du début des années 60, celle des clubs, des rues sales et des manifestations. Le marginal Bob Dylan, jeune homme de 19 ans originaire du Minnesota, y arrive, armé de sa guitare et de ses textes enlevés, dans les salles de concerts de la Big Apple. Il va peu à peu séduire la scène folk (et Joan Baez) jusqu’à s’en détourner, le temps d’un live au Newport Fork Festival. Il décide alors, devant les défenseurs de la musique folk, de dévoiler un set rock’n’roll qui crée la controverse…
Lors d’une conférence de presse qui s’est tenue au Bristol, à Paris, le 16 janvier 2025, le réalisateur James Mangold se confie à propos de ce projet ambitieux qui sortira au cinéma le 29 janvier 2025 : “L’idée n’était pas de faire une page Wikipédia sur Bob Dylan en retraçant toute sa vie, mais de comprendre ce qu’il a pu ressentir dans ces années-là.” Le cinéaste a voulu raconter « la complexité fascinante de l’être humain au-delà de l’artiste prodigieux » mais aussi toute une époque électrique, celle du mouvement américain des droits civiques et des chansons anti-guerre.
Un film qui raconte une icône en devenir
James Mangold explique qu’il a voulu se placer à hauteur d’homme : « Personne, au moment où il chante une chanson pour la première fois, ne sait qu’elle deviendra emblématique. Personne ne sait que cela deviendra un repère culturel. Le mot « icône » est une manière très moderne et post-Internet de désigner presque tout et n’importe quoi. À l’époque, Bob Dylan n’était qu’un chanteur et compositeur, mais il était clair qu’il était connecté à quelque chose de profondément puissant. »
Pour s’imprégner de cette culture, le réalisateur a pu compter sur un témoin de choc : Bob Dylan lui-même, qu’il a rencontré. « Il m’a dit que sa décision de passer à l’électrique n’était pas une tentative de révolutionner la culture ou de répondre à une attente. C’était simplement un désir de ne plus être seul sur scène, de collaborer avec d’autres musiciens qu’il admirait. Il n’avait pas conscience d’être au sommet d’un moment culturel charnière. Il vivait juste ce moment. Cela m’a rappelé cette vérité : nous ne savons pas toujours quand nous vivons des tournants majeurs de notre vie. C’est seulement avec le recul que l’on s’en rend compte. »
Monica Barbaro éblouit dans la peau de Joan Baez
Certes, il y eu d’autres films centrés sur la carrière de Bob Dylan. En 2007, le réalisateur Todd Haynes (Carol, Dark Waters) s’était inspiré de différents épisodes de la vie du chanteur américain pour la comédie dramatique expérimentale I’m Not There, mettant en scène Cate Blanchett et Christian Bale.
Mais ici, James Mangold décide de suivre une narration plus classique et vise juste. Dans la jungle des biopics hollywoodiens, Un parfait inconnu a le mérite d’offrir une retranscription fidèle, subtile et complexe d’une troupe d’artistes passionnés. En plus de Timothée Chalamet, qui tient là l’un de ses meilleurs rôles, on retiendra la performance tout aussi habitée de la magnétique actrice américaine Monica Barbaro (aperçue dans le dernier Top Gun). Elle incarne avec brio Joan Baez, l’une des autres grandes voix de la folk dans les années 60 aux États-unis qui a été la petite amie mais aussi la rivale de Bob Dylan. Leur relation complexe (voire toxique), entre amour et rivalité, est parfaitement dépeinte dans le film.
Comme Timothée Chalamet, l’actrice a appris à chanter et à jouer de la guitare afin d’interpréter la Madone du folk. « C’était extrêmement difficile, confie-t-elle lors de la conférence de presse parisienne, parce que j’admire tellement Joan. C’est une musicienne incroyable, et beaucoup de gens partagent cette admiration que j’ai pour elle. Essayer de me rapprocher de sa musicalité était donc intimidant. Un défi assez effrayant à relever. Mais c’était aussi le plus beau cadeau de tous les temps. Et maintenant, je sais jouer de la guitare, donc, c’est une victoire. »
Elle Fanning et Edward Norton au générique
On retrouve également au générique du film la jeune actrice américaine Elle Fanning (Super 8, Maléfique, The Neon Demon …) dans le rôle de la première petite amie de Bob Dylan ainsi que l’acteur Edward Norton (Fight Club) qui se mue en Pete Seeger, musicien américain et pionnier de la musique folk qui a largement influencé le travail de Bob Dylan à ses débuts.
Chacun d’entre eux participe au charme d’un film nommé à plusieurs reprises aux Oscars 2025, qui, on l’espère, donnera envie aux jeunes générations de s’intéresser à cette période effervescence et inspirante de la musique américaine.
Un parfait inconnu de James Mangold, avec Timothée Chalamet, Elle Fanning et Monica Barbaro, au cinéma le 29 janvier 2025.