Quels livres sur le cinéma (s’)offrir à Noël, de Catherine Deneuve à Sofia Coppola ?
De beaux livres sur les actrices iconiques Catherine Deneuve, Brigitte Bardot et Jeanne Moreau, l’autobiographie de Pedro Almodóvar, une somme sur Sofia Coppola ou un ouvrage de Polaroïds de Winona Ryder… Numéro a sélection de nombreux livres dédiés au cinéma à (s’)offrir pour Noël.
par Violaine Schütz.
et Louise Menard.
Un beau livre sur Jeanne Moreau
L’immense actrice française Jeanne Moreau, disparue en 2017, continue de fasciner. Et ce n’est pas ce livre regroupant des textes et des photos rares et préfacé par Rebecca Marder qui va calmer l’ardeur qui entoure la comédienne. Jeanne par Jeanne Moreau dessine le portrait d’une actrice intense, en s’attachant à sa carrière autant qu’à vie. On y trouve notamment des lettres échangées par Jeanne Moreau et des artistes tels que Pedro Almodóvar, Paul Auster, Louis Malle, Yves Saint Laurent, Delphine Seyrig, François Truffaut et Agnès Varda.
Jeanne par Jeanne Moreau (2023), préface de Rebecca Marder, textes choisis et présentés par Jean-Claude Bonnet, disponible aux éditions Gallimard.
Les archives de Sofia Coppola
La réalisatrice, actrice, productrice et scénariste américaine Sofia Coppola, 53 ans, est de nouveau dans l’actualité. En plus d’avoir sorti cette année son nouveau film, Priscilla, elle sera bientôt (en 2025) directrice artistique du bal du musée des Arts Décoratifs. Pour fêter ça, on peut s’offrir un beau-livre intitulé Sofia Coppola Archives: 1999-2023, sorti en septembre 2023. Et il s’agit du cadeau parfait pour les fêtes de fin d’année. L’objet, volumineux – de 488 pages – et de couleur rose, a en effet tout du coffee table book, d’autant plus qu’il existe dans une version signée par la cinéaste, présentée dans un coffret.
Riche en images inédites, l’ouvrage nous plonge dans les coulisses des films de la réalisatrice à l’univers poétique, presque tous devenus cultes. On y trouve notamment des clichés de Scarlett Johansson et Bill Murray dans Lost in Translation (2003), d’Emma Watson dans The Bling Ring (2013) et de Kirsten Dunst dans Virgin Suicides (1999) et Marie-Antoinette (2006).
Sofia Coppola Archive: 1999-2023 (2023) de Sofia Coppola, disponible sur le site de Mack Books.
Charlotte Gainsbourg, Lou Doillon et Jane Birkin photographiées par Kate Barry
La photographe Kate Barry, disparue en 2013, a réalisé de magnifiques clichés, notamment de sa famille, souvent pris en Bretagne et shootés en noir et blanc. Dans le livre Kate Berry. My own space, sorti en 2023 et préfacé par Lola Lafon, on retrouve de belles images de sa mère, la regrettée Jane Birkin et de ses demi-sœurs Lou Doillon et Charlotte Gainsbourg. Mais aussi de Laetitia Casta et de Lou Lesage. Enfin des actrices qu’elle a photographiées, tels qu’Emmanuelle Béart, Monica Bellucci, Carla Bruni, Valeria Bruni-Tedeschi, Sophie Marceau, Catherine Deneuve, Isabelle Huppert, Chiara Mastroianni ou encore Vanessa Paradis, évoquent leurs souvenirs de la photographe.
Kate Berry. My own space (2023), préface de Lola Lafon, disponible aux éditions de La Martinière.
Un livre à la gloire de Catherine Deneuve
Cette année, l’immense actrice Catherine Deneuve fête ses 81 ans et demeure une icône. Récemment à l’affiche du film Bernadette, l’actrice n’a rien perdu de sa superbe. Pour la célébrer, les journalistes du magazine So Film et la maison d’édition Marabout ont récemment sorti un livre qui raconte tous ses visages et revient sur son « féminisme controversé » autant que sur les secrets de son blond. Intitulé Il était une fois Deneuve, l’ouvrage de 250 pages s’attardent sur de nombreuses questions telles que : “Est-ce si difficile d’incarner le visage de la France dans le monde ?” ou “Si le diable s’habille en Prada, pourquoi Deneuve porte-t-elle du Saint Laurent ?” On retrouve également des témoignages de Gilles Jacob, Etienne Daho, Marjane Satrapi, Hirokazu Kore-eda ou encore Loïc Prigent.
Il était une fois Deneuve (2023) aux éditions Marabout et Sofilm.
Un livre de Polaroids de Winona Ryder
Robert Rich, ancien vice-président des relations publiques pour le label Marc Jacobs, a été proche de l’actrice Winona Ryder, à la fin des années 90 et dans les années 2000. Leur amitié a donné lieu à de nombreux Polaroids, aujourd’hui compilés dans un livre, disponible depuis 2023 sur le site de la maison d’édition Idea Books. L’ouvrage, simplement intitulé Winona, préfacé par Marc Jacobs, nous permet de plonger dans l’intimité (et dans la salle de bain) de l’icône irrésistible des années 90, ressuscitée par la série Stranger Things. Et ses looks n’ont pas pris une ride.
Winona (2023) de Robert Rich, disponible aux éditions Idea Books.
Des essais sur la série culte Buffy et sur le génie queer de Gregg Araki
Dans l’essai Buffy ou la révolte à coups de pieu, la journaliste française Marion Olité analyse le succès, critique et public, de la série culte. Diffusé entre 1997 et 2003, le show Buffy contre les vampires a raconté, avec une myriade de métaphores (et de démons), les affres du passage à l’âge adulte. L’héroïne, Buffy Summers (incarnée par l’actrice américaine badass Sarah Michelle Gellar), est aussi vue comme un symbole d’émancipation contre le patriarcat. Analysé par des universitaires, le programme est bien plus qu’un divertissement. Pour Marion Olité, la série offre même des « pistes de réflexion pour mieux vivre ensemble et peut-être même, sauver le monde.”
Toujours dans la même maison d’édition (la très recommandable Playlist Society), le docteur en lettres modernes et en études cinématographiques Fabien Demangeot s’intéresse à un cinéaste phare de la contre-culture : Gregg Araki. Le réalisateur à qui l’on doit le film culte The Doom Generation (1995) et Mysterious Skin (2004) est connu pour ses personnages marginaux et hauts en couleur, mais aussi pour sa façon d’abord des thématiques queer. Cet essai entend questionner “l’évolution des représentations des minorités sexuelles et de genres au sein d’une industrie cinématographique qui, bien qu’en apparence plus inclusive, nie pourtant leur singularité.”
Buffy ou la révolte à coups de pieu (2023) de Marion Olité, disponible aux éditions Playlist Society. Gregg Araki, le génie queer (2024) de Fabien Demangeot, disponible aux éditions Playlist Society.
Les mémoires émouvants de Monica Vitti parmi les livres sur le cinéma à offrir à Noël
L’Avventura (1960), Le Désert rouge (1964), L’Éclipse (1962), La Notte (1961), autant de films cultes qui ont marqué à tout jamais le cinéma, portés par la seule et unique Monica Vitti. Née à Rome en 1931, l’actrice aux plus de cinquante films fait ses débuts au théâtre avant d’être repérée par le réalisateur Michelangelo Antonioni, qui fera d’elle sa muse et avec laquelle elle vivra une grande histoire d’amour.
Envoûtante de beauté, de talent et de charme, Monica Vitti écrit ses mémoires dans les années 1990 et pour la première fois, celle dont le talent et les yeux ont fait tourner bien des têtes décide de poser des mots sur ses secrets. À travers des notes sur ses parents, ce qu’elle pense de la mort, des hommes, de la mélancolie, l’actrice dévoile ainsi un peu de son mystère légendaire et intensifie un peu plus son statut d’icône du septième art.
Monica Vitti, mémoires (2024) de Monica Vitti, disponible aux éditions Séguier.
Un livre hommage à Christophe Honoré et le scénario commenté d’Anatomie d’une chute de Justine Triet
Des fantômes et des arts de Xavier Lardoux raconte avec une certaine pudeur le parcours cinématographique, littéraire et théâtral du réalisateur français Christophe Honoré. Entre des entretiens avec le cinéaste et des textes de ses proches comme Louis Garrel, Vincent Lacoste et même Catherine Deneuve, ce livre convoque de nombreux souvenirs, des inspirations mais aussi de nombreux films allant de La belle personne (2008) à Marcello Mio (2024). L’amour adolescent, la maladie, la solitude, les combats intérieurs, la famille, tous ces thèmes chers au réalisateur abordés dans cet ouvrage publié par Gallimard nous rappellent à quel point Christophe Honoré a imposé un cinéma sensible, universel et fondamental.
Toujours chez Gallimard, un autre livre met en valeur un artiste de génie du cinéma français. Il s’agit de la version commentée du scénario du thriller Anatomie d’une chute de Justine Triet, Palme d’or du Festival de Cannes 2023. Le script de cette histoire tragique qui a fasciné les critiques comme le public est complété par des commentaires éclairants de ses auteurs (Justine Triet et Arthur Harari) ainsi que des informations peu connues qui dévoilent les coulisses du film qui a fasciné l’étranger. On y trouve également des photos de tournage et, comble du luxe, un dessin de David Lynch.
Christophe Honoré. Des fantômes et des arts (2024) de Xavier Lardoux, disponible aux éditions Gallimard. Anatomie d’une chute, scénario commenté (2024) de Justine Triet et Arthur Harari, aux éditions Gallimard.
L’éternelle Brigitte Bardot racontée dans un sublime ouvrage
“Qui a l’audace d’assumer cette sensualité animale et ravageuse, se moquant ouvertement de la morale en vigueur ?” interroge le journaliste français Vincent Perrot dans ce nouveau livre consacré à Brigitte Bardot. Adulée dans le monde entier pour son physique subjuguant et sa forte personnalité venant brutalement casser les codes établis, l’actrice construit sa vie avec passion et liberté. De Et Dieu… créa la femme (1956) à ses amours, en passant par son engagement auprès des animaux et l’arrêt brutal de sa carrière à seulement 38 ans, l’ouvrage, appuyé par la collection démesurée de Bruno Ricard, comprenant des photos, des affiches ou encore des couvertures de magazines, raconte la légende BB avec passion.
Brigitte Bardot: Internationale BB (2024) de Vincent Perrot et Bruno Ricard, disponible aux éditions de La Martinière.
La redécouverte des confidences d’Agnès Varda
À l’occasion de l’exposition hommage à la réalisatrice Agnès Varda intitulée “Viva Varda !” qui s’est tenue à la Cinémathèque française entre octobre 2023 et janvier 2024, les éditions de la Martinière décident de donner un second souffle à un livre publié en 1994 et grand absent des librairies depuis longtemps. À travers pas moins de deux volumes d’environ 300 pages chacun, regroupant les textes de la cinéaste et venant balayer sa vie et son œuvre avec tendresse et humour, on comprend une bonne fois pour toutes pourquoi la vision de la cinéaste est indispensable au cinéma français.
Varda par Agnès. L’intégrale (2023), disponible aux éditions de La Martinière.
L’autobiographie déguisée de Pedro Almodóvar
Avant que ne sorte (en janvier 2025) son prochain film, le bouleversant La chambre d’à côté, avec les épatantes Tilda Swinton et Julianne Moore, le cinéaste espagnol Pedro Almodóvar joue, avec talent, les romanciers avec ce livre qui mêle fiction et autofiction. Intitulé Le dernier rêve, l’ouvrage publié par Flammarion met en mots certaines des obsessions du réalisateur de la movida : les femmes (au bord de la crise de nerf), qu’elles soient muses ou figures maternelles, le trouble du genre, la religion ou encore le sexe. Le cadeau parfait pour tous les fans d’univers fantasques et de réflexions profondes sur la vie et l’art.
Le dernier rêve (2024) de Pedro Almodóvar, disponible aux éditions Flammarion.
Une réflexion passionnante sur notre obsession pour le cinéma d’horreur
Immaculée, The Substance, MaXXXine, Heretic, Smile 2, Trap, Abigail… Cette année, les films d’horreur étaient nombreux et ils ont fait grand bruit avec leurs scream queens toujours plus magnétiques, leurs effets spéciaux gore spectaculaires et leur fonction cathartique. Aristote disait, à propos des arts de son temps : “La tragédie, au moyen de la terreur et de la pitié, opère la purgation (catharsis en grec) de ces mêmes passions.” Et le genre cinématographie de l’épouvante joue dorénavant le même rôle pour les nouvelles générations.
C’est d’ailleurs sous l’angle philosophique que Claire Cronin, poétesse et musicienne folk américaine, a décidé de s’emparer du thème bankable des films d’horreur. Dans son ouvrage Les Écrans sanglants (paru chez l’excellente maison d’édition Le Gospel), elle s’interroge sur les raisons de notre amour pour ce cinéma sanglant en puisant à la fois dans son expérience (sa passion intense pour le genre) et dans la pensée de Guy Debord, Susan Sontag ou encore Jean Baudrillard. Résultat ? Cet objet intime et hybride (qui comprend aussi des textes poétiques) hante longtemps après lecture, à la manière d’un film d’Ari Aster.
Les Écrans sanglants : Cinéma d’horreur, mysticisme et regard féminin (2024) de Claire Cronin, disponible aux éditions Le Gospel.
Une ode aux bimbos
En 2024, entre le film Diamant brut qui met en scène une apprentie héroïne de télé-réalité au maquillage intense et l’incarnation sensible de Loana par Marie Colomb dans la série Culte, la figure de la bimbo était partout. Mais c’est aussi au rayon librairie qu’il faut aller la chercher…
En effet, la réalisatrice et journaliste Edie Blanchard lui consacre un essai féministe intitulé Bimbo, repenser les normes de la féminité, paru aux éditions JC Lattès. Cet archétype apparaît à la fois comme une femme-objet à la féminité exacerbée et très sexualisée, une menace et une figure émancipatrice (car oui, la bimbo peut être libre et désirer en être une, sans être simplement soumise au désir des hommes).
Mais si l’auteure décortique les mythes autour de ce stéréotype (qui hante le cinéma, les séries et la pop culture) de façon analytique, elle met aussi beaucoup de sa personne – et de son expérience de la féminité – dans ce récit aussi drôle que politique en se demandant pourquoi on ne pourrait pas à la fois être bimbo et intello. Derrière les lignes, on devine qu’Edie Blanchard, fille de Philippe Katerine, est un peu les deux.
Bimbo, repenser les normes de la féminité (2024) d’Edie Blanchard, disponible aux éditions JC Lattès.