Heretic va-t-il convertir les âmes sensibles aux films d’horreur ?
Complètement à contre-emploi, l’acteur Hugh Grant joue un psychopathe érudit et bavard dans le huis clos Heretic, un film d’horreur ingénieux et existentialiste qui sort au cinéma ce mercredi 27 novembre. Notre critique.
par Violaine Schütz.
Oubliez tout ce en quoi vous croyez… Ainsi pourrait se résumer Heretic, nouveau film d’horreur produit par le studio A24 qui sort ce mercredi 27 novembre 2024. Il y a d’abord le séduisant Hugh Grant qui campe le personnage le plus sombre de sa carrière. Loin des rôles d’héros d’amoureux irrésistibles de rom coms (Coup de foudre à Notting Hill, Love Actually, Le Journal de Bridget Jones, Quatre Mariages et un Enterrement), il joue dans Heretic un psychopathe solitaire vêtu d’un improbable gilet à carreaux vintage qui va s’en prendre à deux jeunes mormones.
Le pitch ? Deux missionnaires mormones (incarnées par Chloe East et Sophie Thatcher) habitant dans le Colorado font du porte à porte pour convertir de nouvelles personnes à leur église. Un soir, elles frappent à la porte d’une maison isolée appartenant au mystérieux Mr Reed, qui les y accueille (puis les capture) chez lui.
Heretic, le nouveau film d’horreur du studio A24 avec Hugh Grant
Les voilà alors prises dans un piège qui va mettre à mal (et tester) leur foi. Il faut aussi oublier, avant d’aller voir Heretic, les règles des films d’horreur. Jusqu’ici, la final girl est celle qui reste vierge. Ici, celle qui survivra est celle qui sera assez intelligente pour répondre par des arguments en béton armé aux discours sur la religion, la vie et la mort de leur hôte aussi seul que démoniaque et tordu.
C’est là la plus grande force de l’habile et claustrophobique thriller Heretic, réalisé par le duo de réalisateurs Scott Beck et Bryan Woods (65 : La Terre d’avant avec Adam Driver). Au lieu de nous offrir un film qui nous installe dès le départ dans l’horreur, ils déjouent les attentes en nous plongeant d’emblée dans un long dialogue philosophique et enlevé sur la théologie.
Heretic apparaît comme un huis clos psychologique suffocant dans lequel se joue un inquiétant débat théologique : les deux jeunes missionnaires prêchent pour leur paroisse tandis que leur interlocuteur compare les religions en insinuant que leur Dieu ne vaut rien.
Le très bavard et érudit méchant du film (incarné par Hugh Grant) va alors jusqu’à comparer les religions à des enseignes de fast-food, des jeux de société et des chansons pop, mentionnant au passage Lana Del Rey et Radiohead.
Un film existentialiste ingénieux porté par l’actrice Sophie Thatcher
Dans la deuxième partie du long-métrage, la joute verbale existentialiste se transforme en jeu du chat et de la souris dans une maison sombre et labyrinthique. Nous voilà alors immergés dans un survival movie anxiogène qui convainc moins que la première partie du film.
Si l’actrice et scream queen Sophie Thatcher (Yellowjackets, Le Croque-mitaine, MaXXXine) impressionne en jeune fille écorchée et ingénieuse, la peu charismatique Chloe East (The Fabelmans) dévoile une partition de biche effarouchée déjà vue mille et une fois.
La fin du film s’avère également plutôt plate par rapport à la course-poursuite et aux dialogues auxquels on a eu droit auparavant. Mais, mis à part ces bémols, Heretic s’impose comme l’un des meilleurs films d’horreur de l’année. De ceux qui pourraient convertir les cinéphiles peu enclins à aller voir ce type de long-métrage à la chapelle horrifique.
Heretic (2024) de Scott Beck et Bryan Woods, avec Hugh Grant et Sophie Thatcher au cinéma le 27 novembre 2024.