22 mai 2025

Cannes 2025 : qui pourrait remporter le Prix d’interprétation masculine ?

Notre sélection des acteurs qui crèvent l’écran dans cette édition 2025, de Joaquin Phoenix à Guillermo Del Toro.

  • par Olivier Joyard.

  • Publié le 22 mai 2025. Modifié le 23 mai 2025.

    Nos acteurs favoris pour le prix d’interprétation masculine

    Alors que le très attendu verdict du Jury du Festival de Cannes 2025, présidé cette année par Juliette Binoche, sera dévoilé le samedi 24 mai, la course au prestigieux prix d’interprétation masculine s’intensifie. Plusieurs acteurs de renom se détachent dans cette édition riche en émotions et en performances marquantes.

    En 2024, le Festival avait couronné Jesse Plemons pour Kinds of Kindness de Yorgos Lanthimos. Cette année, les projecteurs se braquent sur des candidats très différents. Mais tout aussi impressionnants. Entre la puissance intérieure de Wagner Moura, l’intensité légendaire de Joaquin Phoenix, la révélation Guillaume Marbeck ou encore la virtuosité toujours intacte de Benicio Del Toro, la compétition promet un prix d’interprétation masculine 2025 particulièrement disputé.

    Voici notre sélection d’acteurs qui pourraient bien monter sur la scène du Grand Théâtre Lumière pour recevoir le précieux prix d’interprétation masculine de ce Festival de Cannes 2025.

    Wagner Moura, puissance contenue dans L’Agent Secret

    Dans ce qui est l’un des plus beaux films de la compétition, L’Agent secret, l’acteur brésilien de Bahia (révélé en Pablo Escobar dans la série Narcos) se glisse dans la peau d’un ancien chercheur qui tente de refaire sa vie, dans ls Brésil de la dictature militaire durant les années 1970. Héros de ce thriller historique et politique, qui est aussi fresque sensuelle et très contemporaine sur la vie de personnes accablées par un pouvoir injuste, Wagner Moura impose son flegme et sa profondeur. Personne ne criera au scandale si le Jury de Juliette Binoche appelle son nom.

    Joaquin Phoenix, incarnation du chaos dans Eddington

    Déjà lauréat d’un Oscar et de deux Golden Globes, Joaquin Phoenix a également remporté le Prix d’interprétation masculine pour son rôle dans You Were Never Really There (rebaptisé A Beautiful Day pour sa sortie française) de Lynne Ramsay, en 2017. Il pourrait bien repartir une seconde fois avec le même Prix d’interprétation masculine cette année. C’est ce que laisse penser sa performance intense dans Eddington d’Ari Aster, un néo-western situé durant la pandémie de Covid. Dans ce portrait d’une Amérique fragmentée et presque zombifiée, l’acteur du Joker interprète le shérif asthmatique d’une petite ville du Nouveau Mexique, au lieu de faire respecter la loi, ajoute du chaos au chaos du monde. Question chaos, Joaquin Phoenix en connait un rayon, même s’il en fait parfois un peu trop.

    Guillaume Marbeck, révélation française de Nouvelle Vague

    La révélation de Cannes, c’est lui. Inconnu au bataillon avant son irruption sur la Croisette, le Français Guillaume Marbeck a ébloui tout le monde. En effet, il livre une interprétation fidèle, joueuse et idéalement arrogante du maître du cinéma Jean-Luc Godard. Dans Nouvelle Vague de Richard Linklater, qui raconte de façon très plaisante le tournage du chef d’œuvre A bout de souffle en 1959, Marbeck montre qu’il sait tout faire. Y compris marcher sur les mains. Montera-t-il sur la scène du Grand Théâtre Lumière de cette façon-là le samedi 24 mai ?

    Benicio Del Toro, flamboyant dans The Phoenician Scheme

    De projections en fêtes, on croise régulièrement Benicio Del Toro à Cannes. Car l’acteur est un habitué depuis son prix remporté en 2008 pour le rôle de Che Guevara dans le film Che de Steven Soderbergh. Dans le nouveau film de Wes Anderson, The Phoenician Theme, la star de Sicario interprète un homme d’affaire au nom extravagant de Zsa-zsa Korda. Poursuivi par des hordes de tueurs, il embarque sa fille dans un périple pour sauver sa peau. Et, par la même occasion, renouer les liens. Dans le premier comme dans le millième degré, dans l’élégance comme dans l’outrance, Benicio Del Toro excelle, comme d’habitude.

    Paul Mescal, amant délaissé dans The History of Sound

    Depuis Aftersun de Charlotte Wells et Sans jamais nous connaître d’Andrew Haigh, l’irrésistible Paul Mescal semble abonné aux rôles d’homme fragile, légèrement à côté du monde. Le Sud-Africain Oliver Hermanus lui donne à nouveau l’occasion d’exprimer sa mélancolie dans le mélo gay The History of Sound. Ici, l’acteur irlandais révélé par la série Normal People interprète un chanteur surdoué qui rencontre un autre passionné de musique – Josh O’Connor – dans les années 1910. Ils s’aiment, mais leur liaison est impossible, inconcevable. Suivront disparitions, absences, regrets, un terrain de jeu idéal pour Mescal en amant délaissé. Si le film reste un peu guindé pour vraiment bouleverser, on ne se lasse pas de le regarder exhiber la douleur d’un homme amoureux.

    Stellan Skarsgard, père indigne dans Valeur sentimentale 

    En 2021, l’actrice Renate Reinsve était repartie avec le Prix d’Interprétation Féminine pour Julie (en 12 chapitres) de Joachim Trier. La voici de retour dans le nouveau long-métrage du cinéaste danois. Mais cette fois, il se pourrait bien que son partenaire, le vétéran Stellan Skarsgard (DuneAndor), empoche la mise. Dans ce drame familial virtuose inspiré de Tchekov et Bergman, le Suédois incarne un réalisateur qui tente un comeback pour réparer ses erreurs passées. Très émouvant dans le rôle d’un homme limité, égocentrique mais au profond désir de changement, Skarsgard est la bonne surprise de la fin de la compétition.