Pourquoi y-a-t-il aussi peu de bons biopics ?
Pas une semaine (ou presque) ne passe sans qu’un nouveau biopic, sur Johnny Hallyday, Maria Callas, Charles Aznavour, Bob Dylan, Robbie Williams ou Bob Marley, soit annoncé. Pourtant, les films racontant la vie et la carrière de stars décédées (ou pas) sont rarement à la hauteur de leur illustre sujet. Décryptage.
par Violaine Schütz.
Ces derniers mois, des biopics sur les vies de Bob Marley, Priscilla Presley, Maria Schneider, Maurice Ravel, Amy Winehouse, Lee Miller, Charles Aznavour (avec Tahar Rahim), Bob Dylan avec Timothée Chalamet (Un parfait inconnu), Maria Callas (avec Angelina Jolie), Pharrell Williams et Robbie Williams sont sortis dans les salles de cinéma.
Des biopics sur Maria Callas et Bob Dylan à l’affiche
Et de nombreux films sur la vie de personnalités telles que Johnny Hallyday (deux films sont en préparation avec Raphaël Quenard et Matthias Schoenaerts), Janis Joplin, Yoko Ono, les Beatles, Susan Sontag, Scorpions, Michael Jackson, Bruce Springsteen, Nat King Cole, Julio Iglesias, et Frank Sinatra sont en préparation.
Pas une semaine – ou presque – ne passe sans qu’un nouveau biopic soit annoncé. Pourtant, les films racontant la vie et la carrière de stars décédées (ou pas) sont rarement à la hauteur de leur sujet.
Comment expliquer un tel écart entre l’engouement des cinéastes et du public pour le genre cinématographique et la qualité de ces derniers ?
Bob Marley: One Love, Back to Black… Des biopics validés par les familles des stars
Première explication possible : la participation des membres de la famille de la célébrité sanctifiée par un biopic. En effet, lorsqu’un proche de la star est impliqué, on peut être sûr que de nombreuses aspérités seront gommées (notamment les problèmes de drogue).
Et que l’histoire sera en partie réécrite de manière positive. Ainsi le très mauvais film Bob Marley: One Love était validé par sa mère Rita et sa sœur Cedella. Et c’est le fils aîné de Bob Marley, Ziggy Marley, qui a coproduit le film sur l’icône du reggae.
Quant au biopic raté sur Amy Winehouse, Back to Black, il enjolive les relations entre la star et son père, Mitch Winehouse (qui s’est montré enchanté du casting du film), un homme beaucoup plus toxique et intéressé que l’œuvre ne le laisse croire. Certains pensent même qu’il a joué un rôle dans la descente aux enfers de la chanteuse.
Bohemian Rhapsody ou la vision hollywoodienne de la vie de Freddie Mercury
Les biopics ont également souvent le défaut d’offrir une vision hollywoodienne, simplifiée et aseptisée de la vie d’une star. On pense notamment au Bohemian Rhapsody (2018) de Bryan Singer, avec Rami Malek, qui aborde peu – et très mal- l’homosexualité de l’icône et édulcore les bacchanales et le côté sombre de Freddie Mercury.
Et quant les biopics ne sont, au contraire, pas validés par les ayant droits, la musique des chanteurs ne peut pas être utilisée, ce qui pose un gros souci de véracité.
Il reste cependant des exceptions. Quand une véritable vision d’auteur s’impose pour réécrire l’histoire d’un mythe, on a alors affaire à une réussite. C’est le cas notamment du film Priscilla (2024) de Sofia Coppola sur Priscilla et Elvis Presley et de Control (2007) d’Anton Corbijn sur la vie tourmentée de Ian Curtis, le leader du groupe culte Joy Division.
Mais aussi d’Un parfait inconnu, le biopic sur Bob Dylan porté par Timothée Chalamet qui se concentre sur les débuts de la carrière de la légende du folk et de Last Days (2005) de Gus Van Sant qui raconte, de manière très libre, les derniers jours de Kurt Cobain.
La Liste de Schindler et Elephant Man parmi les meilleurs biopics de tous les temps
Les biopics s’avèrent également plutôt convaincants lorsqu’on ignore presque tout de l’existence ou de la vie de la personne célébrée (ou pas) à travers cette production.
La Liste de Schindler (1994) de Steven Spielberg avec Liam Neeson, Ed Wood (1994) de Tim Burton, Green Book : Sur les routes du sud (2019) de Peter Farrelly avec Viggo Mortensen et Mahershala Ali, Elephant Man (1981) de David Lynch avec Anthony Hopkins, Raging Bull (1981) de Martin Scorsese avec Robert De Niro, Les Affranchis (1990), Le Loup de Wall Street (2013) de Martin Scorsese, Dallas Buyers Club (2014) de Jean-Marc Vallée avec Matthew McConaughey, Into the Wild (2007) de Sean Penn ou encore Imitation Game (2014) de Morten Tyldum avec Benedict Cumberbatch sont tous des films biographiques. Tout comme le récent blockbuster Oppenheimer (2023) de Christopher Nolan.
Ces biopics ont souvent le mérite de mettre en lumière des figures méconnues du grand public avec brio. Car quand un film biographique s’attaque à une figure cultissime (telle que Marilyn Monroe), il est difficile, même avec le maquillage et les prothèses, pour un acteur, d’égaler l’aura de la star qu’elle incarne.
Un parfait inconnu de James Mangold, avec Timothée Chalamet, Elle Fanning, Monica Barbaro et Edward Norton, actuellement au cinéma. Maria de Pablo Larraín, avec Angelina Jolie, actuellement au cinéma.