Hommage à Shelley Duvall, star magnétique de Shining
L’actrice magnétique Shelley Duvall, à la beauté aussi étrange que fascinante, s’est éteinte à l’âge de 75 ans. Elle avait reçu le prix d’interprétation au Festival de Cannes pour Trois femmes de Robert Altman, mais elle restera surtout connue pour son rôle dans le terrifiant et culte Shining de Stanley Kubrick.
Shelley Duvall a marqué l’histoire du cinéma d’horreur avec son rôle de Wendy Torrance, aux côtés de Jack Nicholson (Jack Torrance), dans le terrifiant Shining (1980) de Stanley Kubrick. La bouleversante actrice américaine, muse de Robert Altman aperçue aussi dans Annie Hall (1977) de Woody Allen, décédée le 11 juillet 2024 à 75 ans, était en 2023 à l’affiche d’un film d’horreur de Scott Goldberg, The Forest Hills.
Repris d’un court métrage du réalisateur américain sorti en 2007, The Forest Hills nous plonge dans les visions d’horreur d’un homme tourmenté, qui font suite à son traumatisme crânien survenu au beau milieu d’une forêt. Un scénario qui fait écho à celui du film qui a rendu Shelley Duvall célèbre.
Hommage à l’actrice Shelley Duvall, héroïne magnétique du terrifiant Shining
Après avoir joué la mère du petit Danny, qui parcourt les couloirs de l’hôtel Overlook sur son tricycle dans cette scène demeurée mythique, l’actrice jouera cette fois-ci la mère d’Edward Furlong, qui donnait la réplique à Edward Norton dans American History X (1992). Pour le réalisateur américain, intégrer l’actrice au casting de son long-métrage est un rêve devenu réalité.
Fasciné par le chef-d’œuvre de Stanley Kubrick, qu’il érige au panthéon des films d’horreur, il explique dans un communiqué de presse : « Shelley a contribué à faire de Shining un chef-d’œuvre absolu en donnant le meilleur d’elle-même et en jouant d’une manière qui met en valeur la peur et l’horreur d’une mère isolée”.
Et ce n’est pas sans en payer le prix. En effet, les apparitions de l’actrice se sont peu à peu raréfiées après la sortie du film et l’actrice ayant progressivement disparu des radars dans les années 1990. La raison ? L’artiste a vécu pendant le tournage de Shining un véritable calvaire. Celle qui a été choisie par le réalisateur d’Orange Mécanique (1973) pour sa “capacité à pleurer” ne s’attendait pas à l’intensité du tournage. Ce dernier a duré 56 semaines, soit un peu plus d’un an, à tourner six jours par semaine, parfois jusqu’à 16h par jour, dans des studios près de Londres. Face à un réalisateur dont la renommée tient autant à son génie artistique qu’à son perfectionnisme, l’équipe du tournage est à bout.
Souvent, Stanley Kubrick ne commence à tourner qu’après une trentaine de prises. Shelley Duvall répète à outrance des scènes où elle oscille entre désespoir et hystérie. Une des scènes finales, où elle remonte les escaliers de la salle de bal, une batte de baseball à la main transie de peur face au sadique Jack, a été tournée 127 fois. Chaque matin, l’actrice est prise d’angoisse à l’idée de se glisser dans la peau de ce rôle vampirisant.
Elle confie en 2021 au magazine Hollywood Reporter : “En me réveillant le lundi matin, très tôt, pour réaliser qu’il fallait pleurer toute la journée parce c’était planifié – je me mettais à pleurer. ‘Oh non, je ne peux pas, je ne peux pas’. Et pourtant je l’ai fait. Je ne sais pas comment. Jack [Nicholson] me l’a dit aussi. Il m’a dit, ‘Je ne sais pas comment tu fais’.”
Si l’histoire revient souvent sur la performance exceptionnelle livrée par Jack Nicholson, campant avec brio cet écrivain tombant peu à peu dans une folie meurtrière est devenu aujourd’hui un acteur emblématique du cinéma, le sort de Shelley Duvall est différent. Presque oubliée, celle qui fut un temps productrice d’émissions pour enfants vit aujourd’hui dans une petite ville du Texas, loin de l’agitation d’Hollywood.
En 2016, elle apparaît très affaiblie à la télévision américaine, lors du talk-show Dr Phill, programme exposant aux yeux du public les différentes maladies mentales. Face caméra, elle déclare que son partenaire dans Popeye (1980), Robin Williams, est encore en vie, et qu’il serait un métamorphe (un être ayant la capacité de modifier son apparence physique). L’émission a été par la suite très critiquée et a été perçue comme une manière de profiter de l’actrice. 44 ans après, lui offrir de nouveau un rôle de mère dans un film d’horreur est une façon de rendre hommage à son talent.