27 mai 2025

Pom Klementieff nous raconte les coulisses de Mission impossible

En quelques années, Pom Klementieff s’est imposée comme l’une des rares actrices françaises à s’être imposée dans des blockbusters (Mission impossibleLes Gardiens de la Galaxie) et des films d’action (Oldboy de Spike Lee) hollywoodiens. Si elle joue les battantes charismatiques à l’écran, elle est aussi une héroïne dans la vraie vie. En effet, la comédienne est devenue une icône de la résilience en surmontant un passé tragique grâce à sa fougue et à sa détermination. Rencontre avec une star aussi sensible que pleine de force, à l’affiche du nouveau Mission impossible, qui a été présenté au Festival de Cannes.

  • propos recueillis par Violaine Schütz.

  • Des armes et des larmes… Ou larmes au poing. Dans les films Marvel Les Gardiens de la Galaxie, l’actrice française Pom Klementieff incarne l’empathie sous les traits de la super-héroïne Mantis. L’alien peut ressentir les émotions des autres en les touchant, et ses antennes s’allument… Mais dans la vraie vie, c’est la résilience qu’elle symbolise avec fougue et sensibilité. 

    Le nouveau visage des films d’action

    Née en 1986 à Québec, d’un père consul franco-russe pour le gouvernement français, diplomate, et d’une mère coréenne, l’artiste âgée de 39 ans porte un prénom dont les sonorités évoquent les noms coréens désignant le “tigre” et le “printemps”. Petite, elle suit son père aux quatre coins du monde, du Japon au Canada, en passant par la Côte d’Ivoire et la France. 

    Toujours en exil, elle se sent très vite comme une extraterrestre. Un sentiment qui va se teinter de drame alors qu’elle n’a que 5 ans. Son père décède des suites d’un cancer et sa mère, souffrant de schizophrénie, ne peut pas veiller sur elle, ni sur son frère. Les enfants sont alors confiés à leur oncle paternel, à Paris. 

    La band-annonce du film Mission : Impossible – The Final Reckoning (2025).

    Pom Klementieff, l’une des rares actrices françaises à avoir réussi à Hollywood

    Devenue adulte, la jeune femme à la beauté nimbée d’étrangeté – qui sera un temps serveuse et vendeuse -, voit une autre ombre noircir le tableau de son existence : son oncle décède lui aussi, alors qu’elle a 18 ans. Le cinéma va être sa porte de sortie. La lumière au bout du tunnel. Elle abandonne ses études de droit et s’inscrit au cours Florent, passe des castings, et bientôt, se retrouve à l’affiche de plusieurs films français (notamment L’amour dure trois ans).

    Sauf qu’en 2011, un autre drame surgit : le suicide de son frère, dont le prénom est tatoué sur son poignet. Puis ce sera à sa mère de quitter ce monde. Dans un élan cathartique, l’actrice va canaliser sa douleur en vivant à 100 à l’heure. Elle choisit Hollywood et devient l’une des rares actrices françaises à réussir dans la Cité des anges en jouant dans des blockbusters et des films musclés.

    Des rôles dans Les Gardiens de la Galaxie et Avengers 

    Les Gardiens de la GalaxieAvengersUncut Gems des frères Safdie, The Suicide SquadThor: Love and ThunderMission impossible : Dead Reckoning… Sa carrière regorge de faits d’armes impressionnants dans lesquels elle incarne souvent un personnage de femme qui ne se laisse par abattre. Il faut ajouter à ces projets excitants des apparitions dans les séries Black Mirror et Westworld pour confirmer le goût de la comédienne pour les projets ambitieux et audacieux. Très impliquée dans ses rôles, elle est capable d’apprendre à conduire un traîneau de rennes en Sibérie orientale ou à pratiquer le taekwendo durant des heures.

    La star présente au Festival de Cannes 2025

    Sur les réseaux sociaux, la star du Oldboy de Spike Lee et signataire du mouvement Time’s Up (contre le harcèlement sexuel), est aussi une battante accro à l’adrénaline, partageant des vidéos de sauts en parachute et des chevauchées à moto.

    Alors qu’elle joue l’un des rôles principaux du Mission : Impossible – The Final Reckoningsorti au cinéma le 21 mai après avoir été présenté au Festival de Cannes le 14 mai, rencontre avec l’un des visages du renouveau des films d’action.

    L’interview de Pom Klementieff, star de Mission : Impossible – The Final Reckoning

    Numéro : Vous faites des actrices qui renouvellent les films d’action en incarnant des personnages féminins puissants et badass. Des rôles longtemps réservés aux hommes… A quel point est-ce important pour vous d’incarner des femmes fortes à l’écran ?

    Pom Klementieff : Je suis attirée par des personnages indépendants et résilients. Et qui se battent au sens propre ou au sens figuré. C’est ce que j’ai toujours voulu être dans la vie en tant que femme. Et à l’écran, c’est ce qui plaît aussi le plus. Donc oui, le fait de se prendre en charge, de ne pas dépendre de quelqu’un d’autre et d’être un personne à part entière, complexe et avec des défauts m’importe au plus haut point. J’ai envie d’être une battante et pas juste une fille paresseuse qui va pleurer dans son coin. Ça, ça m’emmerde un peu. Dans la vraie vie comme au cinéma.

    Qu’est-ce qui vous a donné envie de jouer dans les deux derniers volets de Mission impossible, Mission: Impossible – Dead Reckoning Partie 1 et Mission : Impossible – The Final Reckoning ? 

    Je suis une énorme fan de Mission Impossible depuis que je suis petite. J’ai vu le premier film de 1996 signé Brian De Palma quand j’étais enfant, alors que j’étais en vacances en Bretagne. Et je me souviens encore très bien de Tom (Cruise) suspendu sur un fil et essayant de ne pas toucher le sol. Je me suis dit : “Mais c’est génial.” En plus, Emmanuelle Béart et Jean Reno jouent dedans. J’ai alors pensé : “Il y a des acteurs français à Hollywood , c’est super !”. Et puis j’ai vu tous les autres films Mission impossible, qui sont devenus de mieux en mieux avec le réalisateur Christopher McQuarrie. Il y a notamment cette scène de skydive fabuleuse dans Mission impossible : Fallout. En tout cas, à chaque fois qu’un Mission impossible sort au cinéma, c’est un événement.

    Je suis attirée par des personnages indépendants et résilients. Et qui se battent au sens propre ou au sens figuré.” Pom Klementieff

    Tom Cruise a souvent parlé de la dangerosité des cascades de Mission impossible. Il a souvent risqué sa vie sur les tournages…

    Il y a des choses qui sont dangereuses, bien sûr. Dès qu’on y pense, on se dit : “Oh là là !” Mais il y a aussi des moments où on sent que ça pourrait partir en sucette mais on n’y pense pas. Quoiqu’il en soit, il y a énormément d’entraînement en amont et de répétitions pour bien se préparer. 

    Comment vous y êtes-vous préparé au rôle très physique de Paris, une tueuse rebelle, solitaire, punk et mutique qui traque l’agent Ethan Hunt (Tom Cruise) dans Mission impossible ?

    Je me suis beaucoup entraînée. Je faisais des sprints et du Pilates pour être sûre que tout soit bien équilibré dans mon corps, qu’il soit renforcé de l’intérieur et que j’ai la bonne posture. Il y a eu beaucoup de combats, de coups de pied, de coups de poing… Et puis, quand tu tournes la scène, ce qui est très important, c’est d’être toujours en connexion avec la personne avec qui tu joues. C’est vraiment là que tu sens ce qui se passe. Si jamais il y a un petit changement, il faut que tu t’adaptes. Il ne s’agit pas juste d’exécuter des mouvements à l’aveugle, dans l’ordre. Ce qui compte aussi, c’est ce qui se passe entre les personnages. Notamment les moments où ils sont fatigués et où ils respirent d’une certaine manière. Où ils se regardent. Après, on y retourne et on bat de nouveau. C’est pour ça que ces scènes d’action sont également émouvantes. Ce n’est pas juste des chorégraphies. Les personnages et ce qui se passe entre eux joue dans la façon dont le public est ému.

    J’avais commencé à faire de la boxe pour le film de Spike Lee, Oldboy. Je m’entraînais d’une façon intensive avec les cascadeurs.” Pom Klementieff

    Quand avez-vous commencé la pratique des arts martiaux ?

    En fait, j’avais commencé à faire de la boxe pour le film de Spike LeeOldboy (un remake du remake du Old Boy de Park Chan-wook). Je m’entraînais d’une façon intensive avec les cascadeurs et les régleurs de cascades pour ce film-là. J’ai même perdu un ongle de doigts de pied. Ça a repoussé depuis (rires). Les footballeurs aussi perdent des ongles de doigts de pied parce qu’ils donnent sans cesse des coups de pied. Ce n’est pas très glamour… Ensuite, j’ai continué à faire du taekwondo, puis après, j’ai arrêté. Puis après, le régleur de cascades du film Oldboy m’a appelée, il m’a dit : “Pom, tu veux toujours faire des films d’action ?” Je lui ai répondu: Oui, j’adorerais ça”. Il m’a présenté à quelqu’un qui s’appelle Jessen Noviello, un cascadeur qui pratique les arts martiaux et qui m’a appris à perfectionner mes coups de pied et de poing, notamment pour le cinéma. Car dans la vraie vie et pour les films, c’est différent. Il faut un certain contrôle et une distance pour ne pas blesser les autres. Il faut donc respecter un certain nombre de choses et peaufiner ses réactions. Je me suis exercée pendant des années peu avant d’être castée pour Les Gardiens de la Galaxie 2. Et là, je me suis rendu compte qu’il n’y avait pas beaucoup de scènes d’action pour moi parce que mon personnage se situait plus dans l’émotion. 

    Et l’aventure Mission Impossible est arrivée…

    Oui, et pour la petite histoire, j’écrivais toujours “Mission impossible” au lieu d’entraînement dans mon emploi du temps avant même de faire partie de cette aventure avec Tom Cruise. Parce que je voulais être dans l’un des films de la franchise. J’étais déjà en train de me préparer pour le rôle alors qu’on ne me l’avait pas encore proposé.

    J’écrivais toujours “Mission impossible” au lieu d’entraînement dans mon emploi du temps avant même de faire partie de cette aventure.” Pom Klementieff

    Quel est le meilleur souvenir que vous gardez du tournage ?

    Il y en a tellement. Mais pour Mission : Impossible – The Final Reckoning, j’ai réalisé quasiment toutes mes scènes les plus importantes vers la fin du tournage. Donc, il y avait quelque chose de l’ordre de la culmination par rapport à tout ce que j’avais appris durant toutes ces années à travailler sur Mission impossible et à toutes les conversations qu’on avait eu sur le personnage et sur les choix vestimentaires. Ces derniers ont vraiment donné plus d’impact au personnage, qu’il s’agisse d’une cicatrice ou de tout autre détail. Ça raconte une histoire. Au niveau du combat, j’ai fait des choses que je ne pensais même pas être capable de faire et c’était génial. Donc, à la fin du tournage, quand je suis partie, il y avait vraiment cette sensation de “Waouh ! We did it !” Et puis, c’est un travail d’équipe aussi. Tu ne peux faire un super mouvement de combat tout seul. Si la caméra n’est pas là au bon moment et ne capture pas le truc avec un angle cool, ce sera moins bien. C’est une affaire de symbiose.

    Tom Cruise m’a offert un stage de saut en parachute.” Pom Klementieff

    J’ai entendu dire que Tom Cruise vous avait offert un stage de saut en parachute …

    Tout à fait. Je l’ai vu faire du saut en parachute quand je tournais le film, et je me suis dit : “Ça a l’air incroyable comme expérience !” . Je savais que les autres membres de l’équipe qui étaient dans les cascades pratiquaient le saut en parachute et qu’ils adoraient ça. Et je me disais que j’aurais bien essayé quand même. Je ne pouvais pas le faire pendant que je tournais parce que ce n’était pas très safe.

    C’est-à-dire ?

    Il faut prendre le temps d’apprendre. Mais quand j’ai terminé le film, j’ai demandé à Tom : “J’adorerais apprendre à faire du parachute. Est-ce que tu as des conseils où je pourrais aller ?” Il m’a répondu : “Let me think about it.” Puis il est revenu vers moi et il m’a dit : “Bon, Pom, j’aimerais t’offrir comme l’ un des cadeaux de fin de tournage un stage pour apprendre à sauter en parachute. Il m’a donné une liste des drop zones. Ce sont les lieux desquels on peut sauter.

    Où étaient-il situés ?

    J’habitais alors en Californie (je vis aujourd’hui à New York car ma maison de Malibu a brûlé lors des incendies de Los Angeles). Et il m’a dit : “Ok, super, je vais organiser tout ça.” Du coup, j’ai appris pendant 10 jours. Et pour avoir le permis, le brevet A, c’est 15 sauts. Du coup, j’ai dû apprendre et faire les 15 sauts. Et le dernier jour, où j’allais avoir mon permis, il est venu. On a fait neuf sauts ensemble, notamment un saut de haute altitude. C’était génial. Ensuite, il est rentré chez lui avec son avion, qu’il a conduit. Ça, c’était la classe quand même. Et ça fait des souvenirs vraiment fabuleux.

    Pour Mission impossible, vous avez eu l’idée du maquillage que le personnage porte à Venise : un masque blanc avec une larme. Quel importance accordez- vous à votre apparence, aux costumes et à la mode ? 

    En fait, le maquillage de Mission impossible, dans cette scène, est inspiré de La Commedia Dell’arte et de Pierrot lunaire. Un peu comme l’esthétique de The Suicide Squad. La larme de Mission impossible, c’est lié au théâtre xvie siècle, que j’adore. Sinon, je pourrais passer des heures à faire les essayags de costumes fittings que tu trouves de petits détails, et ensuite, la costume designer a une super idée. Puis tu demandes : « Pourquoi pas ça ? Oui, non, tu as raison. » C’est génial. Pour une scène du nouveau Mission impossible, je me suis inspirée de certains looks de Steve McQueen. Du vestiaire masculin et de personnages et d’acteurs iconiques dans notre inconscient cinématographique.

    Vous avez incarné le personnage, très empathique, de Mantis dans plusieurs volets des Gardiens de la Galaxie et une antagoniste, Paris, dans Mission impossible. Quel est le personnage qui se rapproche le plus de vous ? 

    Oh là là je pense que je suis un peu les deux. Si on m’énerve, je peux devenir comme Paris à Rome qui défonce tout. Donc, il ne faut pas m’énerver. Mais en même temps, je peux être très sympa et rigolote comme Mantis aussi. Donc ça dépend des moments (rires).

    Comment était-ce de tourner pour les frères Safdie dans Uncut Gems ?

    Je les adore et j’adore ce film. Mais j’ai tourné des scènes qui ont été coupées au montage. Ça arrive malheureusement aux meilleurs d’entre nous. Donc oui, je suis dans le film mais c’est comme si je n’y étais pas dans le film. Il y a un meme qui tourne où l’on voit Adam Sandler qui me court après car des personnes ont filmé le tournage et ça s’est retrouvé sur YouTube. Parfois, je me fais taguer dans cette photo où Adam Sandler me poursuit. Ça me fait marrer. Je l’envoie à mes agents en leur disant : « Tu te souviens quand j’étais castée dans ce film ? »

    On vous verra bientôt dans le film Mi Amor de Guillaume Nicloux…

    Ça y est, on a fini de tourner le film et c’était une expérience sublime. On a tourné sur un temps court, donc c’était très intense. Il y avait beaucoup de scènes par jour et il fallait vraiment y aller à fond, en quelques prises. Mais j’ai adoré. J’adore la manière dont Guillaume dirige ses acteurs et j’ai beaucoup aimé partager des scènes avec Benoît Magimel ainsi qu’avec les autres acteurs. C’était une belle expérience. On a vraiment ri et pleuré (dans le film, pas dans la vie). 

    Entre un film d’auteur comme celui-ci et les grosses productions hollywoodiennes dans lesquelles vous avez tourné, qu’est-ce qui change le plus ?

    Mission impossible et Mi Amor sont des projets très différents, avec des budgets éloignés. Donc pour moi, la différence principale, c’est peut-être l’économie de temps. On a beaucoup moins de temps sur un film avec moins de budget. Du coup, le rythme est très soutenu. Alors que pour un film comme Mission Impossible, avec beaucoup de personnages – et ce, d’autant plus que je n’ai pas le premier rôle -, il y avait plus de moments d’attente. Il fallait alors juste m’entraîner. Pour le long-métrage de Guillaume Nicloux, je tournais tous les jours. Mais j’ai adoré les deux expériences pour des raisons complètement différentes. Dans tous les cas, je cherche toujours à y aller à fond.

    Mission : Impossible – The Final Reckoning de Christopher McQuarrie, actuellement au cinéma. Le film était présenté au Festival de Cannes.