Monumental ou pompeux : que vaut le Gladiator 2 de Ridley Scott ?

Le premier Gladiator de Ridley Scott : un péplum insurpassable ?

Avec ses combats épiques, sa BO envoûtante (Hans Zimmer et Lisa Gerrard) et son casting XXL (Russell Crowe, Joaquin Phoenix), Gladiator, sorti en 2000, avait mis tout le monde d’accord, réconciliant le public et les critiques. Et remportant cinq oscars au passage. Le réalisateur Ridley Scott (Blade Runner, Alien) y racontait la rivalité sanglante entre le général romain Maximus (Russell Crowe), soutien de l’empereur Marc-Aurèle et le fils de Marc-Aurèle, Commode (Joaquin Phoenix), s’arrogeant le pouvoir.

Le cinéaste nous offrait alors du grand spectacle (notamment dans l’arène) et une exaltation de valeurs intemporelles telles que la bravoure et la fidélité. Dès l’annonce d’un Gladiator II, on pouvait donc se montrer frileux, surtout que plus de vingt ans se sont écoulés depuis le premier volet du péplum. Et que ses derniers films (Napoléon en tête) étaient de vastes naufrages. Comment faire mieux que ces duels enlevés, ces comédiens charismatiques, ces tigres agressifs et ces dialogues shakespeariens ?

La réponse de Ridley Scott ? En rajouter une couche dans le romanesque, le gore, le tragique et l’intensité dramatique des combats, soutenus par les progrès en matière d’effets spéciaux. Et surtout, trouver des acteurs à la hauteur d’un mythe cinématographique qui a plutôt bien vieilli en dépit de son esthétique pompier.

Avec Gladiator 2, Denzel Washington et Paul Mescal entre dans l’arène des Oscars

La première force de nouveau Gladiator, blockbuster assuré aux 310 millions de dollars de budget qui sort au cinéma le 13 novembre 2024, c’est d’abord son casting. Paul Mescal incarne avec beaucoup de force (il a pris beaucoup de muscles) et de sensibilité Hanno alias Lucius, le fils de Maximus et de Lucilla (Connie Nielsen), sœur de Commode. Pedro Pascal émeut dans le rôle du complexe général Acacius même si sa présence à l’écran est limitée. Mais surtout, l’immense Denzel Washington vise l’Oscar dans la peau du manipulateur Macrinus, marchand d’esclaves charismatique, charmeur et cruel qui intrigue pour une place au Sénat.

Le storytelling, par contre, n’impressionne pas, souffrant d’un effet de redite par rapport au premier Gladiator. Une fois encore, Ridley Scott raconte l’histoire d’un esclave qui se bat, dans l’arène, pour devenir gladiateur (et acheter sa liberté). Le film nous amène des années après a la mort du héros Maximus. Lucius, ancien général de guerre, fait partie des esclaves (capturés en Numidie) affrontant des adversaires terrifiants dans le Colisée alors que Rome est gouvernée par deux empereurs tyranniques, ridicules et idiots. C’est sur ses (larges) épaules que repose l’avenir de Rome, qui doit retrouver son honneur et ré-appartenir au peuple.

Gladiator II, un film politique ?

Gladiator II, qui mêle constamment action et émotion (mais aussi, homo-érotisme grâce à l’intrigue platonique mais sensuelle se nouant Lucius et un soignant de gladiateurs) est donc l’histoire d’une vengeance puisque Lucius veut, au départ, venger la mort de sa femme (dont est responsable le général Acacius). Mais c’est, heureusement, aussi plus que ça.

Avec la volonté du héros de rendre Rome aux Romains, et non à un pouvoir aveugle, Ridley Scott fait de son néo-péplum une fresque politique aux accents modernes. Et pour ceux qui ne voudront que s’en mettre plein les mirettes, les combats dans l’arène sont des plus spectaculaires.

On a ainsi droit à un rhinocéros, des singes mutants et même, des requins. Les historiens baisseront leurs pouces pour crier à l’anachronisme et au manque de véracité. Mais les spectateurs en auront pour leur argent. Même si on regrette la fadeur de certains dialogues, qui ressemblent parfois à des citations épinglées sur Instagram.

Gladiator II (2024) de Ridley Scott, avec Paul Mescal et Pedro Pascal, au cinéma le 13 novembre 2024.