12 juin 2025

Mike Flanagan : 5 choses à savoir sur le nouveau maître du fantastique au cinéma

Après The Haunting of Hill House (2018) et Doctor Sleep (2019), le nouveau maître du fantastique démontre qu’il ne se réduit pas à ce genre. En témoigne son dernier long-métrage, Life of Chuck, actuellement au cinéma. Découvrez 5 choses à savoir sur le réalisateur Mike Flanagan…

  • par La rédaction.

  • Le nouveau long-métrage de Mike Flanagan rend, en réalité, le titre de cet article inadéquat… Avec Life of Chuck, adaptation contemplative d’un texte de Stephen King qui sort au cinéma cette semaine, le cinéaste américain de 47 ans quitte momentanément les ténèbres du surnaturel pour explorer la lumière de l’âme humaine.

    Life of Chuck, le nouveau film de Mike Flanagan avec Tom Hiddleston

    Pourtant, malgré cette parenthèse méditative, il demeure l’un des conteurs les plus captivants du genre fantastique contemporain. Mieux : il est en passe de devenir une figure clé de la narration visuelle hollywoodienne, entre frissons, foi et fatalisme.

    Loin des spectres ou des malédictions, Life of Chuck explore le deuil, la mémoire et le sens de l’existence. Trois actes racontés à rebours — une apocalypse, une scène de danse, une enfance — brossent le portrait bouleversant d’un homme ordinaire, Chuck Krantz, interprété par un Tom Hiddleston lumineux. Le fantastique y est davantage suggéré que montré, et tout devient métaphore mentale : la fin du monde et l’effondrement de la réalité, ne seraient-ils pas les symptômes de la mort cérébrale de Chuck ?

    La bande-annonce de Life of Chuck (2025).

    Mike Flanagan et sa fascination pour l’œuvre de Stephen King

    Depuis Jessie (Gerald’s Game, 2017), un projet jugé “inadaptable” jusqu’à ce que Mike Flanagan n’en révèle la puissance sensorielle, le cinéaste tisse un lien particulier avec Stephen King. Doctor Sleep (2019) fut une suite risquée à The Shining, entre hommage kubrickien et fidélité au roman originel.

    Avec Life of Chuck puis Carrie, l’un des projets phares de Prime Video, il s’impose comme l’un des artistes les plus sensibles à l’univers de Stephen King, capable d’en extraire le malaise psychologique, le pathos familial et la terreur latente.

    Le projet Carrie n’a rien d’un remake opportuniste. Prévu comme une mini-série ambitieuse, il marquera la première collaboration de Mike Flanagan avec Amazon Studios via son nouveau label Red Room Pictures. Le créateur entend s’éloigner du modèle de Brian De Palma pour recentrer l’histoire sur les traumatismes générationnels et les mécanismes de l’humiliation — des thèmes qu’il maîtrise parfaitement.

    La bande-annonce de The Haunting of Hill House (2018).

    La série The Haunting of Hill House, un chef-d’œuvre qui évoque la difficulté du deuil

    Sortie sur Netflix en 2018, The Haunting of Hill House a imposé Mike Flanagan comme maître du gothique moderne. En réécrivant librement le roman de Shirley Jackson, il ne signe pas seulement une série d’horreur. Il orchestre un drame familial spectral, où chaque fantôme symbolise une souffrance, un souvenir ou un non-dit. Le sixième épisode de la série, filmé en longs plans-séquences, reste d’ailleurs un sommet de tension émotionnelle.

    Ce programme sera le socle de la « Flanaverse« . Terme non officiel pour désigner ses œuvres interconnectées avec un noyau dur d’acteurs récurrents (Carla Gugino, Henry Thomas, Kate Siegel…). Elle sera suivie par The Haunting of Bly Manor (2020), Midnight Mass (2021), The Midnight Club (2022) et The Fall of the House of Usher (2023)… Tous marqués par un même style : horreur mélancolique, réflexions théologiques et soin esthétique.

    La bande-annonce de Doctor Sleep (2019).

    Une mise en scène cérébrale et symbolique

    Que ce soit dans Doctor Sleep ou Hill House, Mike Flanagan privilégie la lente montée en tension à l’effet de surprise. Sa caméra glisse dans les couloirs comme un souffle invisible. Les décors regorgent de figures dissimulées (les fameux « hidden ghosts »), et le montage suit une logique mémorielle plutôt que chronologique. Dans Life of Chuck, cette grammaire visuelle devient finalement poétique . Les panneaux routiers, les danses improvisées deviennent des ancrages émotionnels dans un monde en dissolution.

    Mike Flanagan n’est pas un simple faiseur de peur. Il est un narrateur de l’invisible, de ce qui hante les vivants : le regret, la perte, le souvenir. Il n’a jamais filmé de monstres à proprement parler. Plutôt des personnes confrontées à l’érosion de leur foi, à l’effondrement de leur psyché ou à l’injustice de la mort…

    La bande-anonce de The Haunting of Bly Manor (2020)

    Une carrière qui s’accélère et des projets très attendus

    2024 marque un tournant stratégique pour Mike Flanagan. Il quitte Netflix et Intrepid Pictures pour fonder Red Room Pictures, sa propre société de production. Ce virage vers l’indépendance est motivé par une envie de liberté créative accrue. Prime Video devient son nouveau foyer, avec déjà plusieurs projets en développement.

    On retient donc Carrie, un drame horrifique de prestige que nous citions plus tôt. Mais aussi une trilogie de L’Exorciste, coproduite avec Blumhouse, annoncée pour 2026. Il s’agirait d’un reboot complet, loin des suites récentes, qui reviendrait aux racines métaphysiques du premier film de William Friedkin. Enfin, Mike Flanagan n’exclut pas un retour à l’univers Haunting si les conditions s’y prêtent. Il a toutefois indiqué vouloir éviter toute redite gratuite…

    Life of Chuck (2025) de Mike Flanagan, actuellement au cinéma.