9 films de vengeance à voir absolument, de Revenge à Kill Bill
Du Mexique ravagé de Man on Fire au Japon médiéval de Yojimbo… Numéro a selectionné 9 films, signés par des maîtres comme Kurosawa, De Palma ou Tarantino, qui explorent la violence et la rédemption.
Par La rédaction.
Publié le 1 mai 2025. Modifié le 16 mai 2025.
Kill Bill parmi les meilleurs films sur la vengeance
Lorsqu’on s’intéresse aux films sur la vengeance, difficile de passer à côté de diptyque explosif de Quentin Tarantino Kill Bill. Ce dernier est une déclaration d’amour frénétique au cinéma de genre sous toutes ses formes : wu xia pian (film de héros martial chinois), chambra (combats de sabres japonais), western spaghetti et blaxploitation des années 70.
Mais au-delà de la simple citation, le cinéaste américain orchestre, avec les deux volumes de son Kill Bill, deux films de vengeance devenus des symphonies pop. Chaque scène déploie un style distinct, du noir et blanc au manga animé, du pastiche au grand opéra sanglant.
L’actrice Uma Thurman incarne avec une intensité rageuse la Mariée, figure mythologique de la résurrection et de la justice immanente. Derrière l’ultra-violence stylisée se cache une émotion authentique, une douleur tangible. Kill Bill est un kaléidoscope ludique et jubilatoire. Le geste d’un amoureux du cinéma.
Kill Bill (2003) de Quentin Tarantino, disponible sur la plateforme Filmo et sur Canal VOD.
The Virgin Spring de Bergman, une légende médiévale austère
Dans The Virgin Spring, le réalisateur Ingmar Bergman adapte une légende médiévale suédoise pour en faire une méditation implacable sur la culpabilité, la foi et la violence. À travers l’histoire d’un père vengeant la mort de sa fille, le metteur en scène suédois interroge la validité morale de la justice humaine face à l’ordre divin. La pureté formelle – plans fixes, lumière sculpturale, usage du noir et blanc – oppose alors la nature immuable aux tourments des hommes.
L’acteur Max von Sydow, disparu en 2020 à l’âge de 90 ans, incarne la figure tragique et bouleversante d’un patriarche dévasté, pris entre sa foi et son besoin de vengeance. Et le film, austère, déploie une dimension sacrée jusque dans son ultime miracle ambigu. Une œuvre dont la beauté sert une interrogation métaphysique sans réponse consolatrice…
The Virgin Spring (1960) d’Ingmar Bergman, disponible en DVD.
Revenge de Coralie Fargeat, un film de vengeance façon champ de bataille féministe
C’est l’un des meilleurs films sur la vengeance. Et l’un des plus originaux et puissants. Bien avant le succès tonitruant de The Substance, Coralie Fargeat dynamitait le rape and revenge movie (un film mettant en scène une héroïne se vengeant de son viol) traditionnel pour en faire un manifeste féministe sidérant. Sous ses airs de survival movie, le long-métrage propose une relecture stylistique du corps féminin comme champ de bataille et d’émancipation. Chaque plan devient un tableau éclatant de couleurs pop, contrastant avec la brutalité extrême des situations.
L’actrice Matilda Lutz (Red Sonja) y incarne une héroïne qui renaît littéralement de son sang, repoussant les limites de la crédibilité physique pour mieux atteindre une vérité symbolique. Rythme implacable, mise en scène ultra-maîtrisée, blessures absurdes et outrancières… La réalisatrice française sert un discours sur l’indestructibilité du désir de survie. Un film de genre aussi électrisant que radical.
Revenge (2017) de Coralie Fargeat, disponible sur Paramount+
Yôjinbô d’Akira Kurosawa, une satire de la société féodale japonaise
Yôjinbô signe l’acte de naissance du “rōnin spaghetti” (westerns mettant en scène des samouraïs) et l’un des gestes les plus malicieux d’Akira Kurosawa. Décrit par son contemporain Federico Fellini comme “le plus grand exemple vivant de tout ce qu’un auteur de cinéma devrait être”, le cinéaste compte une trentaine de longs-métrages et presque autant de chefs-d’œuvre à son actif. À première vue, on croirait voir un divertissement féroce.
Mais le film de 1961 propose en fait une satire subtile de la société féodale japonaise, réduite à des affrontements de clans aussi vides de valeurs que de sens.
L’acteur japonais Toshiro Mifune, compose un personnage devenu archétypal : le guerrier cynique, manipulateur, vengeur et désabusé. La rigueur du cadre et les bandits minables font de Yojimbo un sommet d’équilibre entre ironie et tragédie. Son influence sur le genre du western spaghetti sera immense…
Yôjinbô (1961) d’Akira Kurosawa, disponible sur Canal VOD.
J’ai rencontré le Diable de Kim Jee-woon, la revanche gore et le supplice d’un serial killer
Dans J’ai rencontré le Diable (I Saw the Devil), le réalisateur coréen Kim Jee-woon explore la spirale infinie de la vengeance avec une noirceur sans concession. Le film orchestre une descente aux enfers où bourreau et victime s’échangent sans cesse leur place. Et plutôt que de glorifier la violence, Kim expose son absurdité fondamentale. Chaque acte de représailles, chaque supplice rapproche le protagoniste de son propre anéantissement moral.
D’autant qu’I Saw the Devil refuse tout confort narratif, poussant le spectateur à questionner sa propre fascination pour la brutalité. D’un cadre minutieux à une photographie glaciale, il dresse un portrait clinique du mal, sans catharsis ni espoir, dans la lignée des grands thrillers coréens des années 2000.
J’ai rencontré le Diable (2011) de Kim Jee-woon, disponible sur Canal VOD et Arte Boutique.
Carrie de Brian De Palma, un teen opéra mythique parmi les films de vengeance les plus réussis
En 1976, Carrie imposera le réalisateur Brian De Palma comme l’un des plus grands stylistes du cinéma américain. En adaptant une œuvre du romancier Stephen King, il signe ici un long-métrage dans lequel la monstruosité naît du quotidien. Du banal harcèlement scolaire à la répression maternelle. Chaque mouvement de caméra, chaque ralentissement, chaque split screen est au service d’une tension croissante, capturant la psyché fragile de l’héroïne, l’adolescente Carrie.
L’actrice et chanteuse Sissy Spacek, livide, incarne avec une justesse terrifiante ce passage déchirant de l’innocence à la fureur. On retient évidemment la séquence du bal, apothéose baroque de cruauté et de vengeance. De Palma transforme la chronique adolescente en opéra sanglant, révélant la violence sous-jacente de l’american dream.
Carrie au bal du diable (1976) de Brian De Palma, disponible sur Canal VOD selon les abonnements.
Man on Fire, une terrible vendetta avec Denzel Washington
Avec Man on Fire, Tony Scott (True Romance, Top Gun) transforme le thriller d’action en fièvre opératique où l’excès visuel épouse la douleur morale. La caméra nerveuse (et presque hystérique) rend compte de l’instabilité psychologique de Creasy, ancien tueur devenu protecteur d’une enfant dans un Mexique corrompu. Le montage éclaté, les surimpressions et les couleurs saturées donnent au film une matière sensorielle rare, flirtant avec l’abstraction émotionnelle.
L’acteur Denzel Washington livre une performance XXL, refusant la simple posture héroïque au profit d’une humanité dévastée. Une esthétique du chaos pour justifier la descente aux enfers inéluctable d’un homme. En cela, Man on Fire se révèle être moins un film d’action qu’une tragédie moderne, où la rédemption passe par le feu et le sang.
Man on Fire (2004) de Tony Scott, disponible en VOD sur Viva et Pathé Home.
Old Boy, un revenge movie légendaire
Avec Old Boy, Park Chan-wook impose un geste de mise en scène radical, mêlant néo-noir, thriller vengeur et tragédie grecque avec une alchimie étourdissante. Le film déploie une esthétique ultra stylisée, où chaque plan semble ciselé dans une matière organique de chair et d’acier.
La violence, omniprésente, est chorégraphiée avec un sens du rythme qui confine à la danse macabre (citons le célèbre plan-séquence du couloir). Pourtant, au-delà du choc sensoriel c’est la profondeur morale du récit qui hante : une méditation sur la mémoire, la culpabilité et l’illusion de la justice. Un film inoubliable où la vengeance se mue en compassion perverse.
Old Boy (2004) de Park Chan-wook, disponible sur Arte France et Canal VOD.
Lady Vengeance, de la rage intérieure à la contemplation
Il était inévitable de citer Park Chan-Wook à plusieurs reprises dans un article sur les films parlant de vengeance puisqu’il a consacré toute une trilogie autour de ce concept. Dans son long-métrage datant de 2005 Lady Vengeance, le Coréen explore une veine plus élégiaque et introspective. Loin de la frénésie d’Old Boy, le film privilégie une esthétique de la contemplation, où la froideur des cadres contraste avec la rage intérieure de l’héroïne.
L’actrice Yeong-ae Lee, tout en retenue, incarne une femme en quête de purification autant que de revanche, dans un récit qui s’épanouit lentement pour devenir une fresque de douleur collective. Au programme ? Humour noir, mélodrame, horreur, et structure narrative fragmentée. On retiendra l’utilisation subtile de la couleur, passant du criard au sépia, et illustrant parfaitement cette transition du chaos vers une forme possible de paix intérieure.
Lady Vengeance (2005) de Park Chan-Wook, disponible sur Canal VOD.