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Kill Bill : la folle histoire du film culte de Quentin Tarantino
En décembre 2025, sera dévoilée Kill Bill: The Whole Bloody Affair, version intérale et vision originelle de la saga par son réalisateur, Quentin Tarantino. Découvrez la genèse, les références et la réception critique de l’un des films les plus marquants du cinéma moderne.
par Alexis Thibault.

Une version intégrale de Kill Bill présentée au cinéma ux États-Unis
Le réalisateur Quentin Tarantino ressuscite enfin son œuvre culte de 2003 avec Kill Bill: The Whole Bloody Affair (2025), montage qui hante depuis toujours les conversations des cinéphiles. Longtemps évoquée dans la presse, cette version intégrale de 4h41 se dévoilera enfin dans les salles américaines, le 5 décembre 2025, avec un entracte de quinze minutes. Elle regroupera les deux volets de Kill Bill transformés en un seul long-métrage rehaussé de 18 et 33 minutes de nouvelles images, dont sept minutes supplémentaires de séquence animée.
Le découpage fut imposé par l’ère Weinstein, ses logiques industrielles et un marché affamé de sorties événementielles. Et de nombreuses années ont été nécessaires à Quentin Tarantino pour qu’il parvienne enfin à reprendre le contrôle de ses droits, coincés dans les décombres juridiques post-Miramax.
Désormais libéré, il dévoile, à 62 ans, sa version ultime, notamment la scène sauvage des Crazy 88 (une scène de bataille culte), jadis amputée de ses couleurs sous la menace d’une interdiction aux moins de 17 ans. Cette sortie prend aussi une résonance funèbre depuis la disparition de l’acteur Michael Madsen, dont la présence transformera chaque projection en hommage appuyé. Quant à l’idée d’un Kill Bill Vol. 3, elle semble définitivement enterrée.
Aux origines du film culte avec Uma Thurman
La genèse de Kill Bill remonte aux discussions endiablées entre Quentin Tarantino et Uma Thurman, au milieu des années 90. Un désir commun de façonner l’héroïne farouche d’un film de vengeance. Personnage trempé dans la pulpe du cinéma d’exploitation et le vernis éclatant du wu xia pian, ces films d’arts martiaux chinois centrés sur des guerriers itinérants et portés par un sens mythologique de l’honneur et la virtuosité au combat. Le synopsis, lui, tient en deux phrases. Beatrix Kiddo est laissée pour morte par son ancien clan d’assassins le jour de son mariage. Elle renverse alors un à un ses bourreaux dans un ballet de revanche ultra violent.
L’élaboration et le tournage du film qui mélange les genres (western spaghetti aux polars nippons des années 70) furent une entreprise colossale, notamment en raison de l’entraînement physique de l’actrice principale sous la houlette du légendaire chorégraphe hongkongais Yuen Woo-Ping.
À la sortie, la critique anglo-saxonne s’embrase. On loue un film “baroque, électrifiant, nerveusement fun” voire une célébration décomplexée du grand style tarantinien. Le box-office suit : plus de 334 millions de dollars cumulés pour un double-film pourtant radical dans son approche. Au-delà du succès commercial, Kill Bill inaugure un tournant. La preuve qu’un film peut-être à la fois un divertissement populaire et une lettre d’amour au 7e art.
Une myriade de références et un impact colossal
Si Kill Bill : Volume 2 (2004) est régulièrement cité comme l’une des meilleures suites du cinéma, c’est sans doute parce que l’œuvre fait office de véritable banquet de références. Le film convoque Akira Kurosawa, le cinéma de sabre, l’animé japonais façon Golgo 13 (1968). Mais aussi le western de Sergio Leone et la grande époque de la blaxploitation. Chaque plan semble téléporter une mémoire cinéphile, sans qu’aucune citation ne soit jamais gratuite.
Dans la pop culture, l’impact est colossal. Le costume jaune de Beatrix Kiddo devient une icône visuelle que l’on retrouve jusque dans Telephone, le clip incendiaire de Lady Gaga et Beyoncé, où surgit même le célèbre “Pussy Wagon”, prêté pour l’occasion par Quentin Tarantino en personne.
Devenu aussi le titre d’un récent morceau de SZA, Kill Bill irrigue la mode comme la publicité. Certaines campagnes réinterprètent le duo “combinaison jaune + sabre”, héritage direct de Bruce Lee, pour des marques de sport ou d’arts martiaux. Les jeux vidéo d’action, eux, multiplient les clins d’œil. Kill Bill de Quentin Tarantino s’invitera notamment bientôt dans Fortnite.
Une bande originale bluffante
La bande originale, assemblée par RZA (membre fondateur du Wu-Tang Clan et superviseur musical du projet) devient une playlist générationnelle. Elle est disséquée dans plusieurs travaux universitaires sur la musique au cinéma pour sa construction dite “needle drop”, une expression qui désigne l’art d’insérer des morceaux préexistants (rock, surf music, soul, thèmes de séries japonaises), comme des éclats narratifs. Chaque chanson tombe ainsi à un moment précis pour créer un impact dramaturgique.
Kill Bill s’est imposé comme un artefact transgénérationnel : un film capable de muter d’époque en époque sans perdre sa vigueur. Aujourd’hui, avec The Whole Bloody Affair, son ADN se révèle tel qu’il aurait toujours dû être montré. Un poème de violence stylisée, un geste maximaliste qui continue de nourrir autant les études universitaires que les mèmes TikTok.
Kill Bill: The Whole Bloody Affair, au cinéma le 5 décembre 2025 aux États-Unis.