19 juin 2025

Kerry Condon nous raconte les coulisses du film événement F1 avec Brad Pitt

C’est l’un des films les plus attendus de 2025. Et assurément l’un des blockbusters de l’été. F1 raconte, avec brio et puissance, la renaissance d’une écurie fictive de Formule 1, avec un Brad Pitt au sommet de sa forme. La charismatique actrice Kerry Condon, qui joue le premier rôle féminin du long-métrage, nous dévoile les coulisses d’un tournage épique.

  • propos recueillis par Violaine Schütz.

  • C’est assurément l’un des blockbusters de l’été 2025. Le film F1 raconte l’histoire d’une écurie de Formule proche de la faillite qui va être sauvée par l’arrivée d’un pilote tête brulée, Sonny Hayes, joué par Brad Pitt. L’actrice irlandaise Kerry Condon (Les Banshees d’Inisherin, Avengers, Better Call Saul) y joue Kate, une ingénieure automobile en charge de créer la meilleure voiture possible pour remporter les Grands Prix.

    F1, un film événement sur la Formule 1 avec Brad Pitt et Kerry Condon

    Cette dernière évolue dans un monde d’homme et tient tête à Sonny Hayes, tout en tombant sous son charme. Alors que le film arrivera au cinéma le 25 juin, on a discuté longuement avec l’actrice via Zoom.

    L’interview de l’actrice Kerry Condon

    Numéro : Qu’est-ce qui vous a attirée dans le film F1 ?

    Kerry Condon : Avant de lire le scénario, j’ai rencontré l’équipe du projet, notamment le producteur Jerry Bruckheimer (Le Flic de Beverly HillsBad Boys, Pirates des Caraïbes, Top Gun). J’ai grandi en regardant les productions de Jerry Bruckheimer, ces grands films américains avec leur musique spectaculaire, leurs effets spéciaux et ce côté feel good. J’ai toujours rêvé d’être dans l’un de ces films. Pour moi, c’était ce qui définissait vraiment une star de cinéma. C’était quelque chose que j’ai toujours voulu, mais ça me semblait tellement loin de mon Irlande natale. 

    Et pourtant, vous avez décroché le premier rôle féminin dans F1

    Oui, et quand le projet s’est concrétisé, j’étais ultra excitée : “Oh mon Dieu, je pourrais jouer dans un de ces films à succès. Ce serait fou. Du jamais vu ! » Et puis, j’ai rencontré le réalisateur du film, Joseph Kosinski, qui sortait du tournage de Top Gun: Maverick, et on s’est très bien entendus. Il comprenait parfaitement qui j’étais, et je trouvais sa conversation très facile. Il était très intelligent et préparé. Je l’ai rencontré des mois avant le film, peut-être même un an avant le tournage, et il était déjà prêt. Ce qui est important pour moi parce que beaucoup de gens disent qu’ils veulent devenir réalisateurs, puis ils commencent à faire un film, et ils réalisent à quel point c’est difficile d’être réalisateur.

    La bande-annonce du film F1 (2025).

    Je ne connaissais rien à la Formule 1 avant de jouer dans F1.” Kerry Condon

    Que connaissiez-vous de la Formule 1 et des voitures avant de jouer dans F1 ?

    Je ne connaissais rien à la Formule 1. Je connaissais les voitures, mais seulement celles que j’aimais. Ainsi que des choses sur leur conception Et j’ai mon permis. J’aime dire que je suis une très bonne conductrice. Mon père nous a appris à très bien conduire. En effet, il travaillait dans un garage de camions. J’ai grandi dans un garage avec des réparateurs de camions.

    Est-ce qu’en tournant F1, avez-vous compris la folie entourant ce sport ?

    Oui, tout à fait. Personnellement, je ne serais pas une spécialiste des courses de voitures. C’est un peu technique pour moi. Mais j’adore regarder les voitures et conduire vite.

    La bande-annonce du film F1 (2025).

    Les Grands Prix ressemblent à des concerts.” Kerry Condon

    Comment vous êtes-vous immergée dans ce milieu ?

    Avant le tournage, la production nous a envoyés, avec les autres acteurs qui jouent les ingénieurs dans le film, au Grand Prix de Barcelone, juste pour voir à quoi ça ressemblait. Je me souviens que la première chose que j’ai eue du mal à croire, c’est qu’il y ait autant de monde. Et qu’ils courent pour se rendre sur place, comme dans un concert. Il y avait tellement de fans dévoués. Et puis le bruit était dingue, presque tribal. Il régnait une énergie folle. 

    Vous jouez une ingénieure en automobile. Avez-vous parlé avec des personnes ayant le même métier pour préparer ce rôle ?

    J’ai parlé avec Bernie Collins, une ingénieure irlandaise qui a travaillé dans la Formule 1 comme stratège, et elle a une éducation et une scolarité très similaires à la mienne. Elle m’a expliqué plein de choses compliquées. Je ne vais pas vous mentir : je suis vraiment nul en physique et en maths. Ce n’est pas mon talent naturel d’être bonne dans ces deux domaines-là. Mais j’avais déjà travaillé sur la série Luck avec Michael Mann, sur les courses hippiques. Je jouais un jockey et Michael Mann m’a montré comment préparer un film quand on n’y connaît rien (rires). Je savais donc qu’il y avait certaines choses que je n’avais pas besoin de savoir. Par exemple, je n’avais pas besoin de savoir construire une voiture. J’ai donc choisi ce que je devais savoir, et Bernie Collins ne m’a pas submergé d’informations. 

    En Formule 1, on voyage neuf mois par an.” Kerry Condon

    Est-ce que le fait d’être une néophyte est un plus pour faire découvrir au public la Formule 1 au plus grand nombre ?

    Oui, car j’explique, dans le film, des choses techniques au public qui ne connaît pas la F1 en essayant de transmettre les informations clairement. Je voulais que ceux qui n’étaient pas fans de F1 aient quand même envie de voir le film. C’était donc une bonne chose que je ne sache rien sur le sujet au départ.

    Comment décririez-vous votre personnage, Kate McKenna ?

    Elle est très intelligente, car pour arriver en Formule 1, il faut faire partie de la crème de la crème. Il faut compter 20 ans pour y arriver et être allée à l’université. C’est aussi une femme non conventionnelle, en raison de son style de vie. On voyage neuf mois par an. Et il y a aussi une douceur chez elle.

    Je considère la romance comme une partie à part de ma vie, peut-être même un peu secondaire.”

    Comment vous êtes-vous connectée à ce rôle ?

    Quand j’allais à l’école en Irlande, on allait dans une école pour filles. La plupart du temps en Irlande, l’éducation est non mixte, et c’est généralement catholique. J’étais dans une école de religieuses catholiques. Donc, on n’a pas eu beaucoup d’expérience avec les hommes et avec les relations amoureuses. Quand vous venez de là et que vous allez à l’université, vous passez la majeure partie de votre vie à étudier pour atteindre un certain niveau. Pour Kate, je voulais jouer avec l’idée de ce qui se passerait si cette personne n’était pas très confiante sexuellement. Ce n’est pas la femme de tête typique qui déborde de confiance que l’on voit dans les films d’action.

    Avez-vous des points communs avec Kate ?

    Oui et j’ai été vraiment encouragée à apporter beaucoup de moi-même à ce personnage. C’est ce qui était très appréciable dans ce tournage. Joseph (le réalisateur, ndlr) m’a vraiment poussée à me fier à mon instinct et à le suivre. Et ça m’a valorisée. Je me disais : “Waouh, ma première idée était la bonne !” Et il m’a aussi encouragée à m’amuser. C’était fou, parce que c’était un film avec un budget énorme et la pression était dingue. Mais au final, son message était toujours : “Profite, amuse-toi !” Si je riais et plaisantais, il m’encourageait toujours. Du coup, ça me permettait de ne pas trop analyser les choses. Mais oui, il y a beaucoup de moi dans Kate. Je suis très “garçon manqué”. Je suis motivée par mon travail et je considère la romance comme une partie à part de ma vie, peut-être même un peu secondaire, pour être honnête.

    Mon personnage et celui de Brad Pitt recherchent des sensations fortes.”

    Comment voyez-vous la relation unissant Sonny Hayes (Brad Pitt) et votre personnage ?

    Au début, quand Sonny arrive dans l’écurie de Formule 1 de son ancien ami pilote (joué par Javier Bardem), cette dernière est en train de perdre. Mon personnage est responsable de la voiture. Et les rumeurs disent qu’elle est probablement mauvaise dans son travail car la voiture marche mal. Elle est alors au plus bas. Sa confiance en elle, même si elle garde cela secret, est altérée. Elle se dit : “Oh mon Dieu, je suis à côté de la plaque !” Mais Sonny commence à donner des conseils sur la voiture et à dire qu’il faut la modifier. Et là, même si elle est sous son charme, elle se dit : “Oh, attends un peu. Tu vas venir me dire comment faire mon travail ?Tu ne connais rien à la Formule 1, alors qui es-tu pour venir me dire comment faire mon travail ?” J’ai bien aimé ça chez Kate. Même si elle est un peu complexée au début, elle est toujours capable de dire : “Hé, recule.”

    Parce que c’est une femme dans un monde d’hommes. Elle doit s’imposer…

    Oui, parce qu’il faut être comme ça en tant que femme au travail. C’est un emploi du temps très exigeant. Il faut fixer des limites. Elle est plus intelligente qu’elle ne le laisse paraître. Et elle est très similaire au personnage joué par Brad Pitt. Ils adorent tous les deux leur travail et ce sont des gens qui voyagent simplement pour leur travail. Ils recherchent des sensations fortes. Il y a un peu de ça chez tous les gens qui évoluent dans la F1

    Je voulais montrer à Brad Pitt à quel point je suis douée.” Kerry Condon

    C’est un métier très dangereux…

    Oui, mais beaucoup de choses dans la vie sont dangereuses, et on n’a pas la dopamine qui va avec. Par exemple, descendre dans une mine de charbon est dangereux, et on n’est pas vraiment high après. 

    Comment c’était de travailler avec Brad Pitt ?

    Évidemment, au début, j’étais un peu nerveuse. Je devais apporter toute mon expérience, car il est dans le métier depuis tellement longtemps. Je savais que c’était un rôle énorme pour moi, et il qu’il avait approuvé la personne qui l’a obtenu. Au départ, je voulais vraiment lui montrer à quel point je suis douée. Je savais qu’il avait travaillé avec des acteurs incroyables et je voulais être à la hauteur de certains d’entre eux… Comme ça, si on lui demandait à l’avenir qui étaient ses meilleures co-stars, il pourrait répondre : “Oh, Cate Blanchett, Kerry Condon…” (rires) Je voulais tellement l’impressionner qu’il dirait : “Waouh, elle était vraiment géniale.” Donc, j’étais concentrée sur l’idée de fournir un excellent travail.

    Avec Brad Pitt, il y a aussi un côté célébrité qui, vu de l’extérieur, semble assez difficile à gérer.” Kerry Condon

    Comment s’est déroulé le tournage des scènes avec Brad Pitt ?

    Quand j’ai travaillé sur la série Luck, sur les courses hippiques, il fallait beaucoup s’entraîner pour les cascades. Et c’est tellement excitant de s’entraîner pour les cascades, que quand on joue sans qu’il y ait de cascade, on est parfois vraiment épuisé. J’en étais consciente avec Brad (Pitt) et Damson (Idris). Donc, quand Brad venait tourner les scènes romantiques ou autres avec moi, celles sans voiture, je voulais que ce soit facile. Je ne savais pas si Brad était vraiment fatigué. Mais j’imaginais qu’il l’était et je voulais être très décontractée pour lui faciliter la vie. Il y a aussi un côté célébrité qui, vu de l’extérieur, semble assez difficile à gérer. Comme cela semble fatigant, j’ai voulu créer un environnement très détendu pour lui afin qu’il n’ait pas à se soucier de quoi que ce soit d’inutile. 

    Avez-vous eu une anecdote au sujet de Brad Pitt ?
    Quand j’ai vu le film, je me suis dit : “Oh mon Dieu, on a vraiment les yeux de la même couleur.” C’était seulement après le tournage que je l’ai réalisé.

    Le teaser du film F1 (2025).

    En tournant durant les Grands Prix, il fallait être très bon dès la première prise.” Kerry Condon

    Vous avez tourné le film durant les Grands Prix de Formule 1. Quels défis cela représentait ?

    C’est l’une des choses dont Joseph (Kosinski, le réalisateur du film, ndlr) m’a parlé quand j’ai obtenu le rôle. Il m’a dit qu’on tournerait en direct et qu’il y aurait une dimension théâtrale. Et j’avais beaucoup travaillé au théâtre et j’adore la pression. Je travaille mieux sous pression. Joseph était tellement préparé et on avait tant répété qu’au moment des Grands Prix, on s’est dit : “OK, on ​​y va tout de suite.” On avait hâte.

    Quels défis cela représentait ?

    Le nombre de prises était limité. Quand on voit ces voitures nous dépasser, c’est un vrai Grand Prix qui se déroule en plein tournage. On ne pouvait pas jouer avec le temps. On avait une fenêtre temporelle précise de quelques minutes. Et puis parfois, quand Brad enlevait son casque, on savait qu’on n’aurait que deux prises avant que les gens commencent à le reconnaître. Les gens passaient, et tout d’un coup, ils s’exclamaient : “Oh là là, c’est Brad Pitt ?” Il y avait alors des gens debout dans le champ, qui le pointaient du doigt, et c’était fini. Il fallait donc être très bon dès la première prise. Mais c’était passionnant. Aussi, une fois sur le circuit, impossible de retourner aux toilettes et la maquilleuse ne pouvait pas venir me remettre du rouge à lèvres. Il faut se coiffer soi-même. Mais étant donné mon côté tomboy, ça ne me dérangeait pas.

    Imaginez l’équipe Ferrari disqualifiée parce que j’ai touché leur voiture !”

    Quel est votre meilleur souvenir du tournage ?

    Il y en a tellement, mais je pense à la fois où on a tourné la scène de la première victoire de notre écurie de F1. C’était une journée difficile. Le vrai Grand Prix se terminait et ils garaient tous leurs voitures. À ce moment-là, on ne peut pas toucher les voitures. On nous avait répété à maintes reprises : “Ne touchez pas aux voitures. Si vous touchez la voiture, vous la disqualifiez !” Imaginez l’équipe Ferrari disqualifiée parce que j’ai touché leur voiture ! Il y avait beaucoup de pression, mais tout s’est déroulé à la perfection. Et on a dû faire comme si on célébrait la victoire, sauf qu’on était vraiment contents de travailler en équipe dans la vraie vie. Les confettis sont tombés à ce moment précis. Et toute l’équipe et tous les acteurs sont allés boire un verre, en Hongrie, ce soir-là pour fêter ça. C’était une journée géniale au final.

    Quels sont pour vous les points communs entre le cinéma et la F1 ?

    Il y a un côté “travail d’équipe” en F1 qui ressemble beaucoup à l’ambiance d’un tournage. Quand on tourne un film, on se rapproche vraiment. Enfin, moi en tout cas, je me rapproche de toute l’équipe (rires). Car on est tous dans le même bateau. Il y a beaucoup de similitudes entre l’industrie cinématographique et la Formule 1

    F1 (2025) de Joseph Kosinski, au cinéma le 25 juin 2025.