Comment “Mickey and the Bear” a bousculé les États-Unis
Après un passage remarqué aux festivals de Cannes puis de Deauville, “Mickey and the Bear”, premier film de l’actrice et réalisatrice Annabelle Attanasio, débarque aujourd’hui dans les salles françaises. Une fable sociale sur la crise des opiacés qui bouleverse les États-Unis.
Par Lolita Mang.
Depuis les contrées sauvages du Montana, Mickey and the Bear a fait un long chemin jusqu’aux écrans français. Sorti aujourd’hui en salle, le long-métrage s’est d’abord fait remarquer au Festival de Cannes, puis à Deauville. Écrit et réalisé par Annabelle Attanasio, ce premier film lève le voile sur la crise des opiacés, un fléau qui ravage les États-Unis.
47 000. C’est le nombre d’Américains décédés des suites d'une overdose liée à la consommation d’opiacés en 2017. L’urgence est telle que le président des États-Unis, Donald Trump, a affirmé vouloir en faire une “priorité nationale” la même année. Selon la définition de l'Observatoire français des drogues et des toxicomanies (OFDT), les opiacés sont “des produits obtenus à partir de la plante opium, un sédatif d'origine naturelle provenant de la culture du pavot. Quand le produit est dérivé partiellement ou totalement de l'opium, il s'agit d'opioïdes. Présentes notamment dans des antalgiques, ces deux substances permettent de soulager la douleur, le stress et de contrôler des émotions”.
Aux États-Unis, le problème remonte aux années 1990 et met en cause l’industrie pharmaceutique, à une époque où un double mouvement favorisait l'entrée dans la dépendance : les généralistes étaient incités à mieux prendre en compte la souffrance de leurs patients tandis que les laboratoires vantaient l'efficacité des anti-douleurs opiacés.
Entre récit d’apprentissage et film féministe, Mickey and the Bear dépeint le portrait d’une adolescente jonglant entre les rôles d’épouse et de mère
Mickey and the Bear met en lumière ce phénomène en suivant les dilemmes d’une adolescente devant s’occuper de son père – un vétéran accro aux opiacés –, tiraillée entre ses responsabilités et l’envie de fuir. Entre récit d’apprentissage et film féministe, sa réalisatrice dépeint le portrait d’une fille de seize ans qui jongle entre les rôles d’épouse et de mère dans le cocon familial. Avec ses deux principaux interprètes, Camila Morrone (déjà aperçue dans le Bukowski de James Franco en 2013) et James Badge Dale (Les Infiltrés, Shame), Annabelle Attanasio a organisé une semaine de répétition en huis clos afin de faire naître l’alchimie.
L’exercice est réussi, si l’on en croit le succès qu'a rencontré le film au festival de Deauville, doublé de sa présence au sein de la sélection de l'ACID (Association pour le cinéma indépendant et sa diffusion), à Cannes. Pourtant, malgré pléthore de louanges, le long-métrage n'engrange qu'une maigre recette de 57188 dollars au box office américain. Après un démarrage décevant outre-Atlantique, Mickey and the Bear débarque dans les salles françaises ce 12 février 2020, où l'influence des festivals pourrait davantage lui bénéficier.
Mickey and the Bear, en salles.