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Combien pèse l’ego de Sébastien Tellier?
Jeudi 13 février, se tenait la première mondiale du documentaire "Sébastien Tellier : Many Lives" au festival F.A.M.E de la Gaîté Lyrique à Paris. De ses premiers succès à la sortie de son tout dernier titre, le film retrace l’évolution musicale de l’artiste. Entre scènes enfumées, délires musicaux et moments d’errances, le film de François Valenza rend hommage à la folie créatrice d’un homme, tout aussi "sublime que minable".
Par Margaux Coratte.
Sébastien Tellier : Many Lives était sûrement le film le plus attendu de la 6e édition du festival F.A.M.E. Après plusieurs années sans que le musicien-chanteur n’ait sorti de nouveaux titres, la projection exclusive de ce documentaire arrive à point nommé pour satisfaire les oreilles transies du manque de son excentricité. Talentueux, ringard, halluciné, conciliant parfaitement l’absurde et le beau, Sébastien Tellier fascine fidèles et détracteurs, et son personnage démiurge crève royalement l’écran. Entre des images d’archives et les témoignages de ses amis et collaborateurs, le film offre une plongée extraordinaire dans l’univers de ce gourou de la musique française.
Bête noire étonnante et insaisissable, irrévérencieux et narcissique, l’auteur de La Ritournelle, L’amour et la Violence et Pépito Bleu est dévoilé ici comme un être habité par une passion violente. La musique est son tout. Conforté dès le départ dans une image de poète maudit, il vit et mixe, recroquevillé dans un studio miteux où la pluie tombe du plafond. Très vite, l’artiste se forge un personnage et un univers autolâtre, qui ne cesse d’enfler jusqu’à l’acmé de l’égotisme, son troisième album, My God Is Blue. Enchanté, le film baigne dans ses créations musicales, des tout premiers accords de L’Incroyable vérité à sa performance pour l’Eurovision en 2008, en passant par sa voix étrangement vocodée dans A Ballet.
Nicolas Godin, Christophe, Marc Teissier Du Cros (fondateur du label Record Makers et manager de Air, Kavinsky et Sébastien Tellier), Phoenix… tout autant d’amis, de musiciens et d’acolytes de l’artiste témoignent de la folie créatrice qui l’habite, dans une touchante déclaration d’amour et d’admiration. Beau cadeau pour l’égo du monstre. Le film montre ainsi comment, autour du musicien torturé, gravitent tout un panel de personnes qui ont joué un rôle important dans la réalisation de ses créations. Plus qu’un portrait de Sébastien Tellier, le documentaire de François Valenza dresse une fresque musicale foisonnante qui, dans une narration chronologique, fait apparaître les êtres de l’ombre, ceux que l’allure excentrique de l’artiste occulte inévitablement.
Si le titre laisse penser que le musicien français a eu plusieurs vies, c’est parce qu’il s’attache à en dévoiler les multiples facettes. A travers chaque album, Sébastien Tellier revêt une nouvelle peau, pour en faire jaillir un univers unique, teinté de sensualité, d’onirisme et de délires psychotropes. "Je suis un autre " en ritournelle, il explique chercher sans cesse à atteindre une image parfaite de lui-même. Essence même de son être, la musique le ballote du personnage théâtral à celui de mélomane transi, dans une ballade éthérée et infinie.
Sébastien Tellier : Many Lives (2020) de François Valenza, date de sortie encore inconnue.