Rencontre avec Caitríona Balfe, star d’Outlander et de The Amateur avec Rami Malek

propos recueillis par Violaine Schütz.

Avec sa beauté saisissante et son visage expressif, Caitríona Balfe se fait d’abord connaître comme mannequin. Elle débute à 19 ans et reste dans la mode durant 10 ans. Signée notamment chez Ford Model Management à Paris et chez Elite à New York, elle travaille – pour des campagnes ou pour des défilés – pour Calvin Klein, Chanel, Oscar de La Renta, Max Mara, Dolce & Gabbana, Moschino, Bottega Veneta, Marc Jacobs ou encore Dries Van Noten. Sans être une star, elle devient une mannequin très prisée dans les années 2000.

Caitríona Balfe, des podiums des défilés de mode à la série Outlander

Pourtant, il ne s’agissait pas d’une vocation pour l’actrice irlandaise de 45 ans au teint diaphane. Elle dira même en interview : “Le mannequinat n’était pas une passion pour moi car engendrant rapidement toutes sortes de frustrations.” Une chance pour le milieu du cinéma… Même si Hollywood lui propose d’abord des rôles de jolie fille secondaire à l’intrigue. Elle débute en employée du magazine Runway dans le film culte Le Diable s’habille en Prada, en 2006. On y aperçoit surtout ses longues jambes, perchées de hauts talons.

Mais très vite, les réalisateurs craquent pour son regard bleu et sa douceur. On la voit dans Super 8 de J.J. Abrams, Insaisissables (2013), Money Monster (2016) de Jodie Foster avec George Clooney et Julia Roberts, Le Mans 66 (2019) de James Mangold aux cotés de Christian Bale et Matt Damon ou encore Belfast (2021) de Kenneth Branagh.

Mais c’est une série qui va faire d’elle une star. En effet, Caitríona Balfe interprète le rôle de Claire Fraser dans Outlander (depuis 2014). Une infirmière de guerre courageuse qui refuse les conventions (de 1945) et les limitations dûes à son genre. Ce rôle romantique et dramatique d’héroïne qui traverse les époques et vit une passion intrépide avec un guerrier écossais lui vaut quatre nominations aux Golden Globes.

Une hackeuse charismatique dans le film The Amateur, aux côtés de Rami Malek

Mais la palette de jeu de Caitríona Balfe ne se résume pas aux larmes de détresse et aux robes d’époque. Elle le prouve avec son apparition dans le thriller The Amateur, qui sort au cinéma le 9 avril 2025. Le pitch de ce thriller d’espionnage atypique ? “Charlie Heller, un cryptographe de la CIA aussi brillant qu’introverti, voit son existence basculer lorsque sa femme décède durant une attaque terroriste perpétrée à Londres. Déplorant l’inaction de sa hiérarchie, il prend alors l’affaire en mains et se met à la recherche des assassins, embarquant pour un dangereux voyage partout à travers le monde pour assouvir sa vengeance.”

Dans sa quête qui le mène aux quatre coins du monde, le héros d’abord timidie (incarné par Rami Malek) peut compter sur l’aide d’Inquiline, incarnée par Caitríona Balfe. Cette hackeuse solitaire planquée à Istanbul va non seulement aider Charlie Heller à mettre la main sur les assassins de sa femme. Mais elle va aussi lui redonner quelque peu goût, le goût à la vie. Quelques jours avant la sortie du film, l’actrice s’est confiée sur son amitié avec l’acteur de Bohemian Rhapsody et ses choix de rôles au cinéma.

L’interview de l’actrice Caitríona Balfe

Numéro : Qu’est-ce qui vous a plu dans le film The Amateur ?

Caitríona Balfe : Quand j’ai reçu le scénario, j’ai trouvé la lecture passionnante et l’approche du genre (le thriller d’espionnage), unique. Le personnage de Charlie Heller (joué par Rami Malek) vraiment intéressant. C’est un personnage atypique dans ce type de films (c’est quelqu’un de très intelligent et geek qui devient héros d’action, ndlr). Le personnage d’Inquiline que j’incarné est lui aussi atypique. Il y a une profondeur incroyable chez elle. Même si elle n’apparaît que dans une partie du film, j’avais l’impression que je pouvais faire quelque chose avec ce personnage. Elle me semblait palpitante.

Votre personnage, une hackeuse au passé mystérieux nommée Inquiline, est très complexe…

Je pense que lorsqu’on la rencontre, c’est quelqu’un qui a manifestement vécu une perte immense (son mari, ndlr) et qui est profondément brisé. De ce fait, elle s’est, à bien des égards, retirée de la vie et du monde en général, et reste très discrète. Mais en même temps, c’est une fervente défenseure de la lutte contre la corruption et elle dénonce les mensonges et les agissements corrompus d’institutions très puissantes (comme la CIA, ndlr). C’était pour moi une dichotomie très intéressante à explorer chez quelqu’un. D’une part, elle se cache du monde, mais d’un autre côté, elle fait preuve d’un courage et d’une ouverture d’esprit remarquables. Donc, oui, il y a beaucoup de complexité chez elle.

“On ne peut pas vraiment se préparer pour les scènes d’action, si ce n’est espérer être assez en forme pour courir aussi vite que les réalisateurs le souhaite.” Caitríona Balfe

Comment vous êtes-vous préparée pour les scènes d’action du film, notamment une course-poursuite en voiture ?

Ces scènes sont toujours amusantes. On ne peut pas vraiment se préparer, si ce n’est espérer être assez en forme pour courir aussi vite que le réalisateur le souhaite. L’adrénaline monte, et quand ils disent action, vous courez aussi vite que possible, comme si on vous poursuivait, en espérant ne pas décevoir quelqu’un. L’équipe de cascadeurs, qui était incroyable, avait évidemment tout planifié avec soin et avait travaillé avec James (Hawes), notre réalisateur, donc tout était déjà balisé. Alors quand ils vous expliquent exactement ce qu’ils veulent, vous suivez. Le décor (Istanbul) était magnifique et spécial, et la façon dont ils avaient imaginé cette évasion à travers toutes ces petites maisons, c’était vraiment bien vu.

Et il n’y a pas eu d’accident durant les cascades ?

Non, on était en sécurité.

“Je connais Rami (Malek) depuis un moment déjà et j’espérais avoir un jour l’occasion de travailler avec lui.” Caitríona Balfe

C’est Rami Malek qui a eu l’idée que vous jouiez à ses côtés dans le film. Quelle est votre relation ?

C’est un acteur brillant et tellement merveilleux. Et généreux. Je connais Rami depuis un moment déjà et j’espérais avoir un jour l’occasion de travailler avec lui. Quand ils m’ont envoyé le scénario, j’étais tellement excitée de pouvoir le faire. Sa présence, quand on joue avec lui, est incroyable. C’est aussi quelqu’un de gentil et d’adorable. On a donc eu une relation de travail fantastique. Ces deux personnages que nous incarnons dans The Amateur avaient une complicité incroyable, que l’on a pu très vite trouvée ensemble, ce qui était formidable.

Étiez-vous une grande fan de films d’espionnage et de thrillers avant de jouer dans The Amateur ? 

Mon père était un grand admirateur de films d’espionnage. Quand j’étais enfant, si la seule télévision de la maison était allumée et que vous vouliez regarder un film, alors vous deviez voir la même chose que lui. On était obligé (rires). Mais oui, j’ai toujours été fan de ce genre de longs-métrages. Au fil des ans, il y a eu tellement de sous-genres cinématographiques différents dans l’espionnage qu’il y a toujours des films agréables à découvrir.

“J’espère que l’époque où les femmes se contentaient de servir les personnages masculins, sans avoir aucune profondeur, est révolue.” Caitríona Balfe

Que ce soit Claire dans la série Outlander ou Inquiline dans The Amateur, vous semblez privilégier les personnages féminins qui ne sont pas des objets. Est-ce une démarche féministe de votre part ?

Je m’intéresse simplement à jouer de vraies femmes. Des femmes qui ont une certaine capacité d’action. Donc, si cela est perçu comme une quête féministe, alors oui, ça en est une. Mais je pense qu’il est important que chaque personnage que j’incarne ait une part de réalité. Qu’il ait une dimension tridimensionnelle et donne le sentiment d’avoir quelque chose d’intéressant en lui. Je suis tellement reconnaissante d’avoir intégré ce milieu et d’avoir vu ma carrière décoller. Et que de plus en plus de personnages féminins soient écrits de cette façon. Je ne pense pas que tout soit parfait, loin de là. Et il reste encore du travail à faire. Mais j’espère que l’époque où les femmes se contentaient de servir les personnages masculins, sans avoir aucune profondeur, est révolue.

The Amateur de James Hawes, au cinéma le 9 avril 2025. Outlander, créée par Ronald D. Moore, disponible sur Netflix.