Angelina Jolie impressionne en Maria Callas dans un biopic sans panache
L’icône du cinéma Angelina Jolie joue le rôle de la célèbre cantatrice grecque Maria Callas dans un biopic signé Pablo Larraín intitulé Maria, qui a été présenté à la Mostra de Venise. Mais si l’actrice américaine s’avère bluffante dans la peau de la chanteuse, le film en lui-même nous laisse de marbre.
par Violaine Schütz.
Après avoir réalisé des films – plutôt lisses – sur Jackie Kennedy (Jackie en 2016 avec Natalie Portman) et sur la princesse Diana (Spencer en 2021 avec Kristen Stewart), le réalisateur chilien Pablo Larraín réalise un autre biopic qui ne séduit pas non plus tout à fait.
Il s’agit de Maria, un long-métrage retraçant la vie de l’iconique cantatrice grecque Maria Callas. Le biopic qui a été tourné entre Paris, la Grèce, Budapest et Milan, entend retracer “l’histoire tumultueuse, belle et tragique de la vie de la plus grande chanteuse d’opéra du monde, Maria Callas, reconstituée pendant ses derniers jours dans le Paris des années 1970.”
Un biopic sur Maria Callas signé Pablo Larraín
Pour incarner cette légende de la musique à la vie tourmentée (entre amours passionnelles, passé difficile, relations avec sa mère compliquée, addiction, rivalité avec Jackie Kennedy, deuil et solitude), le cinéaste a fait appel à une actrice déjà mythique de son vivant : Angelina Jolie. La star américaine âgée de 49 ans se révèle bluffante, vêtue et maquillée en cantatrice, dans Maria. Lunettes de vue oversize, eyeliner prononcé, pommettes saillantes… Elle incarne avec grâce et émotion cette diva que sa mère a essayé de prostituer, alors qu’elle était adolescence, à des soldats allemands. Et qui est devenue l’une icônes de la musique les plus adulées au monde.
La ressemblance entre la diva Maria Callas et Angelina Jolie est frappante. Interviewée par Numéro, l’actrice Monica Bellucci, qui a aussi incarné la cantatrice au théâtre, avait prédit que ce choix serait judicieux. “Angelina Jolie va être magnifique dans ce rôle, d’autant plus que physiquement, il y a vraiment une ressemblance. Avec le maquillage, les similitudes peuvent s’avérer troublantes.”
Mais les similitudes ne sont pas que physiques. Après la mort de son grand amour, Aristote Onassis, la Callas s’est sentie seule et a vécu recluse dans un somptueux appartement, à Paris et arrêtant de s’alimenter pour devenir accro aux médicaments. Or, après avoir divorcé de Brad Pitt, Angelina Jolie semble avoir aussi connu une longue période de solitude, même si elle est entourée de ses enfants. En conférence de presse, l’actrice a avoué qu’elle partageait avec la diva sa vulnérabilité.
Une performance bluffante d’Angelina Jolie
Pour se préparer à entrer dans la peau de La Callas, l’actrice américaine – qui vient de réaliser le film Without Blood avec Salma Hayek et jouera bientôt dans le long-métrage français Coutures -, a pris des cours de chant. Elle a également suivi une préparation intense de six mois pour adopter sa posture et son accent. Et les efforts se révèlent payants. Si elle ne fait pas partie des actrices nommées aux Oscars, Angelina Jolie tient ici l’un des performances les plus puissantes et émouvants de sa vie en diva rongée par ses démons.
En août 2024, le long-métrage était montré en compétition officielle à la Mostra de Venise. Sur la Lagune, l’actrice avait été acclamée par une standing ovation de 8 minutes – un geste qui l’a émue jusqu’aux larmes. Si la critique était alors divisée quant à la réalisation du film, le constat demeurait unanime : l’interprétation d’Angelina Jolie rend justice à la grandeur de Maria Callas.
Un biopic sans âme ?
Mais le problème, c’est qu’il s’agit bien là du seul atout (avec les décors et les costumes) du biopic qui se révèle assez plat et décousu, multipliant de manière bancale les flashbacks et abusant des ellipses. Résultat ? Le réalisateur n’arrive pas à nous à nous immerger pleinement dans le quotidien de cette femme insaisissable. Même si tout se passe pratiquement en huis clos, comme une pièce de théâtre, dans l’appartement parisien de la cantatrice, il filme la star de manière bien trop distanciée, là où on aurait aimé entrer un peu plus en profondeur dans sa personnalité et dans son âme tourmentée.
Comme dans beaucoup de biopics récents, on ne retrouve pas le souffle épique qui a animé les grands personnages issus de la culture et de l’art. La Callas méritait bien mieux que ce Maria maladroit et édulcoré (la violence physique et verbale d’Onassis envers Maria Callas, attestée par ses biographes, n’est pas traitée de manière suffisamment fine). On a parfois l’impression d’être devant une publicité misant plus sur les effets de caméra que dans un film de cinéma. Au final, on aurait presque préféré voir un bon documentaire sur la Callas, que ce portrait plein de pathos, voire mortifère, d’une femme qui semblait passionnante et pleine de vie.
Maria (2024) de Pablo Larraín, avec Angelina Jolie, au cinéma le 5 février 2025.