Choquant ou sublime : que vaut le film Saltburn avec Jacob Elordi ?
La bande-annonce de Saltburn avait laissé ses spectateurs aussi excités qu’intrigués. Avec un Jacob Elordi plus séduisant que jamais et un Barry Keoghan libidineux, le second film de l’actrice et réalisatrice britannique Emerald Fennell (Promising Young Woman), disponible sur Prime Video le 22 décembre 2023, flirte redoutablement avec le morbide, composant un thriller érotique qui joue avec les limites de la bienséance.
par Camille Bois-Martin.
Scènes montrant l’acteur Jacob Elordi (Priscilla, Euphoria), nu, abdos contractés et cheveux ébouriffés, intrigue énigmatique et hypnotique et décors sublimes… Sur le papier, Saltburn a tout pour séduire. Et sa bande-annonce, très sensuelle, avait aiguisé notre curiosité…
De quoi parle le film Prime Video Saltburn avec Jacob Elordi et Barry Keoghan ?
Au milieu des années 2000, à l’université d’Oxford, deux jeunes hommes se lient d’amitié : Oliver Quick (interprété par Barry Keoghan), boursier mal fagoté et lunettes maladroitement posées sur le nez est fasciné par un demi-dieu aristo en chemise en lin et baskets appelé Felix Catton (joué par Jacob Elordi). Au détour d’un pneu de vélo crevé, le premier dépanne le second qui le prend sous son aile et l’invite à la table des plus populaires de la faculté, où il s’intègre tant bien que mal. Puis vient l’été. Fils de parents toxicomanes et alcooliques, Oliver n’a nulle part où aller purger son malheur. Felix, dans un élan de charité, lui propose de le rejoindre dans sa demeure familiale de Saltburn. Débutent alors des vacances sous le signe du luxe… et de la luxure.
Que vaut Saltburn d’Emerald Fennell ?
Comme l’a montré son précédent et premier film Promising Young Woman (récompensé par un Oscar pour son scénario en 2020), l’actrice, écrivaine et réalisatrice britannique Emerald Fennell sait façonner des histoires aussi troublantes que fascinantes. Les attentes pour Saltburn étaient donc grandes – en partie grâce à son séduisant casting. Plongés au sein d’un château gardé dans son jus, la magnétique Elsbeth Catton (Rosamund Pike) se pavane en robe de soie puis de soirée, supervisant une famille composée de son fils, le Don Juan Jacob Elordi, de sa sœur aussi gracile que névrosée Venetia (Alison Oliver) et de leur cousin vicieux Farleigh (Archie Madekwe).
Étendus nus dans un champ de blés ou avachis sur un canapé de velours, la jolie tribu des Catton dégage ce je-ne-sais-quoi de sexuel qui happe les spectateurs autant que le jeune et, à priori timide, Oliver (Barry Keoghan). Ces personnages contribuent au charme d’un film léché, aux séquences superbes, de la soirée déguisée façon bacchanale shakespearienne organisée au sein de l’imposante demeure, à la scène finale capturant Barry Keoghan nu en train de danser sur l’iconique Murder on the Dancefloor de Sophie Ellis-Bextor (comportant un clin d’œil à l’intrigue du film).
Le scénario de Saltburn est construit sur un sentiment d’attraction-répulsion, que l’on retrouve dans la relation entre Felix et Oliver, le premier se complaisant dans l’obsession malsaine que le second lui porte. Vont-il consommer ? Sont-ils plus que des amis ? Le personnage interprété par Barry Keoghan semble, au fur et à mesure, se prendre au jeu de la débauche, et flirte dangereusement avec ses colocataires dans un jeu sexuel dont l’intensité de cesse de grimper. Le spectateur a alors du mal à détourner le regard, même lorsque les scènes filmées par Emerald Fennell deviennent de plus en plus dérangeantes.
Le film Saltburn est-il inutilement choquant ?
Saltburn évoque souvent le film Le Talentueux Mr Ripley (1999) avec les jeunes acteurs Jude Law et Matt Damon. Le long-métrage semble même en être un dérivé plus glauque. Derrière l’esthétique plaisante du film et son casting glamour, le thriller érotique d’Emerald Fennell joue en effet avec les limites de la bienséance et les dépasse parfois, jusqu’à devenir parfois gênant.
Mais si l’histoire prend une tournure qui en surprendra plus d’un, la dernière heure du film nous tient en haleine. Ongles enfoncés dans son siège, on finit par se demander jusqu’où les personnages seront prêts à aller et lequel s’avèrera être le pire d’entre eux. Les scènes flirtent avec le morbide et le sexuel, mais l’excitation laisse finalement place à la frustration. Après nous avoir envoûtés, Saltburn nous fait violemment ravaler l’ardeur de ses premières minutes pour devenir de plus en plus sombre. Surfant sur les méandres psychologiques d’un sociopathe libidineux, Emerald Fennell en fait parfois trop, martelant sans finesse sa vision malsaine. Âmes sensibles, s’abstenir.
Saltburn (2023) d’Emerald Fennell avec Jacob Elordi et Barry Keoghan, disponible sur Prime Video le 22 décembre 2023.