Audrey Hepburn : un documentaire dévoile la vie intime de l’actrice
De l’ombre de la guerre au jardin fleuri de La Paisible, sa dernière demeure, la vie d’Audrey Hepburn fut jalonnée d’épreuves difficiles qu’ont dû traverser tant d’autres femmes de son siècle. Helena Coan, dans son documentaire “AUDREY”, disponible le 3 mars en DVD et VOD, revient sur la vie de l’icône dont elle dit qu’elle était “bien plus que cela”, rendant un véritable hommage à la femme qu’était Audrey Hepburn, dont la profondeur et le relief ont toujours suscité la fascination.
Par Alice Pouhier.
Sur une scène obscure, une ballerine filmée de dos s’avance seule, éclairée par un unique projecteur. C’est à l’aide de scènes de danse qu’Helena Coan a choisi d’illustrer la vie d’Audrey Hepburn. Ne s’attardant sur la carrière cinématographique de l’actrice uniquement pour servir le portrait fidèle d’un personnage complexe, la réalisatrice a souhaité revenir sur chacun des moments qui ont irrémédiablement marqué le destin d’Audrey Hepburn en tant que femme. Pour accompagner cette narration sensible, elle choisit comme fil rouge le premier et seul amour de l’actrice : la danse. Keira Moore, Francesca Hayward et Alessandra Ferri, incarnent ainsi Audrey Hepburn à trois âges décisifs au cours de scènes chorégraphiées par Wayne McGregor. La plus jeune d’entre elles, Keira Moore, illustre l’actrice d’une dizaine d’années, lors d’une scène déchirante évoquant le départ de son père. Un choix artistique faisant du documentaire un puissant hommage à une femme dont le rêve d’enfant de devenir danseuse s’est mué en un destin exceptionnel.
Des interviews face caméra d’Emma Kathleen Hepburn Ferrer, sa petite-fille, Andrew Wald, photographe de mode, des images d’archives de Billy Wilder, réalisateur de Sabrina (1954), un témoignage de Clare Weight Keller de la maison Givenchy mais aussi d’Anna Cataldi une amie proche de la famille… Le documentaire d’Helena Coan fait intervenir une foule de témoignages d’intimes et de collaborateurs, qui enrichissent une vision de l’actrice parfois réduite, à tort, à celle d’une femme meurtrie par la guerre puis étant devenue une star de cinéma. Pourtant, le documentaire, tout comme la vie d’Audrey Hepburn, commence avec la guerre. D’ailleurs, il fallait au moins avoir fait une guerre pour survivre à la jungle d’Hollywood, lance Andrew Wald, qui se remémore la douce fermeté d’Audrey Hepburn, qui, fille d’une mère sévère et victorienne, menait sa carrière d’une main de fer sous un gant de velours. L’actrice, devenue célèbre à la suite du succès de Vacances Romaines (1953), s’éreinte à montrer une image parfaite d’elle-même, alors qu’elle dit avoir beaucoup de complexes sur son corps. On y entend alors des archives audio d’Audrey Hepburn confier qu’elle aimerait “avoir plus de formes” ou encore “avoir un plus petit nez”. Manquant de confiance en elle, la jeune femme dont le rêve de devenir danseuse étoile a été volé par des années de guerre – et un retard technique trop important pour prétendre devenir ballerine – rencontre Mel Ferrer, qui deviendra son mari et collaborateur pendant 17 ans. En Mel, Audrey Hepburn voyait un guide, une ancre dans ce tumulte permanent qui avait lieu en elle et au dehors. Après un premier divorce en 1968, elle rencontre un bel italien, psychiatre, plus âgé qu’elle, qui l’emmène vivre à Rome… A l’aide des témoignages de son fils et de sa petite-fille, Helena Coan nous emmène peu à peu vers ce qui ressemble à une psychanalyse : alors que le père d’Audrey Hepburn l’a abandonnée lorsqu’elle avait dix ans, elle n’aura de cesse que de le rechercher dans tous les hommes de sa vie.
“Ce que les gens ne savent pas à propos d’Audrey, c’est qu’elle était triste.” La voix tremblante de sa petite fille, Emma Kathleen Hepburn Ferrer, résume bien le propos du film documentaire réalisé par Helena Conan, qui montre une femme qui semble presque avoir vécu toute sa vie à la place d’une autre. Au soir de sa vie, dans sa maison Suisse, Audrey Hepburn s’enorgueillit de pouvoir cuisiner les légumes de son propre potager. Avec des images rares de l’actrice cheveux au vent dans cet écrin de verdure du nom de “La Paisible”, Helena Conan se plait à mettre en lumière la simplicité de l’actrice, pour une femme qui autrefois fût la première à porter les créations d’Hubert de Givenchy. Dans le calme de la nature, il semble qu’elle se rencontre enfin, et son fils Sean Hepburn Ferrer confie même qu’il la voit vraiment heureuse pour la première fois. L’icône, première à avoir gagné 1 million de dollars grâce au cinéma, ne semble pourtant jamais autant à sa place qu’attablée avec ses proches dans le calme d’un jardin. Faire des films reste secondaire face au profond besoin de construire une famille qu’éprouve l’actrice. Anna Cataldi, une amie de la famille, décrit Audrey Hepburn comme une femme dont le seul désir aura été de mener une vie normale. “Lorsqu’on était à la plage ensemble et que l’on jouait, on oubliait qu’Audrey était une star de cinéma” se remémore-t-elle. “Pour elle, c’était sa famille avant tout le reste” poursuit-elle : à la naissance de son deuxième fils, c’est tout naturellement qu’elle interrompt sa carrière pour se consacrer à l’éducation de ses enfants. Alors qu’elle a subi le divorce de ses parents lorsqu’elle avait six ans, ce choix tenait pour elle de la logique et n’était en aucun cas un sacrifice, mais une évidence, elle qui a toujours placé ses enfants au centre de ses priorités.
AUDREY (2020) de Helena Coan, à découvrir à partir du 3 mars 2021 en DVD et VOD sur Amazon, Sony, Google, iTunes, Microsoft, Canal Plus et Virgin Media.