Au cœur des maisons closes chinoises avec Hou Hsiao-Hsien
Plongée dans les maisons closes chinoises embrumées par les vapeurs d’opium, “Les Fleurs de Shanghaï” – le chef-d’oeuvre hypnotisant du réalisateur taïwanais Hou Hsiao-Hsien – ressort en salle, restauré en version 4K, ce mercredi 22 juillet.
Par Lucas Aubry.
“Les Fleurs de Shanghaï est un chef-d’oeuvre. D’un point de vue plastique, ce film est hallucinant. Son rythme hypnotise”. Le réalisateur Bertrand Bonello, figure incontournable du cinéma d’auteur français, ne tarit pas d’éloges lorsqu’il évoque le film du réalisateur taïwanais Hou Hsiao-Hsien, dont il s’est inspiré pour son Apollonide en 2011. Ici aussi le spectateur pousse les portes d’une maison close pour en découvrir les splendeurs mais aussi les misères.
À travers une série de tableaux nocturnes à la beauté hypnotique, le film nous plonge dans le Shanghaï de la fin du XIXe siècle, divisé entre la municipalité chinoise et les concessions françaises et anglaises. Véritables “quartiers des plaisirs”, les quartiers internationaux de l’époque voyaient les restaurants, théâtres et maisons de courtisanes prospérer à l’heure où les libertés étaient considérablement restreintes dans la partie chinoise de la ville. La succession de plans-séquences – marque de fabrique du réalisateur phare de la nouvelle vague taïwanaise – dépeint une société ultra-codifiée où la crème des hauts fonctionnaires et de l’élite bureaucratique chinoise vient fréquenter les travailleuses des maisons closes, surnommées les “Fleurs de Shanghaï”.
La splendeur des plans, la beauté des personnages et les somptueux costumes sont profondément magnifiés dans la version 4K restaurée pour la première fois par la société de distribution française Carlotta Films. Sans jamais tomber dans l’ostentatoire ou le voyeurisme, le film restitue l’atmosphère du roman de Han Ziyun où des courtisanes enlevées dès l’enfance par des maquerelles pratiquent un art de vivre sophistiqué pour séduire leurs clients fortunés, amateurs d’opium et joueurs de mah-jong. “Parmi les vapeurs d’opium, c’est l’essence même de la vie qui s’écoule. Hou Hsiao-Hsien montre le temps en plein travail, insaisissable et inexorable à la fois.” raconte le cinéaste français Olivier Assayas – interviewé par Numéro pendant le confinement – à propos de son oeuvre préférée.
Les Fleurs de Shanghaï de Hou Hsiao-Hsien, version restaurée 4K disponible en salle à partir du mercredi 22 juillet 2020.