10 avr 2020

Agnès Varda renaît avec un court-métrage inédit

Un an après la disparition de celle que l’on appelait “la grand-mère de la Nouvelle Vague”, l’American Cinematheque – basée à Los Angeles – met en ligne un court-métrage inédit d’Agnès Varda, tourné dans la cité des anges. En seulement cinq minutes, “La Petite histoire de Gwen la bretonne” dresse le portrait de Gwen Deglise, directrice d'un cinéma de l’institution américaine, en quelques souvenirs et échanges affectueux.

Agnès Varda semble avoir vécu bien des vies. Si on la connaît essentiellement comme la plus grande cinéaste française, figure incontournable de la Nouvelle Vague, son cinéma ne se limite pas aux frontières de la France. Invitée à Cuba en 1962 par l’institut cubain des arts et de l’industrie, elle s’est érigée, à l’instar de Chris Marker, en défenseuse de la révolution franquiste. Elle a filmé les Black Panthers (pour son court-métrage Black Panthers en 68), suivi les hippies de Venice Beach (pour Lions, Love and Lies en 1969) et fait passer des essais à Harrison Ford pour Model Shop (1969) de Jacques Demy. Si bien des visages connus peuplent son imaginaire (comme Jean-Luc Godard et Anna Karina dans Cleo de 5 à 7, ou encore Philippe Noiret et Sylvia Monfort dans La Pointe Courte), ses films sont aussi dédiés aux anonymes, à des amis ou simples connaissances.  

 

C’est lors de sa période américaine qu’Agnès Varda tourne les premières images de La Petite histoire de Gwen la bretonne. Mis en ligne par sa protagoniste principale sur le site de l’American Cinematheque, le court-métrage raconte l’histoire d’une amie d’Agnès Varda qui, en même temps qu’elle, est partie tenter sa chance en Amérique. Gwen Deglise fait partie des figures moins connues disséminées dans l’univers de la cinéaste, et son parcours constitue une historiette parmi tant d’autres, comme Agnès Varda savait les faire. Face à la caméra, la Française raconte comment, alors qu’elle rejoignait un garçon à Los Angeles, elle s’est retrouvée sans rien et comment, à partir de rien, elle a gravi les échelons et s’est retrouvé à la tête d’une salle appartenant à la prestigieuse American Cinematheque de Los Angeles.

 

Ce récit en miroir n’est pas sans rappeler le mythe du rêve américain qu’ont aussi poursuivit Jacques Demy et Agnès Varda dans les années 70. En transparence, la cinéaste se raconte elle-même. On la voit parcourir les rues de l’immense ville américaine, à la recherche de bohème, qu’elle trouve dans le petit monde de son amie. Leur amitié est faite d’un cinéma où l’on mange des sandwichs, d’une bicyclette et de cafés. C’est pourquoi, un peu plus d’un an après la disparition de la cinéaste, la diffusion de ce court-métrage jusqu’alors inconnu est un hommage émouvant, qui en filigrane d’une amitié, résume à lui seul l’esprit d’Agnès Varda. 

 

 

La Petite histoire de Gwen la bretonne, disponible sur le site de l'american cinematheque et sur Youtube.