2 avr 2019

Agnès Varda célébrée sur Netflix et à La Cinémathèque : 3 films à (re)voir

Alors que plusieurs des films d’Agnès Varda sont diffusés sur Netflix ou à la Cinémathèque française, à Paris, où a lieu l’exposition Viva Varda !, tour d’horizon des longs-métrages de la réalisatrice à (re)voir absolument.

1. Cléo de 5 à 7 (1962) d’Agnès Varda

 

Paris, 21 juin 1961. De la rue de Rivoli au Dôme en passant par le quartier Vavin et le parc Montsouris, une jeune et belle femme dénommée Cléo arpente les rues de Paris pour tuer le temps. Rongée par l’inquiétude, elle attend de pouvoir récupérer les résultats de ses examens médicaux dans deux heures. Pour oublier sa peur, elle cherche à se rassurer auprès d’un entourage qui reste indifférent à sa situation. Elle va chercher du réconfort auprès de son amant, puis d’un musicien, et enfin d’un soldat enrôlé malgré lui dans une sale guerre, rencontre majeure du fait que, lui aussi, est en danger de mort. Si dans un premier temps, Cléo apparaît comme un personnage égocentrique et narcissique, la jolie chanteuse yéyé devient peu à peu une autre femme au fur et à mesure du film. En effet, celle qui est l’objet de toutes les attentions dans la première partie de 45 minutes, devient une observatrice pleine d’empathie dans la seconde.

 

Lorsque le film sort en salles en avril 1962, Agnès Varda, âgée de 35 ans, a déjà réalisé un premier long-métrage La Pointe Courte (considéré aujourd’hui comme le premier film de la Nouvelle Vague). Cette nouvelle manière de filmer marque un tournant, rompant avec le poussiéreux “cinéma de papa” en s’affranchissant notamment des contraintes du studio. Cette mise en scène libre qui révèle des trésors d’ingéniosité permettra à ce film d’être l’un des plus aimés de la Nouvelle Vague. Lorsqu’il fut montré dans sa version restaurée à Cannes, quarante ans plus tard, ce petit bijou n’avait pas pris une ride.

2. Sans toit ni loi (1985) d’Agnès Varda

 

Un matin d’hiver, un ouvrier fait une découverte macabre en découvrant le corps d’une jeune fille au fond d’un fossé. Le film remonte les derniers jours de cette vagabonde, qui pensait pouvoir vivre sans toi ni loi. Incarnée avec brio par Sandrine Bonnaire qui n’avait alors que 18 ans, Mina, la rebelle, erre sans but sur les routes de France. Au cours de ce périple chaotique, la réalisatrice capte les témoignages de gens qui ont croisé sa route, comme celui de cet éleveur de chèvres qui résume très justement la situation : “Elle fait le jeu d’un système qu’elle refuse. C’est pas l’errance, c’est l’erreur.

 

Primé par le festival de Venise qui lui décerne un Lion d’Or en 1985, le film est également le plus grand succès commercial de la réalisatrice. À propos de celui-ci, Agnès Varda déclare : « Mona a choisi sa route. Mais la violence quotidienne est là. Et la faim, la soif, la peur et le froid. Elle tient le coup, elle se fout de tout et de tout le monde. Je parle d’elle comme ça, parce qu’elle se fout de moi aussi. Mais sa solitude extrême me touche. J’ai souhaité faire un film émouvant qui soit aussi une méditation sur quelques idées, dont celle de la liberté, et aussi un film qui soit un puzzle bien combiné mais dont il manque quelques pièces. […] Et puis aussi, le film se balade entre Mona et les autres. On entrevoit des vies, on passe. J’ai bien aimé tous les personnages de ce récit de-ci de-là comme des petites figures dans un paysage d’hiver où marche, venant vers nous, une fille rebelle.« 

3. Les Plages d’Agnès (2008) d’Agnès Varda

 

Installée sur une plage où elle a installé un kaléidoscope de miroirs qui lui renvoient son image, Agnès Varda (âgée de 80 ans en 2008) replonge dans le tréfonds de ses souvenirs. De sa maison d’enfance à Bruxelles (où elle retourne pour la première fois) aux quais du port de Sète (où elle jouait à la marelle et pêchait le gobie) en passant par les années américaines à Los Angeles, la rue Daguerre à Paris, mais aussi sa vie avec Jacques Demy, la cinéaste de la Nouvelle Vague évoque tous les fantômes de son passé. Un documentaire exceptionnel où « la petite vieille bavarde et rondouillarde« , comme elle s’y décrit elle-même, se prête au jeu de la confidence non sans humour et légèreté.

 

L’exposition Viva Varda !, soutenue par Chanel, a lieu jusqu’au 28 janvier 2024 à la Cinémathèque française, à Paris. Les trois films cités ci-dessus sont disponibles sur Netflix. Le documentaire Viva Varda ! de Pierre-Henri Gibert sera disponible sur arte.tv le 30 octobre 2023.

Agnès Varda lors de la première du film Le Bonheur à Paris le 23 février 1965, France. Photo par REPORTERS ASSOCIES/Gamma-Rapho via Getty Images.