365 Days: the Netflix film advocating rape courts controversy
Numéro 1 des tendances sur Netflix, le film polonais “365 jours” n’en finit pas d’enflammer la toile. Une pétition demandant son retrait de la plateforme a même été lancée hier par le collectif Soeurcières. Apologie du viol, stéréotypes de genres et rapports de domination… Toutes les tares s’invitent dans cette piètre production qui a pourtant réussi à attirer plus d’un million de spectateurs en Pologne au moment de sa sortie.
Par Margaux Coratte.
Alors qu’une série documentaire sur l’affaire Jeffrey Epstein vient de sortir sur Netflix, on pouvait penser que la plateforme de streaming s’était quelque peu sensibilisée aux questions du consentement, récemment mises en lumière par le mouvement MeToo. Mais en diffusant le thriller érotique polonais 365 jours, réalisé par les cinéastes inconnus en France Tomasz Mandes et Barbara Biolowas, le géant américain montre qu’il n’en est rien.
Culture du viol et infantilisation des femmes
Un mafieux italien séquestre une femme et donne à cette dernière un an pour tomber amoureuse de lui. Si le pitch est digne du scénario le plus kitsch d’un roman de gare à l’eau-de-rose, il n’en reste pas moins celui qui enflamme les réseaux depuis quelques semaines. Présenté comme le Cinquante nuances de Grey polonais, 365 jours est adapté d’une saga littéraire écrite par Blanka Lipinska et il figure au sommet des tendances Netflix depuis le premier jour de sa diffusion, le 7 juin dernier. Un succès à glacer le sang, puisque le film y fait l’apologie du viol.
Racisme, violences sexuelles et dénigrement des victimes… Toutes ces thématiques se retrouvent condensées dans les deux (trop longues) heures du film. Si la pauvreté de la mise en scène et du jeu d’acteurs laisse le spectateur passablement ahuri, 365 jours s’illustre avant tout par son contenu sexiste et insultant. Tout l’objet de son intrigue pourrait d’ailleurs se résumer à un seul point: l’avilissement des personnages, féminins comme masculins. Car si les femmes sont les premières cibles du thriller – elles sont des êtres vénaux et faibles –, les hommes ne sont pas en reste. Stupides, ils déambulent comme des chiens incapables de maîtriser leurs pulsions devant des femmes qu’ils jugent dangereuses, car séduisantes.
Résumons. Quand Laura part en Sicile, elle se fait kidnapper par Massimo, une montagne de muscles à la tête d’une mafia italienne. Ce-dernier avoue alors son obsession pour la jeune femme et lui dit qu’elle devra tomber amoureuse de lui en l’espace d’un an. “Quand tu es habitué à tout obtenir par la force, c’est difficile de se comporter autrement” la menace-t-il d’ailleurs, quand celle-ci refuse de céder à ses avances. On pourrait alors croire à une réflexion sur le consentement ou encore sur l’acceptation du refus, mais 365 jours n’est bien qu’un ramassis de clichés. Les quelques femmes du récit sont réduites au statut d’objet sexuel et les hommes sont des gros durs sans cervelle. Dès lors, tout le suspense du film (si suspense il y a) repose sur l’amour supposé de Laura pour Massimo, et le moment où elle tombera finalement sous son charme.
Un déluge de propos vides et sexistes
“Les belles femmes sont un paradis pour les yeux, mais un enfer pour l’âme. Et un purgatoire pour le portefeuille”. Il ne faut pas attendre plus de deux minutes pour entendre dire cette phrase par le père de Massimo, juste avant sa mort. Alors que l’on aurait envie de penser à une vaste blague, 365 jours se pare en réalité d’un sérieux aussi assommant qu’insupportable. Et si le film fait autant polémique, c’est que chacune de ses scènes amène avec elle son lot de stéréotypes et de violence. Dixit le moment où une femme est forcée à faire une fellation à un homme et où elle se relève en larmes mais souriante. Comme si le viol était en fait plaisant et pouvait satisfaire la victime.
“Je vais te baiser si fort qu’on t’entendra crier jusqu’à Varsovie”, “je n’aurais pas eu à tirer si tu ne t’étais pas habillée comme une pute”, “il faut des couilles pour faire ce travail”… Voilà un autre exemple du florilège de vulgarités sexistes que l’on peut entendre au cours du film. Et on ne dénombre plus les “ne me provoque pas” lancé par Massimo à sa victime. En plus d'être incroyablement mysogine, 365 jours est passablement révoltant, car il tente de maquiller viols et kidnapping en histoire d’amour sulfureuse et glamour. Vaste programme.
C’est pourquoi hier, le collectif féministe français Soeurcières a lancé une pétition demandant le retrait immédiat de 365 jours de Netflix. Si la plateforme refuse d’obtempérer, “ce sera à nouveau une preuve que la société crache au visage de toutes les victimes de violences sexuelles”, a déclaré le collectif.