11 nov 2025

Paris Photo : plongée dans l’univers de 4 photographes incontournables

De retour sous la nef du Grand Palais du 13 au 16 novembre 2025, la foire Paris Photo réunit cette année 178 galeries – dont 60 nouvelles participantes – et une multitude de talents, émergents comme installés. Plongée dans l’univers de quatre photographes incontournables exposés au sein de cette 28e édition. Gravitant tous dans l’orbite de la mode, ils développent ici une approche plus personnelle, du surréalisme de Paul Kooiker aux images déroutantes de Torbjørn Rødland, en passant par les clichés argentiques de Jamie Hawkesworth et l’esthétique éthérée de Jack Davison.

  • Par Camille Bois-Martin.

  • Jack Davison, un portraitiste ancré dans son époque

    Jack Davison (né en 1990) s’inscrit aujourd’hui parmi les portraitistes dont le talent influence toute sa génération.
    Son esthétique, nourrie d’une majorité de clichés en noir et blanc et de gros plans sur des visages, s’inscrit également dans l’héritage de Man Ray. Comme lui, il embrasse la matière d’un vêtement ou la brillance d’un bijou et séduit l’industrie de la mode : Burberry, Hermès, Bottega Veneta

    Les photographies éthérées du Britannique jouent sur un clair-obscur saisissant et s’ancrent ainsi dans leur époque : de la génération des milléniaux, il s’est d’abord fait connaître grâce à ses paysages de la campagne de l’Essex, publiés alors sur la plateforme Tumblr. Il est présenté par la galerie Cob.

    Le regard chirurgical de Jamie Hawkesworth exposé à Paris Photo

    Jamie Hawkesworth (né en 1987) se saisit pour la première fois d’un appareil photo dans le cadre de ses études en sciences médico-légales. Ce qui ne devait alors être qu’un outil se transforme en passion : il abandonne son cursus scientifique pour rejoindre une formation en photographie, dont il ressort diplômé en 2009. Puis, tout s’accélère. En quelques années, il travaille pour les campagnes de maisons de mode – comme Loewe, Comme des Garçons, The Row – et déploie son regard précis, quasi chirurgical.

    Dans ses clichés, chaque couleur est délicatement définie, chaque trait savamment capturé, chaque contraste parfaitement maîtrisé. Son approche lente, presque tactile de la photographie se traduit notamment par son utilisation de l’argentique. Le Britannique travaille uniquement sur pellicule et développe méticuleusement chacun de ses tirages. Son travail est à découvrir sur le stand de la galerie Huxley-Parlour.

    Les clichés de Torbjørn Rødland, maître de l’inquiétante étrangeté

    Au premier regard, ce portrait d’un petit garçon paraît attendrissant. Mais la taille disproportionnée du couteau de cuisine, qu’il tient entre ses mains et contre son visage, nous glace le sang. Signée Torbjørn Rødland (né en 1970), cette photographie est à l’image de la pratique développée par le photographe norvégien depuis près de trente ans : elle provoque un sentiment d’étrangeté, d’inquiétude, face à une situation a priori familière.

    Aussi colorés et parfaits que ceux de Tina Barney, ses portraits jouent avec les frontières de l’absurde et de la bienséance. Dans le sillage de son confrère Juergen Teller, l’artiste imagine de nombreuses séries pour de grands magazines de mode, adeptes de son regard cru et ironique, exposé du Consortium de Dijon à la Serpentine Gallery de Londres et présenté à Paris Photo, sur le stand de la galerie Eva Presenhuber.

    À Paris Photo 2025, la vision surréaliste du photographe Paul Kooiker

    Les maisons et les magazines de mode l’adorent. Paul Kooiker s’applique à composer des clichés léchés, flirtant avec le surréalisme, animés de visages et de corps imparfaits. Avec son objectif, le Néerlandais né en 1964 ne recherche pas l’image parfaite : il se concentre plutôt sur la composition et sur la post-production de ses photographies, qui semblent se détacher de toute réalité, à l’instar d’une tête humaine flottant au milieu d’une mer de nuages…

    Sa pratique énigmatique s’émancipe ainsi du médium traditionnel et séduit notamment la marque Diesel, dont il signait la campagne automne-hiver 2024, autant qu’Acne Studios, qui exposait son travail dans les vitrines de sa nouvelle librairie parisienne au printemps dernier. Il est présenté par la galerie Tegenboschvanvreden.

    Paris Photo, du 13 au 16 novembre 2025 au Grand Palais, Paris 8e.