17 déc 2019

Carlota Guerrero, l’artiste qui entremêle les corps à Art Basel Miami pour Desigual

Depuis plusieurs années, Carlota Guerrero s’est fait remarquer par ses photographies et chorégraphies mettant en scène le corps féminin, que l’on a pu notamment retrouver dans plusieurs clips de Solange. Lors de la dernière édition de la foire Art Basel à Miami, cette artiste espagnole a présenté avec Desigual une performance captivante.

Vendredi 6 décembre, un événement surprenant a enflammé les réseaux sociaux. Dans un décor sculptural, une trentaine de corps masculins et féminins, de toutes morphologies et couleurs de peau, vêtus de vêtements colorés, se rencontrent, s’embrassent et s’enlacent, se dénudent progressivement jusqu’à se confondre en une marée sensuelle, avant de s’abandonner les uns sur les autres, exténués. Présentée lors de la foire internationale Art Basel à Miami afin de dévoiler la dernière collection du label Desigual, cette performance percutante a été imaginée par l’artiste Carlota Guerrero.

 

Si son nom est encore méconnu, cela fait pourtant plusieurs années que cette Espagnole est entrée dans la lumière. Originaire de Barcelone, où elle vit encore, Carlota Guerrero investit à la fois la photographie, la vidéo et la chorégraphie, autant de modes d’expression qui rejoignent tous un même point d’ancrage, persistant dans son œuvre : le corps féminin. Au sein de ses créations, ses modèles se tiennent ou se meuvent dans des postures dont les airs dramatiques ne sont pas sans rappeler les classiques de l’histoire de l’art, à l’instar des corps représentés par les plus grands peintres de la Renaissance. L’artiste crée à son tour des compositions visuelles où triomphe la chair, qui, à l’image, semble tendrement caressée par un léger halo. Enveloppés de douceur, les corps méticuleusement mis en scène par Carlota Guerrero s’affirment dans toute leur féminité, alors que l’artiste pose sur eux un regard dénué d’une quelconque fétichisation – et moins encore de réification.

La singularité de cette approche attire notamment l’attention de la chanteuse Solange, qui souhaite en 2016 associer Carlota Guerrero à l’univers de son troisième album, A Seat at the Table. Lorsque la sœur de Beyoncé affine son identité visuelle à travers les vidéos qu’elle réalise avec son mari Alan Ferguson, Carlota Guerrero l’accompagne dans la direction artistique et les chorégraphies – un travail remarquable qui contribue à l’accueil très favorable et au succès de l’album. Suite à cette première exposition médiatisée de ses talents, l’esthétique léchée de Carlota Guerrero et son regard sur la femme ne tardent pas à attirer le monde de la mode. Des magazines tels que Numéro Berlin ou Vogue Spain ainsi que de grandes maisons font alors appel à ses talents de photographe, à l’instar de Dior, Nike, 3.1 Philip Lim, ou même Givenchy pour réaliser les campagnes de ses collections haute couture.

 

Intitulée Love Different, la performance de Carlota Guerrero à Art Basel Miami cette année s’inscrit dans la continuité de son œuvre prolifique. Ici, l’artiste espagnole s’associe au label Desigual pour une création guidée par l’inspiration majeure de leur collection 2020 : le baiser. Au cours de cette scène captivante, qui passe de longs baisers langoureux à l’entremêlement des acteurs dévêtus, Carlota Guerrero lève une fois de plus le tabou sur le corps nu, encore trop souvent relégué à la pornographie, en montrant sans artifices son immanente pureté. De même qu’une Rihanna pour son défilé Savage x Fenty lingerie, l’artiste tient également à mettre en avant des corps multiples, échappant aux normes instaurées par la mode et la publicité – on retrouve d’ailleurs la fille de Madonna, Lourdes Leon, au centre de cette mise en scène. Portée par son érotisme subtil et sa sensualité poétique, l’œuvre de Carlota Guerrero parvient donc à contourner l’implacable censure des réseaux sociaux, où elle fait souffler un vent de fraîcheur et de liberté.