26 mai 2020

Musées, fondations : quelles expositions visiter dès aujourd’hui ?

Si les institutions culturelles françaises n’ont pas encore toutes rouvert leurs portes, le déconfinement progressif du monde de l’art permet de découvrir au compte-gouttes des expositions avortées, raccourcies ou reportées. Après une sélection concentrée sur les galeries parisiennes, il est désormais l’heure pour Numéro de parcourir les programmations de quelques musées, fondations et autres centres d’art dans toute la France, mais aussi en Belgique et en Suisse. Découvrez dix expositions à visiter dès maintenant, à l’exception de deux d’entre elles qui ouvriront au public dès les premiers jours du mois de juin.

Investissant aussi bien la vidéo, la sculpture, la photographie et l’installation, l'artiste américaine Rachel Rose développe depuis quelques années une œuvre hybride où se mêlent expériences intimes, récits archaïques, légendes mystiques et paroles d’astronautes. Inaugurée à la fondation Lafayette Anticipations quelques jours avant le confinement, sa toute première exposition personnelle en France vient de rouvrir ses portes ce lundi 25 mai et se voit prolongée jusqu'au 13 septembre, compte tenu de la situation exceptionnelle. Celle-ci nous offre l'occasion de plonger dans les multiples paysages qui composent l'œuvre de l'artiste, des paysages liquides et infinis où le vivant raconte sa propre histoire.

 

“Rachel Rose”, jusqu'au 13 septembre à la fondation Lafayette Anticipations, Paris 4e. 

 

 

2. Les 20 ans de la Collection Lambert (Avignon)

Il y a vingt ans, le célèbre galeriste parisien Yvon Lambert inaugurait dans l’hôtel de Caumont à Avignon un espace dédié à sa riche collection. Afin de célébrer cet anniversaire, le collectionneur rouvrira ce mardi au public les portes du bâtiment avec une exposition présentant treize de ses artistes emblématiques (tous masculins). Parmi eux, on retrouvera des monuments de l'art contemporain tels que Christian Boltanski, Daniel Buren, Andres Serrano, Anselm Kiefer ou encore Sol LeWitt, chacun se voyant consacrer une salle entière dans le bâtiment. La Collection Lambert accueillera également quelques semaines plus tard une exposition axée sur l’intimité où seront présentées notamment des œuvres de Cy Twombly, Bruce Nauman, Jenny Holzer et surtout une vaste sélection des photographies de Nan Goldin.

 

“À travers les yeux d’Yvon Lambert, 20 ans après…”, du 2 juin au 15 novembre 2020 à la Collection Lambert, Avignon.

 

 

3. Les couturiers et la danse au Centre national du costume de scène (Moulins)

“Scenario” (2019) de Merce Cunningham par le Ballet de l’Opéra de Lyon © Michel Cavalca

Un siècle : telle est la longue période balayée par l’exposition “Couturiers de la danse” au Centre national du costume de scène de Moulins. Depuis le 30 novembre dernier, celle-ci présente les plus splendides collaborations entre la haute couture et la danse des cent dernières années. Des costumes imaginés par Coco Chanel pour les ballets russes aux “bump dresses” de Rei Kawakubo réactualisées pour la pièce Scenario de Merce Cunnigham, en passant par les silhouettes créées par Yves Saint Laurent pour le Notre Dame de Roland Petit et les kimonos transparents très rares signés Alexander McQueen en 2009, ces rencontres sont nombreuses et fructueuses, donnant lieu bien souvent à des créations réussies. 120 costumes au total sont à découvrir au sein de l'exposition, désormais prolongée jusqu’à l’automne.

 

“Couturiers de la danse”, jusqu'au 1er novembre au Centre national du costume de scène et de la scénographie.

 

 

4. Adam Pendleton et Louise Sartor au Consortium (Dijon)

Avec non moins de quatre expositions personnelles simultanées, le Consortium propose un panorama varié de jeunes démarches artistiques contemporaines. Sa réouverture permet notamment de se plonger dans le travail puissant de l’Américain Adam Pendleton, dont les peintures, vidéos et photographies, habitées par les textes de grandes figures activistes afro-américaines, invitent à réfléchir sur la place des personnes de couleur dans la société en mêlant poésie, histoire et politique. Parallèlement à cette exposition, le Consortium propose également de découvrir les animaux étranges du peintre Sean Landers et les jeunes millennials de la portraitiste Louise Sartor, ainsi que les sculptures abstraites du Suisse Valentin Carron.

 

Expositions d'Adam Pendleton, Valentin Carron, Louise Sartor et Sean Landers jusqu'au 18 octobre 2020 au Consortium, Dijon.

 

 

5. Les femmes de l'art abstrait au musée Soulages (Rodez)

Maria-Helena Vieira Da Silva, Anna-Eva Bergman, Geneviève Claisse, Vera Molnár ou encore Pierrette Bloch : toutes ces femmes partagent un même point commun, celui d’avoir évolué pendant les années 50 dans le champ de l’art abstrait, pourtant encore longtemps après elles associé majoritairement aux hommes. Afin d'inverser cette tendance persistante, le musée Soulages opte sur une sélection 100% féminine composée de 42 artistes au total, dont les pratique picturales ou sculpturales ont nourri l’histoire de l’art du milieu du XXe siècle. Outre ses grands noms aujourd’hui connus de tous, tels que Sonia Delaunay ou Joan Mitchell, cette exposition offre donc une nouvelle opportunité de mettre en lumière de nombreuses artistes longtemps restées dans l’ombre.

 

“Femmes années 50. Au fil de l'abstraction, peinture et sculpture”, jusqu'au 31 octobre 2020 au musée Soulages, Rodez.

 

 

6. Dorian Sari et Ursula Biemann au Centre culturel suisse (Paris)

Vue de l’exposition “Dorian Sari : La Parade de l’aveuglement” au Centre culturel suisse (2020). © Margot Montigny

Un large sac plastique noir en demi-cercle sur lequel se perchent deux corneilles, une dizaine d’arceaux en métal blanc disposées au sol tels les vertèbre d’un immense serpent ou encore une ceinture fermée sur un corps invisible… Les installations et vidéos de Dorian Sari nous parlent de moments intrigants et fugaces, subvertissant des éléments familier pour mieux faire surgir notre inconscient. Intitulée “La Parade de l’aveuglement”, l’exposition du jeune artiste au Centre culturel suisse nous invite à explorer ces mythologies quotidiennes tandis qu’à quelques pas de là, le film Acoustic Ocean d’Ursula Biemann nous plonge dans les profondeurs de la mer de Norvège, autour des îles Lofoten.

 

“Dorian Sari : La Parade de l'aveuglement”, jusqu'au 12 septembre et “Ursula Biemann : Acoustic Ocean”, jusqu'au 12 juillet au Centre culturel suisse, Paris 4e.

 

 

7. Les peintures de Turner au musée Jacquemart-André (Paris)

J.M.W. Turner, “Venise : vue sur la lagune au coucher du soleil” (1840). Aquarelle sur papier, 24,4 x 30,4 cm. Tate, accepté par la nation dans le cadre du legs Turner 1856, Photo © Tate

Rares sont les peintres du XIXe siècle à avoir autant marqué le genre du paysage que Joseph Mallord William Turner. Les jeux de lumière, les contrastes de densité, les impacts de couleurs vives et les contours nets s’effaçant jusqu’à l’indistinct ont fait des toiles de ce Britannique des œuvres majeures du romantisme où l’émotion supplante le réalisme, préfigurant ainsi l’impressionnisme mais également, plus tard, l’abstraction lyrique. Le musée Jacquemart-André se concentre ici sur sa pratique prolifique de l’aquarelle mais également sur quelques peintures à l’huile. Si la plupart des œuvres de Turner appartiennent désormais à la collection de la Tate Britain, le musée londonien a prêté plusieurs dizaines de ses toiles pour cette occasion, dont certaines sont exposées en France pour la première fois.

 

“Turner, peintures et aquarelles”, jusqu'au 11 janvier 2021 au musée Jacquemart-André, Paris 8e.

 

 

8. Fabien Giraud et Raphaël Siboni à l'IAC (Lyon/Villeurbanne)

Fabien Giraud & Raphaël Siboni, “The Everted Capital (1971- 4936), Season 2, Episode 2” (2019) © Fabien Giraud & Raphaël Siboni

À travers leurs fragments d’objets et de corps, vidéos, performances et installations sonores et visuelles, Fabien Giraud et Raphaël Siboni examinent les éléments qui conditionnent notre façon d’être au monde. Sous l’action des deux artistes français, l’Institut d’Art Contemporain se transforme en laboratoire où leurs œuvres deviennent des tests, des hypothèses et des protocoles pour interroger l’humain et son environnement, pour transformer le réel par mouvements subtils et par des effets sur la perception sensorielle. Le duo y présente notamment plusieurs épisodes de sa série de films The Everted Capital, dont les acteurs sont filmés pendant près de 24 heures dans une situation déterminée. Au fil de leur durée, la fiction de leur mise en scène se dissout progressivement pour laisser apparaître la réalité de l’épuisement.

 

“Fabien Giraud & Raphaël Siboni : INFANTIA (1894-7231)”, du 5 juin au 27 septembre 2020 à l'IAC, Villeurbanne. 

 

 

9. Olivier Mosset au MAMCO (Genève)

Vue de l’exposition d’Olivier Mosset au MAMCO, Genève (2020). Photo : Annik Wetter

Dès les débuts de sa carrière dans les années 60, Olivier Mosset amorce un retour aux fondamentaux de la peinture. Une ambition qu’il confirme en formant avec les artistes Daniel Buren, Niele Toroni et Michel Parmentier le groupe “B.M.P.T.”, puis poursuit dans le sillon de l’abstraction géométrique. D’une apparente simplicité, les toiles de l’artiste suisse ont longtemps déclinés inlassablement les mêmes principes : une essentialisation des signes, des formes et des couleurs pour atteindre ce fameux “degré zéro” de l’expression artistique et de l’interprétation, qu'il continue encore aujourd'hui d'explorer. Le MAMCO balaye six décennies de production d’un artiste discret dont l’œuvre et l’héritage n’en restent pas moins considérables.

 

Olivier Mosset, jusqu'au 6 décembre 2020 au MAMCO, Genève.

 

 

10. Wolfgang Tillmans au WIELS (Bruxelles)

Si Wolfgang Tillmans ne cesse d’explorer les dessous du réel pour en traduire l’intimité, sa démarche a toujours su s’imprégner de ses différents engagements. Depuis le début des années 90, le photographe accorde une visibilité non négligeable à la communauté queer et underground, lutte contre la xénophobie et mène depuis 2018 une campagne en faveur de l’Europe à la lumière d’un Brexit imminent. Comme une étrange coïncidence, alors même que le Royaume-Uni venait tout juste de quitter l’Union Européenne dans la nuit du 31 janvier dernier, le WIELS inaugurait le lendemain la première exposition monographique jamais consacrée à l’artiste allemand en Belgique, fermée quelques semaines plus tard à l’aune des mesures de confinement. Sa réouverture et sa prolongation offrent donc l’occasion de (re)parcourir son œuvre sur une trentaine d’années, mais également de découvrir la publication inédite d’un catalogue axé sur ses travaux récents conçu et mis en page, comme souvent, par Wolfgang Tillmans lui-même.

 

“Wolfgang Tillmans : Today is the first day”, jusqu'au 16 août 2020 au WIELS, Bruxelles.