À Venise, Laurent Asscher dévoile son impressionnante collection d’art contemporain
Collectionneur jusqu’ici discret, ami proche de Larry Gagosian, Laurent Asscher levait en avril dernier le voile sur une partie de sa collection à Venise. Baptisé AMA Venezia, son espace de 1 000 mètres carrés, niché dans une ancienne manufacture restaurée, fait la part belle aux artistes stars convoités par les collectionneurs du monde entier, figures historiques (Jeff Koons, Elizabeth Peyton) ou jeunes coqueluches (Tim Breuer, Florian Krewer).
par Thibaut Wychowanok.
Laurent Asscher : un collectionneur discret mais influent
En 2019, alors que la Biennale de Venise battait son plein, quelques privilégiés s’offraient une petite escapade hors des sentiers battus du raout de l’art : direction le Palazzo Molin del Cuoridoro à quelques pas de la place San Marco. Le palais du 15e siècle accueillait alors, pour quelque temps, les œuvres du collectionneur Laurent Asscher.
Plutôt discret jusque-là, le Monégasque n’en était pas moins très connu du petit milieu de l’art. Il figure d’ailleurs aujourd’hui en bonne place dans le classement des 200 plus grands collectionneurs d’ARTnews. La première exposition de pièces de sa collection en témoignait déjà avec, au programme, rien de moins que Cy Twombly, Anselm Kiefer ou encore Christopher Wool.
AMA Venezia, un espace en plein cœur de Venise
Depuis ce coup d’essai, Laurent Asscher a décidé de définitivement quitter cette discrétion qu’il cultivait : en avril dernier, il inaugurait son propre espace vénitien, AMA Venezia, ouvert à tous les publics, sur 1 000 mètres carrés. “Venise est en train de devenir un hub pour l’art et les fondations culturelles de tout genre, explique-t-il. Un environnement idéal pour AMA Venezia.”
Dans le quartier de Cannaregio, au nord de la Sérénissisme, Laurent Asscher a jeté son dévolu sur un lieu historique, ancienne manufacture de savon superbement restaurée par les architectes de TA Architettura. Vastes volumes et pièces plus intimistes offrent à la collection du Monégasque l’écrin parfait. Le collectionneur, pour son exposition inaugurale, a surtout eu le bon goût de ne pas trop en montrer, laissant la liberté à chaque œuvre de dialoguer sans trop de bruit avec l’architecture.
De Jeff Koons à Elizabeth Peyton, des pépites de l’art contemporain
La liste des artistes présentés n’en demeure pas moins impressionnante : le mastodonte de l’art Jeff Koons (avec sa fameuse sculpture d’Hulk) dialogue avec les stars les plus respectées de l’intelligensia comme David Hammons ou Wade Guyton. Les portraits d’Elizabeth Peyton sont sublimes, très bien exposés dans un espace plus restreint.
Des artistes, plus jeunes mais tout autant désirés par les collectionneurs, sont évidemment de la fête : les peintres Avery Singer, Salman Toor, Florian Krewer, Mohammed Sami et Tim Breuer ou encore Jordan Wolfson et sa sculpture animatronique iconique et troublante. On n’y trouvera aucune faute de goût.
Laurent Asscher revendique son tropisme américain, lui qui aime à rappeler que la première œuvre qu’il acquit en 2012 fut un Jean-Michel Basquiat. Mais les détails de l’anecdote en disent plus long encore sur l’homme. Asscher a bien acheté un premier Basquiat en 2012, mais se rend rapidement compte qu’une meilleure pièce de l’artiste est disponible ailleurs. L’œuvre achetée est aussitôt revendue au profit de la nouvelle.
Une amitié de longue date avec Larry Gagosian
Il confiait d’ailleurs dans une récente interview au magazine Cultured : “La règle la plus importante est de ne faire aucun compromis sur la qualité. Un collectionneur devrait toujours rechercher la meilleure œuvre possible.” Dans ses recherches, Asscher fut largement accompagné par le marchand Larry Gagosian – et les artistes de l’écurie Gagosian sont particulièrement bien représentés au sein de la collection. L’homme n’en fait pas mystère, bien au contraire. Le Larry’s Bar niché au cœur d’AMA Venezia rend hommage à cette longue amitié, photos à l’appui.
Il va sans dire que tous les grands noms de l’art contemporain se pressaient au vernissage début avril – le collectionneur ayant stratégiquement placé celui-ci le même jour que celui de la Collection Pinault. Mais des invités plus confidentiels retenaient également l’attention : Andrea, Matteo et Alessandro. Les prénoms des trois enfants de Laurent Asscher dont les initiales forment le nom du projet vénitien, lui apportant une touche particulièrement personnelle.
“AMA COLLECTION”, exposition jusqu’au 29 juin 2025 à AMA Venezia, Venise.